Autant le débat, lundi soir sur TF1, des cinq grands présidentiables était difficile à suivre et sans grand intérêt au fond, autant l'interview serrée de François Fillon sur France 2 est éclairante. Fillon est imperturbable, tenace et pertinent. Un seul exemple, il prône la préférence nationale sans le dire mais en disant comment le faire.
Il réclame que les travailleurs détachés polonais ou roumains paient les mêmes charges sociales que celles auxquelles sont soumis les travailleurs français. Et, à ceux des ses amis libéraux qui contestent ces prélèvements, considérant qu'ils sont excessifs par rapport au filet social dont bénéficient ces travailleurs détachés chez eux, il lance l'idée de verser dans un fonds européen, qui collectiviserait ses charges sociales payées "en trop", créant l'embryon d'une politique sociale européenne. On peut rêver, mais c'est bien joué.
Les démocrates, les libéraux, les républicains, les Verts, les socialistes - bref les gagnants des 60 glorieuses - ont peur. Peur de Poutine, peur de Trump, peur d'Orban en Hongrie, d'Hofer en Autriche, de
L'UDC n'a jamais fait plus de 30% en Suisse. Cependant, sans grand risque de se tromper, on peut estimer qu'une part de l'électorat des autres partis, de tous les autres partis, y compris chez les verts fondamentalistes, dont la couleur est aussi verte foncée que celle du parti nationaliste suisse, y compris à l'extrême gauche, pourfendeuse du commerce international, la tentation de l'isolationnisme est majoritaire dans ce pays. Cependant, dans chacun des autres partis, une majorité interne supplante l'expression de ces électeurs apeurés qui votent pour d'autres raisons encore PLR, PDC, Socialiste, Verts ou extrême-gauche.