Quelle est la logique de la fusion enfin consommée entre les deux géants de l'énergie français, le privé Suez (qui sera délesté de ses activités environnement) et le public Gaz de France?
La création d'une entreprise globale - la quatrième du monde dans le domaine en valeur boursière - championne de l'innovation et de la concurrence grâce à une efficacité poussée à son terme à tous les étages et dans tous les maillons de la chaîne de production? Ou celle d'un géant assez gros pour avaler comme un trou noir tout ce qui passe à sa portée, jusqu'à la lumière d'une information le concernant, désormais encore plus hors de portée des journalistes?
La logique est-elle celle comme le dénoncent les syndicats français celle d'une dénationalisation qui ne dit pas vraiment sont nom, qui dilue Gaz de France dans un mastodonte capitalistique, dont l'Etat français ne conservera que la minorité des actions, minorité de blocage certes, mais minorité d'initiative aussi?
Un peu des deux certainement.
Cette dernière raison me rappelle que Genève connaît aussi sa fusion, dont la logique échappe au commun des mortels. Une fusion bien plus modeste, qui ne défraye pas la chronique. La fusion du génie gris et du génie vert. La fusion de l'école d'ingénieur de Lullier et de l'école d'ingénieurs de Genève. En cours depuis une bonne année, ce mariage devrait être consommé en 2008 ou en 2009.
Interpellé jeudi soir en marge de l'intronisation publique de Blaise Mathey le nouveau patron des patrons genevois à la tête de la FER Genève, un directeur du DIP lâche in petto: La raison du mariage? C'est tout simplement le sauvetage de l'Ecole d'ingénieurs de Genève!
L'école d'ingénieurs serait-elle en péril? Oui. L'hémorragie des profs continue, celle des étudiants aussi happée par les autres écoles de la nébuleuse HES-SO qui se livrent une concurrence acharnée pour conserver la masse critique au-dessous de laquelle elles sont vouées à être rattachées à une autre école.
En mal de repositionnement dans un canton presque entièrement voué aux services et qui dédaigne un peu le secteur secondaire, lâchée par l'industrie chimique locale, toujours minée par des conflits syndicaux et idéologiques, l'Ecole d'ingénieurs de Genève doit urgemment se retrouver une raison d'être. Et cette raison d'être sera l'environnement urbain végétalisé. D'où la fusion entre les ingénieurs de Lullier, architectes du paysage, ingénieurs agricoles et ingénieurs de l'environnement et les ingénieurs de la bien nommée rue de la Prairie: microtechniciens, architectes, génie civil, ingénieur en technologie de l'information.
Reste aux autorités genevoises à fixer la date du mariage et à préciser les modalités de collaboration avec l'Université qui, sans crier gare, vient de créer sa "muse", son master universitaire en science de l'environnement. Histoire sûrement d'ajouter un peu plus de logique floue dans les filières romandes de formation.
A suivre.