La Suisse a-t-elle besoin de son agriculture pour se nourrir? Dans les urnes, les Suisses disent plutôt oui, convaincus par l'étrange coalition des paysans et des Verts que la souveraineté alimentaire (modernisation opportune du concept d'autarcie hérité du plan Wahlen et en voque jusqu'à la chute de l'empire soviétique) est bonne pour le pays.
Or les Verts ne se contentent pas de ce qui est, selon le rapport agricole 2018, une demi-souveraineté - presque la moitié des calories consommées viennent de l'étranger - ils veulent zéro pesticides dans nos campagnes et dans nos rivières et du goût dans leurs assiettes, le tout à petits prix. Ce à quoi les paysans suisses ne sont pas préparés.
Et puis, un paysan, sauf exception, notamment la future cheffe du Service de la Nature et de l'Agriculture de Genève, Valentine Hemmeler, ex-membre de SolidaritéS, star de la souveraineté alimentaire, ça vote plutôt UDC, PDC ou PLR. Et là, c'est moins le verdissement lent des partis bourgeois que les paysans craignent, que le credo libre-échangiste toujours en vogue et qui, chacun peut le mesurer, a fait et fait une bonne part de la prospérité de la Suisse.