L'abbé marcheur fait temple plein. Une épreuve sans doute... (24/03/2014)
Basé au bord de l'Aire, l'abbé catholique romain Philippe Matthey a fait temple comble à Plan-les-Ouates en ce 24 mars, fête de sainte Catherine. La pasteur Sommer n'en a pas été jaloux ni le curé vieux catholique Mockry qui a introduit la deuxième soirée des conférences d'avant Pâques des paroisses chrétiennes de Genève sud. Vos églises sont-elles assez proches, lui a-t-on demandé un jour? Oui, nos églises sont dos à dos, a-t-il répondu, déclenchant l'hilarité des quelque 80 retraités présents.
Matthey a fait Compostelle. En trois mois. Pas comme Rufin "qui écrit très bien mais qui trie entre les bons et les mauvais pèlerins". Ce soir, le prêtre est venu partagé son carnet de route biblique et pédestre - "à vélo, on voit moins bien le paysage" - rassuré que, foi du théologien Margueraz, la parole dit vrai... Un témoignage pudique et pour tout dire rectiligne, où le doute paraît absent ou bien caché derrière l'échafaudage des saintes sentences.
Verbatim d'une sage méditation:
Dieu a fait confiance à des hommes pour être ses porte-parole. Qui me raconte l'histoire de Dieu à moi. Et me raconte aussi mon histoire à moi. Margueraz dit: la vérité est relationnelle. Dieu est moi et Dieu est nous.
Luc raconte (4-13) les tentations de Jésus. En relisant ses notes prises chaque soir en chemin, Matthey relève bien des épreuves qui l'ont éprouvées. Éprouvé par le diable et conduit par l'esprit. Comme Jésus. Es-tu seul pour traverser le désert, maître tout seul de ton avenir, ou marches-tu dans la confiance faite au père qui s'est révélé.
Sa marche est scandée chaque jour par un verset biblique, un verset qui s'est comme imposé à moi. Le premier jour résonne avec la parole lue dans Mathieu: "Venez à moi, vous qui portez un fardeau..." En marchant, le prêtre éprouve la communion des saints, entend la présence de Marie - moi qui n'ai jamais été très marial, se sent porter par la prière, découvre que marcher c'est aimer...
Se surprend à réciter la litanie des noms, les noms de ses parents, les noms de ces amis des heure durant. S'en accoutume. S'en va vers le pays inconnu. Comme Abraham. Perd le chemin, le jour de la mort de Gérard Bondy, le jour où il lit cette parole: Je suis le chemin et la vie. Des paysans le remettent sur la bonne voie. Il descend alors vers Moissac.
"Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite." Il traverse le vignoble du Tarriquet. Les croix et les églises, inombrables sur le chemin, sont moins des demeures de Dieu que des signes que Dieu demeure en nous. Vous tous qui avez soif, venez... Vous serez purifiez...
Où nous conduit ce chemin? Qu'y fais-je? Inspiration: le mouvement n'empêche pas de demeurer. "La vérité vous rendra libre", rappelle Jean. "J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé", dit Paul. L'évidence de la résurrection s'impose alors qu'il passe devant la Cruz de Ferro, une croix de fer posée au sommet d'un pieu de chêne, au pied duquel les pèlerins déposent une pierre qu'ils ont emportée de chez eux. Une des deux pierres qu'il dépose lui a été donnée par Gérard Bondy. La plus belle étape de son chemin. Dieu ressuscite son Fils. "Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi!"
Homme debout. Je me sentis jeune, l'espace d'une éternitė. Même si ça grince de temps en temps.
À trois jours de l'arrivée. En vous, soyez, par l'esprit saint, la demeure de Dieu.
Église ambulante. Lève-toi! Va! Quitte! On est fait pour avancer. À un rythme normal. Moi qui suis un impatient...
Compostelle. 66e étape. Le 24 septembre 2012. J'ai choisi, sans prétentieux, cette parole: Tout est accompli. Dieu, les prophètes, son Fils. Dès le matin de la création, le désir de Dieu est d'aller au bout de l'homme. Jusqu'à la croix. Don gratuit. L'amour comme l'accomplissement de la loi.
Santiago. Un compagnon. Le témoin de mon épreuve de passant. Emmaus.
Notre cœur n'était-il pas brûlant tandis qu'il nous parlait sur le chemin?
Sans doute!
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