Et si les restaurateurs indiquaient sur leur carte non seulement la provenance des viandes, mais aussi leur signature carbone? A quand un compteur à effet de serre sur le tableau de bord de nos voitures? Qui se préoccupe du plan climat dans la région franco-valdo-genevoise?
Les deux premières questions sont des suggestions proposées dans un petit film Air comme Respirer réalisé par Vania Jaikin en marge de l'étude COST23 * réalisée par trois chercheurs de la Faculté des sciences économiques et sociales de l'Universtié de Genève. La troisième était une interpellation à l'adresse du panel réuni hier soir à la salle Frank Martin au collège Calvin.
Le projet d'agglo, né dans le sillage de la loi fédérale de financement des infrastructures de transports des agglomérations, n'a pas mis à l'étude un véritable plan énergie pour la région, explique l'intervenante. Récemment, à l'initiative de quelques techniciens, un groupe s'est mis au travail dans le cadre du Comité régional franco-genevois. Il est à la recherche d'un pilote politique. C'était la seule info nouvelle de la soirée.
C'était la dernière intervention de la salle. Les participants à la table ronde n'ont pas pu vraiment saisi la balle au bond. En fait, seul Serge Dal Busco, maire de Bernex, récemment élu député sur les bancs du PDC, et membre du comité de pilotage du projet d'agglo aurait pu apporter une réponse. Il s'est comme les cinq autres intervenants contentés de répondre longuement aux trois questions posées par le meneur de jeu, Jacques Mirenowicz, rédacteur en chef de la Revue durable.
Pas une note discordante à Frank Martin. Tous les intervenants sont d'accord avec la pensée unique: le réchauffement climatique est une catastrophe annoncée certaine, l'homme en est responsable - surtout les Chinois et les Américains qui crachent la moitié du gaz carbonique du monde - mais les petits Suisse ne sont pas sans responsabilité eux qui rejettent par habitant 18 fois plus de CO2 qu'un Chinois si l'on tient compte de l'origine des produits consommés.
Seul bémol posé sur la partition du choeur funèbre, Cristina Gaggini, seule représentante des entreprises, plaide pour que les investissements consacrés à la réduction du dioxyde de carbone puisse l'être à l'étranger où leur efficacité sera plus importante, car même si la Suisse produit encore beaucoup de CO2 par habitant, elle sera parmi les dix pays à tenir les engagements de Kyoto: "Réduire une tonne de CO2 chez nous coûte proportionnellement bien plus cher que réduire une tonne de CO2 dans un pays moins performant."
Personne n'a répondu. Dans la salle plusieurs personnes ont dénoncé le développement durable: comment défendre le développement dans la durée dans un monde fini, explique un militant du Conseil lémanique de l'environnement. Un autre appartenant au Réseau des objecteurs de croissance s'en prend aux possesseurs de voitures. De quel droit peut-on détenir une voiture si l'on dispose d'un moyen de transports publics?
L'homme âgé est sans doute adepte du gourdin pour imposer sa nouvelle législation. La carotte ou le bâton, faut-il employer l'un ou l'autre ou les deux pour parvenir à l'objectif de Kyoto, a demandé Jacques Mirenowicz. Les deux ont répondu les intervenants:
- Dominique Bourg, professeur et directeur de l'Institut de politiques territoriales et d'environnement humain, Université de Lausanne
- Daniel Chambaz, directeur général, Direction générale de l'environnement, Département du territoire, Etat de Genève
- Serge Dal Busco, député, maire de Bernex, ancien-président de l'Association des communes genevoises
- Anne Dupasquier, vice-présidente de Pro-Natura Suisse
- Christina Gaggini, directrice romande d'EconomieSuisse
- Guillaume Mathelier, maire d'Ambilly
Dans le film, un Monsieur lambda dit qu'il faut agir sur la circulation routière et sur l'isolation des bâtiments. Comment a demandé le meneur de jeu. C'est une question de volonté politique a répondu le choeur de la pensée unique. Et de sensibilisation de la population. Danièle Chambaz s'est réjoui que les Genevois parviennent à trier 43% de leurs déchets sans taxe poubelle. C'est la preuve que la préoccupation écologique peut entrer dans les têtes.
A Bernex, explique Serge Dal Busco à l'adresse d'une militante de l'association Ecoattitude qui se plaint que les politiques n'écoutent pas les propositions de la société civile, nous en sommes à notre troisième forum de l'Agenda 21. Le premier a réuni 350 personnes et pas seulement des membres d'associations. Vint-cinq fiches actions sont sorties d'une année de travaux. Vingt-trois sont aujourd'hui mise en oeuvre. La troisième session a eu lieu la semaine dernière. Dix-sept nouvelles fiches actions ont été proposées. La démocratie participative fonctionne.
De débat, il n'y a pas eu à proprement parler. Seul Pierre Kunz du Service de la protection de l'air qui est intervenu le dernier et était un des experts consultés pour l'étude a contesté l'idée qu'il suffisait de lutter contre le CO2 pour atteindre les objectifs. Certes la réduction du CO2 entraînent avec elle la réduction des autres polluants. Mais l'action sur le CO2 doit être mondiale, or les autres polluants ont un effet sur la santé humaine. Il regrette donc qu'aucun intervenant n'ait abordé la question en terme de santé des êtres vivants laquelle réclame des actions spécificiques locales.
* Cost C23: Air, climat et territoires : vers la mise en œuvre de politiques coordonnées (Cas d’étude : l’agglomération genevoise transfrontalière réalisée dans le cadre d'un projet de recherche européen Strategies for a Low Carbon Urban Built Environment)
Commentaires
Messe retransmise en direct de Bardonnex dimanche dernier. Eh oui les croyants ont besoin d'être consolés régulièrement de leur finitude. Je suis toujours fasciné par la propension de l'église de Rome de ne jamais s'oublier dans les dévotions obligatoires. Ainsi le curé (un vietnamien) s'est empressé de demander aux fidèles de "croire" dans l'Eglise (une organisation), son grand berger allemand et ses évèques zélés. Je vous imaginais cher JFM au premier rang comme un notable doit le faire,hurlant vos cantiques, scandant les reprises pendant le prêche "Parole de Dieu". Mais ce qui me fascine le plus, c'est que d'un côté vous êtes pret à croire aux miracles, à la résurrection,au Salut, à la vie éternelle sans sourciller, avec une foi presque attendrissante et que sur des questions scientifique ultra démontrées, vous montrez le scepticisme d'un Spinoza. Ainsi dès que l'on vous parle d'environnment vous ergotez, vous ratiocinez, vous chercher la moindre faille dans le raisonnement. La seule chose que l'on ne puisse vous reprocher c'est de manquer de foi. Déclarer qu'un mère PDC puisse apporter une réponse sensée et honnête à une question de société relève de la dévotion mystique.