La France est divisée. En quatre camps de poids pratiquement égaux et qui paraissent irréconciliables. Les proeuropéens, de gauche et de droite, et les antieuropéens, de gauche et de droite, d'une part. Les dégagistes et indignés de gauche et de droite, la grande coalition gouvernementale d'autre part, qu'incarne désormais Emmanuel Macron.
Le nouveau président va sans doute gouverner avec les sociaux-démocrates du parti socialiste, comme Angela Merkel en Allemagne. Combien de militants des Républicains parviendra-t-il à rassembler? C'est une des inconnues de la campagne des Législatives qui s'ouvre et se terminera le 18 juin, le jour de l'appel du général de Gaulle depuis Londres à la France libre...
Il n'y aura sans doute pas de proportionnelle pour l'élection de l'assemblée nationale. Le scrutin majoritaire à deux tours favorise le courant majoritaire. C'est ainsi que Sarkozy puis Hollande ont conquis une confortable majorité après leur élection respective en 2007 et 2012. En 2017, aucun des quatre camps ne peut se prévaloir de la dynamique présidentielle, pas même les militants d'En Marche qui n'ont que des transfuges aujourd'hui au Palais Bourbon. C'est la deuxième inconnue du prochain mois.
La troisième inconnue, c'est la France politique, elle-même, qui ne parvient pas à se comprendre autrement qu'au travers d'un homme providentiel. Cette monarchie républicaine est insupportable. Macron y sacrifie ce soir en traversant la Cour du Louvre, seul, sous les vivats lointains, sidérés et enthousiastes de ses partisans tandis que sonne l'hymne à la joie du compositeur allemand (européen?) Beethoven.
La quatrième inconnue, c'est la concorde civile, gravement mise en cause par les inégalités que la logique économique creuse en France comme ailleurs, que la mondialisation accentue, que l'irruption partout de l'intelligence artificielle va intensifier. Autant de défis que l'Europe et les Etats providence paraissent bien en peine de relever comme ils l'ont fait pendant un demi-siècle jusqu'à la dernière crise financière de 2007-2008.
Macron, devant la pyramide de l'architecte amércain d'origine chinoise Ieoh Ming Pei - audace d'un président monarque, mais aussi cœur d'une culture européenne et mondiale - dit: "Je vous protégerai...!"
N'est-ce pas présomptueux!
Commentaires
Ce sont les propos de la droite et de la gauche, toutes deux battues en deux tours qui étaient présompteux, hier soir, sur France 2.
De l'insoutenable arrogance de François Baroin qui se voyait en premier ministre d'une cohabitation fantasmée avant même que les législatives ne soient votées au gaucho mélenchonniste (je n'ai pas retenu son nom) qui y allait allègrement de ses menaces, on n'a pu que faire le constat, une fois de plus, de l'incurie crasse de la classe politique traditionnelle française.
Au front national, on retiendra le rictus souriant et niais de Marine le Pen prophétisant le renouveau de l'extrême-droite... Affligeant spectacle.
Finalement, le seul qui s'est comporté avec respect du vainqueur et élégance républicaine, c'est Dominique de Villepin. Le monde à l'envers, en quelque sorte.
Et peut-être que, pour une fois, on pourrait faire le pari de la réussite de ce nouveau président? Ce serait un heureux changement de climat, tant l'actuel est nauséabond à force de pourrir.