Basé au bord de l'Aire, l'abbé catholique romain Philippe Matthey a fait temple comble à Plan-les-Ouates en ce 24 mars, fête de sainte Catherine. La pasteur Sommer n'en a pas été jaloux ni le curé vieux catholique Mockry qui a introduit la deuxième soirée des conférences d'avant Pâques des paroisses chrétiennes de Genève sud. Vos églises sont-elles assez proches, lui a-t-on demandé un jour? Oui, nos églises sont dos à dos, a-t-il répondu, déclenchant l'hilarité des quelque 80 retraités présents.
Matthey a fait Compostelle. En trois mois. Pas comme Rufin "qui écrit très bien mais qui trie entre les bons et les mauvais pèlerins". Ce soir, le prêtre est venu partagé son carnet de route biblique et pédestre - "à vélo, on voit moins bien le paysage" - rassuré que, foi du théologien Margueraz, la parole dit vrai... Un témoignage pudique et pour tout dire rectiligne, où le doute paraît absent ou bien caché derrière l'échafaudage des saintes sentences.
Air du temps - Page 128
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L'abbé marcheur fait temple plein. Une épreuve sans doute...
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Le père Julien
Il a plus de soixante-dix ans, les cheveux blancs, il s'empare du micro... - Je voulais vous dire... (l'émotion brise sa voix déjà pas bien forte) ... et bien, le père Julien, que certains ont connu quand il est venu pour quelques mois il y a quelque temps, et bien... il est mort... il a été assassiné dans son église, en Centrafrique...
L'irruption brutale de l'actualité africaine dans le Grand Genève. Pas un mouvement. Les détails de l'information se perdent dans un sanglot. Les gens restent figés, frappés de stupeur. L'église de Saint-Julien-en-Genevois est pleine. Surtout des personnes âgées, mais aussi de très jeunes enfants avec leur grands parents, parfois leurs parents.
Que dire, que faire! "Prier pour que des artisans de paix se dressent dans toutes les communautés" comme le dit le prêtre avant de renvoyer les gens chez eux? Chacun se remémore un bribe de souvenir de ce prêtre venu ici. Impuissant, révolté, effrayé...
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D.
Quelle était votre opinion quand le caricaturiste danois a représenté Mahomet avec une bombe dans le turban? Vous avez dénoncé l'islamophobie ou vous avez défendu la liberté de la presse?
Que signalait ce dessin? Que l'islam était (comme d'autres idéologies?) mère du terrorisme? Cette interprétation possible est excessive et fausse et même dangereuse, car ce serait associer tous les adeptes de cette religion à une lecture folle et erronée de minorités fondamentalistes.
Pour le moins, ce trait de plume, qui a enflammé le monde musulman, obligeant chacun à prendre parti, dénonçait le fait qu'une idéologie ou une religion peut engendrer des terroristes en son sein. Quelques terroristes et non pas le terrorisme: ce n'est évidemment pas la même chose, cette distinction fait même toute la différence. Dans cette lecture, la partie reste la partie, l'exception, l'exception, la tumeur est circonscrite pour ce qu'elle est. Les plus sages doivent la combattre, la dénoncer, l'exclure et surtout cultiver la santé du corps sain.
Mais quand le roi, ses ministres et ses grands prêtres médiatiques appellent à tuer le fou du roi sous prétexte qu'il pourrait par le seul effet de ses mots ou de quelques gestes corrompre le peuple, c'est que le roi est nu et que le peuple est assujetti.
Comme un boxeur, une société saine et forte se reconnaît à sa capacité d'encaisser les coups sans que les coups ne la secouent.
Sur une échelle de dix, où posez-vous le curseur de la santé de la société française? Et de la société genevoise?
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