Cramer abandonne le CEVA... (22/11/2007)

Joli coup du ministre Cramer qui aménage son agenda de conseiller aux Etats et se déleste de deux charrues à chiens: le CEVA qu'il refile au ministre libéral des constructions et les communes qu'il livre en déshérence à son collègue vert des finances. Il est vrai que les renards et les grenouilles, dont il reste le ministre, ne votent pas.

 

Le CEVA, dont le financement français devrait être enfin bouclé début décembre, devra démarrer impérativement en 2008, au risque sinon d'être retoqué dans la liste des priorités du Conseil fédéral et de devoir entrer en concurrence avec les 34 projets d'agglomération pour les 2,4 milliards de francs restant du crédit fédéral d'infrastructure.

 

C'est du moins ce qu'a déclaré Pierre-Alain Rumley, le patron de l'Aménagement du territoire fédéral hier soir au cours du débat organisé par la Tribune sur "comment débloquer Genève". "Le crédit de 600 millions octroyé par la Confédération pour relier Cornavin à la gare d'Annemasse n'est en effet pas garanti", a déclaré le haut fonctionnaire fédéral. Perfide il a souligné que le CEVA doit encore traiter 1600 oppositions et une initiative populaire, quand la suppression du cul de sac de la Hauptbahnhof de Zurich, que les Zurichois ont engagé sans attendre le financement de Berne, n'en a suscité qu'une vingtaine.

 

Robert Cramer qui annonce le premier coup de pioche pour le second semestre 2009 a fait une grimace, mais n'était pas fâché de cette abrupte annonce. C'est de France que le ministre du territoire et ex-ministre du CEVA a reçu le soutien le plus ardent.

 

Bernard Gaud, président de l'ARC, n'a pas mâché ses mots contre les initiants anti-CEVA et les Genevois: "Vous n'imaginez pas quel fut notre chemin de croix, à nous les petites mains, les larbins du développement régional, quand il a fallu expliquer au Département de la Haute-Savoie, à la Région Rhône-Alpe, à Paris, à la SNCF et à Réseau ferré de France que Genève avait changé son fusil d'épaule et opté, soudain (en juin 1992), pour une double voie ferroviaire contre un métro léger. Ne comptez pas sur nous pour défendre une gare au pied du Salève, a-t-il lancé à Jean-Claude Delaude sous les applaudissements du plus grand amphi, bien rempli, d'Uni Dufour.

 

Quant aux communes que Robert Cramer a arpenté le verre à la main, elles vont trouver chez Hiler un nouveau patron qui sait compter. Et ça risque de pas mal tanguer. Je livre ce petit tableau tiré de l'OCSTAT à la réflexion générale. Il montre que les communes ont fait mieux que financer la totalité de leurs investissements de 2000 à 2005, elles ont engrangé 34 millions d'épargne nette. Quand on sait comment certaines sont gérées, on peut sans problème considérer qu'une meilleure gouvernance peut faire gagner au moins 150 millions de francs par an à l'ensemble du canton.

 

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