Le Premier de l'An, j'ai remis la main - grâce du rangement - sur le petit opuscule commis par un commis de l'Etat de Genève, proche du pouvoir, il y a huit ans (deux législatures sous l'ancien ordre constitutionnel, lequel ordre n'était pas encore régi par un président durable). André Klopmann brosse par le petit bout de la lorgnette un tableau sociologico-historico-politique plutôt désabusé de la Genève contemporaine, dans laquelle l'auteur regrette de n'y plus trouver l'Esprit, dont la cité fut, dit la légende, investie, par la grâce de quelques confluences humaines, qui font du lieu rien moins, de l'avis de l'auteur, que le centre de l'Europe, sinon du monde.
En postface, Klopmann cite trois événements survenus à l'automne 2007 qui, si je l'ai bien compris, tempèrent un peu les raisons de son pessimisme: l'échec pour la deuxième fois d'Ueli Maurer dans sa tentative d'être un des deux sénateurs de Zurich à Berne..., l'exclusion trois semaines plus tard de Blocher du Conseil fédéral, deux faits remarquables et ce bémol: l'élection le 15 novembre 2007 du vigneron-encaveur de Peissy, le citoyen, UDC lui aussi, Eric Leyvraz à la première vice-présidence du Grand Conseil genevois, "une élection inattendue qui a rompu un tournus éprouvé", note l'auteur.
Que dirait le publiciste aujourd'hui de l'élection de deux UDC pur sucre au Conseil fédéral, dont un est ministre des Finances, de la montée du MCG à Genève et de l'élection d'un des siens - un étrange transfuge - au Conseil d'Etat et d'un autre - un Genevois qui n'a pas sa langue dans sa poche - à la présidence du Conseil municipal de la Ville? Genève est-il affecté du syndrome tessinois? En 2018, verra-t-on l'élection de trois magistrats du bloc national au gouvernement?
Esprit de Genève, où es-tu? Es-tu galvaudé par les populistes bornés ou souffres-tu de l'absence (momentanée?) de grands hommes et de belles âmes?
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