Your Name. My name is..., la ritournelle tourne dans la tête de tous les apprentis guides. Sans doute le métier le plus à la portée des jeunes de Khajuraho qui veulent échapper au sort de leur parents. La mère de Rocky, de son vrai prénom Ganesh - les gens de la caste des travailleurs manuels ne portent generalement pas de nom de famille - travaille comme porteuse de gravier, de sable, de brique de béton sur les chantiers routiers. Son père est jardinier quand le travail se présente. Tout juste de quoi nourrir une famille de cinq enfants. Il dit payer son école à Chatachpur en faisant le guide.
À 17 ans, Rocky n'est qu'en septième année. Il a perdu deux ans parce qu'un de ses frères a attrapé la malaria. Mais son grand père lui a ranconté l'histoire de la cité aux 80 temples, connus dans le monde entier pour quelque douze hauts reliefs inspirés du kamasutra (l'américain iPad ignore ce mot et substitue la soutra ou lama ultra...) Pas de quoi battre sa femme! Les déhanchés sensuels des nymphes reproduites par centaines est bien plus gracieux et suggestifs que les acrobaties qui violent les tabous.
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"Dis, touriste, tu me paies un an d'anglais?"
Ravandra me hèle à la sortie de l'Amar Majal, luxury hotel, deux jardins qu'encourent des chambres à plafond décoré de jolis motifs floraux, enceint dans un plus grand espace clos par un mur de blocs de granit maçonnés à la manière du palais qui fait la fierté du village et la raison de s'y rendre. Orchha n'attire toujours pas la cohue des touristes étrangers. Jean-Claude Carrière, auteur du bien aimable Dictionnaire amoureux de l'Inde, qui nous accompagne pour la troisième fois peut se rassurer. En revanche, à Kajuraho, une nouvelle aérogare tout en verre est sur le point d'accueillir des vols internationaux.
Ravandra veut me vendre une carte de l'Inde, des cartes postales d'Orchha.
- Cheaper price. What's Your name? Il connaît bien son vocabulaire. Come to my house...
- Que fais-tu? Tu ne vas pas a l'école?
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Roupie, un mot qui, pour mon iPad, rime avec utopie...
697 roupies, taxes comprises, c'est le prix noté sur une photocopie A4 faisant office de billet pour deux personnes sur le trajet Agra-Jhansi, dans l'express Delhi-Bopahl de 8h11. Notre voiture s'arrête un quart d'heure avant, à l'emplacement noté par un panneau électronique C6.
Le train est plein mais il n'y a pas de cohue. L'écartement des voies, plus large que le standard européen, permet d'installer en première classe cinq fauteuils confortables dans la largeur de la cabine et apporte une stabilité importante au convoi. Les rails sont soudés. Lentement, la locomotive prend son élan. Une fois lancé, le convoi roule bien à 120 km/h dans une campagne d'abord cultivée avec soin. Sans ralentir, il attaque les premiers contreforts du Dekan, un plateau aride et granitique qui tient toute l'Inde de la plaine du Gange à Kanyakunari, à la fine pointe du sous-continent, où se mêlent les eaux des trois mers, le golfe du Bengale, le golfe d'Oman et l'océan indien.