Investir un milliard de francs (au moins, officiellement 950 millions) pour installer 11 kilomètres de voies ferrées, sans compter l'investissement français, ni le coût annuel du système (dont on parle très peu) pour transporter un nombre toujours hypothétique de voyageurs force à réfléchir à des solutions alternatives. C'est ce que les économistes appellent le coût d'opportunité d'un projet en imaginant ce qu'on aurait pu faire d'autres si on ne s'était pas lancé dans telle ou telle aventure, comme le fait le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz pour la guerre en Irak qu'il évalue à 3000 fois le prix du CEVA.
Posons que le CEVA coûtera à la collectivité tout frais d'intérêt et d'amortissement bien comptés quelque 50 millions par an. C'est un minimum à vérifier qui prend en compte un milliard à financer à 2,5% par an et à rembourser en 50 ans, plus les frais d'exploitation annuels. A noter qu'on ne trouve nul part sur le site de l'Etat une quelconque fiche d'information à ce sujet.
Que pourrait-on donc faire d'autres avec ce pactole pour atteindre le même objectif: désengorger les routes de la région des voitures pendulaires. Notons que cette somme correspond à un gros tiers de la subvention annuelle du canton aux TPG. Elle représente aussi l'achat de 20'000 vélos électriques par an!
On pourrait donc
- établir une noria de bus géants roulant au gaz naturel
- entre le péage de Nangy le centre commercial d'Etrambières et le centre ville de Genève
- entre Nyon et la Place des Nations en utilisant la fameuse troisième voie que la droite voudrait ouvrir aux voitures ou/et la route suisse
- entre Annecy, Cruseilles, Saint-Julien et le Pont-Rouge (permettant de désservir le Macumba, le casino, la Migros de Neydens, la Coop de la PRaille, etc.)
- subventionner le covoiturage en réduisant de moitié les taxes de parking des voitures transportant au moins trois personnes,
- équiper en quelques années la moitié des actifs du canton avec des vélos électriques à moitié prix,
- développer le car sharing avec des voitures électriques ou à air comprimé,
- encourager ceux qui le peuvent à travailler un jour par semaine au moins à la maison
- etc. Je suis sûr que vous ne manquez pas d'idées vous aussi que je lirai volontiers dans vos commentaires ci-dessous.
Certes il faudrait ici et là réserver des voies aux bus rapides et même peut-être élargir quelques voiries, quel sacrilège! Evidemment, nous perdrions les gares de Jean Nouvel. Mais la star de l'architecture pourrait se consoler en réalisant sa couverture du MAH. Mais le plus difficile semble-t-il c'est la peur de perdre la face qui plaide pour un projet dispendieux, pharaonique et au tracé obsolète.
"Le projet CEVA, par sa nature, doit permettre de participer à la réduction des émissions de CO2, principal responsable de l’effet de serre, en reportant une partie du trafic automobile sur le trafic ferroviaire, nettement moins polluant." Cette déclaration ouvre le no 8 d'avril 2008 de CEVA info, la "Pravda" du Département des infrastructures de Genève sur le tortillard Cornavin-Annemasse. Cette profession de foi ne dit évidemment pas d'où viendra l'électricité qui tractera les rames du RER dans le sous-sol genevois. On est cependant en droit de se demander si le CEVA est le moyen le plus efficace pour réduire le taux de CO2 de la planète. On peut sûrement affirmer que ce n'est pas le plus économique.