Le ministre des bâtiments publics est aussi le ministre des impôts et le ministre du budget. Le budget, c'est l'art d'équilibrer les revenus (qui viennent essentiellement des impôts) et les dépenses dont s'occupent ses cinq autres collègues (le département présidentiel dépense peu). Les dépenses dépendent du vote des lois par les députés (qui en mesurent rarement les conséquences, n'en subissant généralement pas les effets personnellement).
Les dépenses, c'est aussi l'art (consommé) que déploient les fonctionnaires à appliquer les lois et les règlements en veillant à leurs conditions de travail, à la satisfaction des clients (qui reçoivent le plus souvent les prestations publiques gratuitement et n'en mesurent donc pas le prix) et au respect des principes de prévention et de précaution qui exigent avant d'agir un avis d'expert et parfois de plusieurs ...
Le ministère du budget est complexe, celui des impôts l'est au moins autant voire plus. Mais voilà que, depuis que Genève vit sous l'ère d'une présidence durable, le ministre du budget et des impôts s'occupe aussi des bâtiments publics. Avec son collègue, ministre de l'énergie qui est aussi et principalement ministre du territoire et du logement, logements qu'il peine à produire en nombre suffisant (le long des voies de tram) pour loger les travailleurs actifs à Genève; il est donc de ce fait pour partie responsable de la croissance forte du nombre des pendulaires (qu'on appelle frontaliers quand il traverse une frontière nationale) et aussi des bouchons...
Bref, nos deux ministres, celui des bâtiments et de l'énergie, ont trouvé le temps pour décréter la généralisation du solaire sur les toits des bâtiments publics.
Le solaire est un dieu qu'on ne saurait critiquer.
Je m'interroge tout de même. Dans la communication officielle, je cherche en vain le prix de revient du kWh d'électricité solaire que l'Etat va produire, pardon que les SIG vont produire pour l'Etat, mais c'est la même chose car les SIG sont à 100% en mains publiques.
A quel prix donc les futurs kilowattheures publics? 10 ct, le prix le plus bas obtenu par les très grandes centrales solaires (soit trois fois meilleur marché qu'il y a cinq ans, mais encore trois fois le prix actuel du marché) ou 20 ct, voire plus qui est le prix de revient des petites unités de production?
Je tire ces chiffres des déclarations à Bilan cette semaine de Jean-Michel Bonvin, directeur de Greenwatt, filiale "électricité verte" du Groupe E, les SIG de l'Etat Fribourg.