Le Monde du 3 janvier a consacré une page aux nouveaux médias fraîchement nés ou sur le point de pousser leurs premiers cris. Sur Twitter, le fil que les journalistes préfèrent, on en trouve une bonne douzaine de ces nouveaux journaux qui tous promettent de montrer aux vieux médias qu'on peut à la fois faire du bon journalisme (ce sont les professionnels qui fixent les critères de qualité) et vivre grâce aux abonnements de lecteurs éclairés. Si tel était le cas, le Courrier de Genève qui souffle 150 bougies cette année (ici et là) et vit depuis sa quasi faillite dans les années 70 grâce à la perfusion continue de lecteurs plus éclairés (et surtout plus aisés) que d'autres, serait florissant.
A propos de lecteurs éclairés - entendez un lecteur formé, citoyen, conscient du coût de production des nouvelles, celles qui ont du poids, lestées de faits, d'analyses, de données, de témoignages éprouvés sur l'enclume de la vérité, où le journaliste élimine les fausses interprétations tel le forgeron martèle le fer pour l'épurer de son carbone jusqu'à l'acier dur et tranchant. A propos des lecteurs éclairés donc, j'ai lu avec attention le discours de Pietro Supino à la fête des rois des éditeurs, dont son navire amiral, le Tages Anzeiger, a publié de larges extraits ce mercredi.