C'est une chose singulière de voir que tant les humains par millions continuent de vivre au pied des volcans, dont l'histoire a montré combien ils peuvent être meurtriers et même changer le climat de la planète entière au point, dit-on d'affamer les gens à des milliers de kilomètres de leur bouche éructante et de les pousser à la révolte.
Il en va de même des zones sismiques, du côté de LA, d’Istanbul et d'ailleurs, des zones inondables ou exposées aux tsunamis, où des ingénieurs et des administrateurs, dont on ne peut mettre en doute la compétence, n'ont pas hésité à bâtir des centrales nucléaires.
Vivons-nous, alors que nous allons commémorer les 40 ans de Mai 68, au pied d'un volcan social? Sommes-nous à l'aube d'une éruption cataclysmique, cathartique?
Des secousses du corps social, ici et là, font vibrer les sismographes. Les grands médias s'en fait l'écho, mais entend-on, n'en font cas vraiment et restent sourds et aveugles au magma qui gronde et gonfle sous nos pieds.
L'élection de Trump en serait un indice. Le Brexit un autre. En Suisse aussi, le vote du 9 février 2014 contre l'immigration de masse, est une sorte de Swissit (puisque l'application de l'initiative UDC reviendrait à la sortie de la libre circulation), un Swissit à la dimension de ce pays, qui fait les choses par petites touches et à petits pas (sauf les tunnels).
Dans Libération de ce jour, je lis l'interview d'Alexandre Jardin qui veut devenir président des Français pour redonner le pouvoir aux citoyens et a lancé un site pour ça www.lescitoyens1.fr, en plus de www.lamaisondescitoyens.fr. La démarche est honorable, même si tous les politiciens, de l'extrême gauche à l'extrême droite, affirment vouloir rétablir la vraie démocratie, celle qui donne au peuple le dernier mot, celle qui verrait les citoyens voter tout le temps, d'un clic sur leur intelliphone, tenant aux chevaux de l'Etat les rênes courtes, mais menant sans doute son char à hue et à dia.
Hier soir tard, sur LCP, j'ai regardé un morceau d'un débat sur la France, la gauche, ses primaires et ses frayeurs d'une confrontation finale entre Le Pen, seule politicienne certaine d'accéder au deuxième tour sans forcer son talent, et Macron, un ovni qui en dit long sur la dévaluation des partis, de la démocratie française et le besoin qu'on mes voisins de porter à la tête de la République un homme providentiel.
Parmi les débatteurs, il y avait Arnaud Viviant, le rédacteur en chef de Charles qui lui aussi veut investir l'Elysée (pourquoi renoncer à une tribune gratuite pour dire la vacuité du pouvoir et la nudité du roi). De Charles, je suis tombés sur La tengo, que je ne connaissais pas, mais qui publie des extraits de l'interview de l'économiste - l'un des instigateurs de Nuit debout -, Frédéric Lordon, intitulée "Il est minuit moins cinq".
Et qui dit ceci: "Nuit debout a été le symptôme de l’échec du système institutionnel contemporain, dont on nous propose un nouveau tour de manège en 2017. Ce système est mort, et les gens qui s’y agitent sont des morts-vivants. On voudrait leur dire de faire attention tout de même, parce qu’il est minuit moins cinq. Il ne faudra pas s’étonner qu’il y ait des éruptions de violence. La violence est le dernier recours lorsque le système, aveugle et verrouillé, ne parle plus à personne et devient radicalement incapable de proposer la moindre solution institutionnelle de transformation à froid. Nous y sommes. (...)"
Pourquoi vit-on au pied des volcans? Parce que les terres y sont fertiles, non?