Derrière les boules rouges, scintillantes, suspendues contre la vitrine, gouttes de sang festives, la froidure de décembre, une enseigne verte de Rolex, deux mères Noël servent des latte macchiato, peu de monde dans ce bar proche de la poste du Mont-Blanc, dont le fronton énumère la liste des pays de l'Europe d'avant 1914. Sur un grand écran, défilent des mannequins sapés selon les canons de la mode 2013, le best of des créateurs mondialisés, que des photographes en jupettes roses shootent et mitraillent en cadence. Aussitôt, imagine-t-on, les caméras robotisées crachant leurs images sur les réseaux sans frontières. Ils sont tous beaux, smart, jeunes dans leur pyjamas bariolés.
À quoi pensaient donc leurs lointains frères d'il y'a un siècle. Songeaient-ils que neuf mois plus tard, le temps d'une gestation, ils allaient, pire de que des bêtes ,s'entretuer et mourir, pire que des rats dans les tranchées et sur des champs de batailles. Cette pensée me hante. Comment peut-on pendant quatre longues années détruire la fine fleur des nations?
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Apartheid, murs, plafond de verre et autres frontières
La préférence de l'embauche en faveur des travailleurs locaux, que le Conseil d'Etat a réaffirmée lors de son discours de Saint Pierre *, est-elle un premier pas vers l'apartheid? La question est évidemment provocatrice, mais je ne la crois pas totalement dénuée de tout fondement après avoir lu l'article que François Brutsch, toujours sagace, a tagué dans son blog, Un Swissroll, ainsi que sur sa page Google +.
Le texte de Thomas W. Hazlett, professeur de droit et d’économie à l’Université George Mason, est traduit et publié sur Contrepoints, un site libéral. Il s'intitule Genèse, évolution et fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
En deux mots, il rappelle que la ségrégation raciale fut d'abord la lutte des mineurs blancs, affiliés via leur syndicat à l'Internationale socialiste, contre des ouvriers noirs que des patrons blancs voulaient engager, à meilleur compte évidemment, mais qui dans cette longue histoire fit des ouvriers noirs, un temps, les alliés objectifs des patrons blancs. Tout comme, sous un autre angle, les Noirs furent, un temps, les alliés des colons néerlandais - les Boers - dans leur lutte contre les Anglais... Le monde est bien compliqué.
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PLR vaudois, PLR genevois: n'est pas Broulis qui veut!
Petit rappel, le ministre des Finances vaudois a réduit en deux législatures la dette cantonale de près de 9 milliards à moins de un milliard de francs, sans compter quelques fonds ici et là qui font de Vaud un pays sans dette (j'en parle ici graphique à l'appui). C'est évidemment exagéré. Un certain endettement est parfaitement normal lorsque la population et l'économie croissent, ce qui est le cas de toute la métropole lémanique.
Cela dit Broulis a conduit une politique anticyclique digne de Keynes, que la gauche genevoise adore citer quand ça va mal mais oublie aussitôt que ça va bien. Car, en réduisant la dette en période de vaches grasses - Vaud comme Genève ont engrangé des revenus fiscaux considérables et en forte augmentation depuis huit ans, mais aussi en transférant des charges sur les communes et en jouant le père la rigueur sur les autres dépenses - Broulis a donné les moyens aux finances vaudoises d'affronter une prochaine crise économique. Genève sera de ce point de vue fort dépourvue quand la bise se lèvera.