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"Dis, touriste, tu me paies un an d'anglais?"

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Ravandra me hèle à la sortie de l'Amar Majal, luxury hotel, deux jardins qu'encourent des chambres à plafond décoré de jolis motifs floraux, enceint dans un plus grand espace clos par un mur de blocs de granit maçonnés à la manière du palais qui fait la fierté du village et la raison de s'y rendre. Orchha n'attire toujours pas la cohue des touristes étrangers. Jean-Claude Carrière, auteur du bien aimable Dictionnaire amoureux de l'Inde, qui nous accompagne pour la troisième fois peut se rassurer. En revanche, à Kajuraho, une nouvelle aérogare tout en verre est sur le point d'accueillir des vols internationaux.

Ravandra veut me vendre une carte de l'Inde, des cartes postales d'Orchha.
- Cheaper price. What's Your name? Il connaît bien son vocabulaire. Come to my house...
- Que fais-tu? Tu ne vas pas a l'école?

- Les leçons commencent à 10h... Il est 10h05...
- Je vais à l'école public en hindi mais je voudrais devenir guide. Le cours en anglais coûte 200 roupies par mois. En plus il faut un costume, des livres. Trop cher pour mes parents. - - Mon père est lavandier. Tu m'offre le cours, dit-il tout de go en me tentant un recueil de cartes de l'Inde?

Ravandra a 15 ans. Il connaît le prix de l'hôtel, celui des massage ayurvédiques qui sont affichés. Il attend que le poisson morde. Le poisson hésite. Lui aussi, il s'est vite rendu compte que l'écolage pour une année lui coûterait moins que les deux heures de massage prodiguées par deux saisonniers keralais ... Il tourne autour de l'hameçon que le gamin tire jusqu'à l'école, un bâtiment d'un niveau aux pièces petites, posé à l'arrière du temple de Rama. Le bâtiment fraîchement peint en turquoise sert aussi de logement aux professeurs

Il ameute le maître d'anglais qui va quérir le directeur. Le poisson entre dans le bureau et dit ok. Le directeur édenté procède à l'inscription. L'adolescent semble se recroqueviller à l'écoute des questions marmonnées avec l'autorité d'un sergent major anglais sur son nom et le métier de son père, un lavandier une basse caste, sa ferme intention de suivre les cours. Il tient bon.

Le poisson est ferré. Il prend quelques clichés de la classe où Ravandra à déjà pris place, deux quinzaines de gosses serrés sur des banquettes dans une pièce aux volets clos. L'espace ne dois pas mesurer plus six mètres sur trois. On ressort. Le gamin arbore un sourire jusqu'aux oreilles. Il va pouvoir rejoindre son copain plus fortuné que lui. Un jour, c'est sûr, il sera guide touristique. Je l'espère pour lui.

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