Deux conseillères fédérales au 19.30 de la TSR hier soir. Enfin une sur le plateau. Micheline Calmy-Rey venue à Genève célébrer le cinquième anniversaire de l'adhésion de la Suisse à l'ONU. L'autre ministre, invitée par le PDC, n'a eu droit qu'à une minute en différé. Un seul thème proposé par Darius Rochebin: Blocher. Ce matin dans les gazettes toujours le même épouvantail en une.
Les journaux ne font pas l'opinion, mais il l'a conforte. Complot, conspiration, démission. Les mots sont sans concession. De quoi piéger tout le monde dans une posture binaire. T'es pour ou t'es contre Blocher! Ce n'est plus une question. Les deux camps fourbissent leurs armes et rassemblent leurs partisans. Les tièdes, les sceptiques, les indifférents n'ont plus qu'à se taire sous peine d'être exclus du champ politique, traités de traitre par un bord ou par l'autre.
Pris dans la tourmente de l'actualité - il faut bien occuper l'espace sonore ou éditorial -, les commentateurs se lamentent sur la dérive de la campagne électorale, en en rejetant évidemment la responsabilité sur tous les acteurs, incapables de nous entretenir du pouvoir d'achat, de l'emploi, de la santé, de la mondialisation, les vrais sujets politiques qui intéressent les Suisses".
Ils dégagent en touche. Eux aussi. Car la presse, une presse libre, libre des contingences économiques qui l'a contraignent à brasser la même soupe, une presse au service du bien commun, une presse idéale devrait d'abord enquêter pour tirer le juste du faux, pour dégager la vérité de la manipulation Et dans l'intervalle accorder le bénéfice du doute à l'accusé.
Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Loin s'en faut. Les socialistes volontiers donneurs de leçons, hérauts de la pensée politiquement correct et principaux censeurs de Blocher se discréditent en exploitant dans le campagne d'affichage les mêmes ressorts de la démagogie: la peur.