"A première vue, rien de surprenant. Un compte rendu de sport d'une confondante banalité : "Les efforts remarquables de Joe Mauer n'ont pas suffi à assurer la victoire des Minnesota Twins contre les Texas Rangers lundi dernier au stade d'Arlington. Les Rangers l'ont emporté sur un score de 8 à 5 (...) Quand il maniait la batte, Mauer a été excellent de bout en bout. Il a marqué une fois dans la première manche et deux fois dans la sixième. Du côté des Texans, l'artisan de la victoire est sans conteste Tommy Hunter, qui a remporté avec brio son cinquième match d'affilée..." Un article de sport comme il en existe donc des milliers, publiés dans les pages sport de la presse américaine. Seule différence, mais de taille : il est signé The Machine, préparé et rédigé par un programme d'intelligence artificielle, baptisé Stats Monkey."
C'est ainsi que démarre un papier lu dans Le Temps lundi dernier, repris du journal Le Monde du 9 mars. Passionnant et qui devrait faire réfléchir plus d'un journaliste, mais peut-être aussi nombre de procès-verbalistes.
Les médias fonctionnent au zoom. Le zoom écrase la perspective, réduit le cadre de l'image à la cible, gomme l'environnement. Les médias électroniques - la radio notamment - sont condamnées à la répétition des nouvelles, autre manière de zoomer dans le temps: attentat en Irak ou à Moscou, Carla et Nicolas, crise grecque, l'Eglise et la pédophilie, des faits répétés en boucle, sans autres raisons que d'occuper l'espace sonore toutes les heures, tous les quarts d'heure, ajoutant - parfois seulement - quelques bribes de précisions. Quelques rares exceptions. Actuellement le rythme effrené du tournoi suisse de hockey sur glace qui justifie qu'on en parle tous les jours ou presque.