Le Grand Conseil n'a pas renvoyé son budget au gouvernement en septembre, quand il en a pris connaissance. Il a attendu le 18 décembre, un bon mois après qu'une majorité d'occasion au sein de la commission des finances, formée de la gauche et du MCG, eut trouvé intelligent d'arrêter l'examen des 7.8 milliards de francs que l'Etat de Genève engloutit chaque année et de ses presque 800 millions d'investissements.
Qu'est-ce qui a changé entre le 9 septembre et le 18 décembre? Rien. Sauf une mobilisation sans précédent de la fonction publique, laquelle entend dicter ses choix politiques à tous. Les syndicalistes ne répètent-ils pas qu'ils ne se battent pas pour leurs conditions de travail, mais pour la quantité et la qualité des prestations.
Dans ces conditions, point besoin de gouvernement ni de Grand Conseil ni même des votations qui ont vu des majorités de citoyens, sans doute mal conseillés, accepter plusieurs baisses d'impôts ces dernières années, faisant de Genève un canton bon marché pour une famille de quatre personnes qui gagne moins de 8000 francs par mois. Gouverner sans le peuple pour le peuple, voilà la ligne du Cartel intersyndical genevois.
On fait quoi maintenant. On démissionne? Le refus du vote du budget, c'est aussi de la part du Grand Conseil le renoncement à sa faculté de modifier le budget qui lui a été proposé. C'est donc sa démission de fait que le parlement a voté ce vendredi matin sur le coup de 9 heures. Qu'il en tire donc les conséquences et qu'il se représente devant le peuple!
Seulement, il n'aura pas ce courage. Seul un être humain peut en avoir et ce n'est pas une vertu très répandu.
Le Grand Conseil n'est pas un être humain. En fait il n'existe pas. Le Grand Conseil genevois, c'est comme la communauté internationale, dont on voudrait qu'elle décrète l'arrêt du réchauffement climatique, la fin de la guerre en Syrie, la préservation des baleines et donne à manger à tous les pauvres, tout en produisant bio et sans OGM...
Le Grand Conseil genevois est un collectif. Quand un collectif dysfonctionne, c'est la faute à tout le monde, c'est donc la faute à personne. Le Grand Conseil a un président. Il aurait pu siffler la fin du match en novembre, quand sa commission des finances a voté le renvoi du projet. Y a-t-il seulement pensé?
La Constitution genevoise ne prévoit ni motion de censure du gouvernement (lequel est aussi un collectif irresponsable) ni renvoi du parlement devant les électeurs par un président, lequel à Genève n'en est pas un.
On est donc bien dans une crise institutionnelle. Qui se résoudra comme d'habitude par le vote d'un budget en mars ou en juin (quand le parlement se fait le psychodrame inutile de ne pas voter les comptes).
Je parie plutôt pour cette date estivale. En juin, on en saura plus sur les revenus 2015, 2016 et l'évolution de la conjoncture. On saura surtout si les Genevois voteront ou non le "Personal Stop", adopté le 13 novembre au Grand Conseil par une majorité Droite+MCG dans le cadre du frein à l'endettement.
L'endettement. Il faut rappeler que la dette du canton est certes considérable. Mais ceux qui croient faire peur aux citoyens avec le funeste chiffre 13 (milliards) savent que ses actifs le sont plus encore. Et qu'en proportion de sa richesse, la dette est moins grande aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années 90. Il n'y a donc pas péril en la demeure.
Il n'est cependant pas raisonnable de toujours en demander plus à l'Etat. L'Etat doit se réformer, il doit se moderniser, il doit cesser de vouloir tout réglementer dans les détails. Et ça, c'est aussi l'affaire du Grand Conseil.
Commentaires
Lire : On marche sur la dette.
http://www.boursorama.com/actualites/pour-christophe-aleveque-on-marche-sur-la-dette-9acdd7101478b7b412229d0d5fd8e3e2
Pour relancer l'économie, il ne faut pas baisser les salaires, mais au contraire les augmenter.
Alliance d'opportunistes sans vision, sans idées et, finalement, sans aucune intelligence. Droite sans horizon, gauche sectaire, populistes flottant entre les deux, c'est la recette du désastre.
Les grands gagnants de ce non-vote sont les syndicats car les douzièmes sont supérieurs au budget tel qu'il a été voulu par le conseil d'état.
Ce n'est pas faire le bien du peuple en gouvernant sans celui-ci, mais préserver des avantages salariaux d'un autre âge, pour les fonctionnaires.
La genferei dans toute sa splendeur.
Cher Monsieur Mabut,
Le peuple genevois a cette propension à polémiquer qui lui est propre et qui a son charme. Dans cette question sur le fonctionnement de l'état, en revanche, il faut absolument apaiser les ardeurs, et je pense que votre journal pourrait y contribuer. Le vrai sujet est, quel est le modèle de société que nous voulons. Pour savoir, si Genève a les moyens, on peut clairement répondre par oui. A partir de cette constatation, les débats sont ouverts. La question n'est pas de savoir si les fonctionnaires gagnent trop ou pas assez, mais, par exemple, est-ce que la formation de nos enfants est optimale. La cour des comptes pourrait fournir une réponse objective à cette question, elle est là pour cela. La vrai question est, quelle qualité de prestation est souhaitable pour la majorité de la population. La question n'est pas de savoir si c'est une bonne chose que Genève soit un havre fiscal pour les familles avec 4 enfants qui gagnent moins de CHF 8'000 par mois, mais, quel genre de société la majorité des genevois veulent. Si le citoyen peut faire les choix qui s'imposent en connaissance de cause, c'est la démocratie, sinon c'est de la manipulation.
Cordialement
Bruno Hubacher