Bouygues offre un joli cadeau à la région. Un double ruban de bitume, un collier garni de vingt-neuf ouvrages d'art sans investir un euro public, une alliance entre Annecy et Genève. Cinq siècles que les deux villes se snobent depuis que les ouailles d'un certain Jean Calvin, un Français du nord, chassèrent leur évêque et qu'un certain François de Sales commanda la reconquista, acculant la ville rebelle à se réfugier derrière des remparts sans cesse modernisés, à ignorer, même à dédaigner son arrière-pays naturel. Ce que les Savoyards lui rendent bien. Dans Liane, le non de l'A41 nord - Liaison Annecy Nord Express - il n'est pas fait mention de Genève.
Pour manifester cette nouvelle attache entre la capitale de la fière Haute-Savoie, la catholique et très sainte Annecy, et la capitale de la finance privée, la très fière République de Genève, il ne fallait pas moins d'un premier ministre, François Fillon, et d'un président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, pour couper le ruban inaugural.
Ce qui fut fait - le ruban fut virtuel - en présence des élus du cru, dont, côté suisse, Robert Cramer, ministre du micro-teritoire genevois, Pierre-François Unger, ministre de la maxi-économie locale, François Longchamp, ministre de l'emploi dont 60'000 frontaliers et autant de Vaudois, et le maire pour beurre de Genève Manuel Tornare, sa majesté Manuel III. Le président du Conseil d'Etat, le Belleviste Laurent Moutinot, n'a pas jugé bon de se déplacer.