François sera président des Français (23/03/2017)

force tranquille.jpgAutant le débat, lundi soir sur TF1, des cinq grands présidentiables était difficile à suivre et sans grand intérêt au fond, autant l'interview serrée de François Fillon sur France 2 est éclairante. Fillon est imperturbable, tenace et pertinent. Un seul exemple, il prône la préférence nationale sans le dire mais en disant comment le faire. 

Il réclame que les travailleurs détachés polonais ou roumains paient les mêmes charges sociales que celles auxquelles sont soumis les travailleurs français. Et, à ceux des ses amis libéraux qui contestent ces prélèvements, considérant qu'ils sont excessifs par rapport au filet social dont bénéficient ces travailleurs détachés chez eux, il lance l'idée de verser dans un fonds européen, qui collectiviserait ses charges sociales payées "en trop", créant l'embryon d'une politique sociale européenne. On peut rêver, mais c'est bien joué.

 

Fillon sait combien la montée du nationalisme est mortelle pour l'Europe et qu'il faut impérativement répondre aux peurs de la concurrence des travailleurs détachés. Bref, à la disruption que provoquent la mondialisation et la révolution technologique, il est urgent de recadrer l'Union européenne sur ce point mineur mais sensible. Il est paradoxal de penser que cette idée est celle que pourrait bien défendre le candidat social-démocrate à la Chancellerie allemande, l'Européen Martin Schulz, et qu'au couple fort Kohl-Mitterrand pourrait succéder un couple fort Fillon-Schulz. On peut rêver, mais c'est bien joué.

Fillon a répondu sans rien lâcher sur les accusations qui l'éreintent depuis deux mois. Et, sans perdre son souffle, il s'est fait l'accusateur de Hollande, le président le plus fouineur de la Ve République. Il retourne un bouquin à paraître et promis à un bel avenir éditorial en exigeant des juges la même célérité de mise en examen du président qu'ils ont mis soudain à le poursuivre. On peut rêver, mais c'est bien joué. 

Fillon a tenu le choc face à François Lenglet (qualifié de marxiste!!!) défendant son projet de relance de l'investissement quand l'économiste démontrait que son programme promettait de gros cadeaux aux gros contribuables et de petits aux petites. Les six millions de chômeurs et les neufs millions de pauvres ont dû l'entendre leur promettent des emplois. 

Tout cela suffira-t-il? Pas sûr! Il a rendu les costumes de luxe. Les Français lui pardonneront-ils? Un tweet d'un électeur qui avouait ne pas voter Fillon disait son admiration de la solidité du chef de la droite française. C'est ça sans doute qui fera la différence. Aucun autre candidat n'exprime une aussi ferme et tranquille assurance. Force tranquille sur fond d'un village français d'où émergeait le clocher d'une église romane, ça ne vous rappelle pas quelqu'un?

Au final, le verdict des réseaux sociaux et le sondage montrent que ce n'est pas gagné. Fillon n'en a cure. Il rappelle que lors de la même émission avant la primaire de la droite et du centre, les sondages le créditaient de 9%. Au fonds, le vrai risque de François, ce serait de se retrouver au second avec pour adversaire Emmanuel et non Marine.

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