AET pour les intimes, c'est Anne Emery-Torracinta, ci-devant ministre genevoise de l'Instruction publique (et non de l'Education nationale). Comme quelques autres avant elles, AET voit son nom à rallonge réduit à son acronyme par les gens pressés: MBG pour Martine Brunschwig Graf, MCR pour Micheline Calmy-Rey, EWR pour Eveline Widmer-Schlumpf... JSA... JSA? Johann Schneider Ammann a échappé à cette règle. Trop inconnu sans doute, le ministre oblige les médias à écrire son patronyme en entier.
Mais revenons à l'essentiel, le budget de l'Etat de Genève, 7,8 milliards de francs, actuellement en état de mort clinique, parce que le MCG, qui a voté avec la droite le "Personal Stop" (contre l'avis du gouvernement), a aussi voté avec la gauche (contre l'avis du gouvernement) le versement en 2016 de l'annuité aux fonctionnaires qui ne sont pas encore au sommet de leur classe salariale.
Trois fois sanctionnés par ses propres troupes, par l'opposition et par les grévistes qui occupent la rue, la majorité gouvernementale aurait dû démissionner. C'est ce qui se passe dans la plupart des démocraties quand le gouvernement perd la confiance du parlement. Pas en Suisse, car chaque ministre n'est pas élu comme membre d'un gouvernement sous la férule d'un premier ministre, mais individuellement. Il doit ensuite composer avec son parti pour cohabiter au mieux avec ses collègues.
Le ministre issu des rangs du MCG, Mauro Poggia, est un grand slalomeur. Il fait même partie de la délégation du Conseil d'Etat aux affaires du personnel.
Or le MCG n'étant pas un partenaire fiable dans le vote clé du budget, il convient de s'interroger sérieusement sur le maintien de son ministre dans ladite délégation.
Antonio Hodgers se taille sans bruit un costume de bon ministre responsable. Il pourrait sans doute remplacer Mauro Poggia et offrir ses 10 députés verts pour que, de minoritaire, le soutien au budget PLR, PDC et UDC trouve une courte majorité.
Cependant, les Verts ne sont pas en odeur de sainteté au sein de la gauche et encore moins dans le monde syndical. Certes sous la houlette de Lisa Mazzone, les écologistes genevois se sont clairement alignés sur les position de l'Alternative. Mais leur histoire est perlée de votes avec la droite, notamment dans le domaine budgétaire, quand le grand argentier genevois avait la même couleur qu'eux.
Reste donc le parti socialiste qui conserve, moins qu'autrefois, des liens étroits avec les syndicats. La balle est donc dans le camp d'AET. On ne lui demandera pas d'en changer, mais d'assumer son rôle de femme d'Etat. Championne des socialistes, elle est l'élue des Genevois et doit donc contribuer à forger un compromis viable pour que Genève se réveille le 1er janvier 2016 avec un budget.
Reporter cette décision, c'est engager l'Etat dans l'incertitude des douzièmes provisionnelles et prendre le risque inconsidéré que les Genevois votent la loi sur le Personal Stop en juin.
Commentaires
Si ce soir, le Grand conseil refuse le PL sur la déduction des primes maladies (urgence demandée par le PLR et votée par l'UDC et le MCG)la budget est mort et on part pour un bon momentt en 12ème.
Cher Monsieur,
Faisons quelques mathématiques.
Majorités parlementaires possibles :
- la majorité "droite dure" PLR24-MCG19-UDC11=54 (CE 3/7) : vous noterez que le PDC n'y est pas utile.
- la majorité de "centre droit" PS15-V10-PDC10-PLR24 =59 (CE 6/7) : vous noterez que les Verts n'y suffisent pas, celle-ci doit s'étendre du PS au PLR.
- Reste encore l'option parfaitement théorique d'une majorité EAG9-PS15-V10-MCG19=54 (CE 3/7), qui est d'ailleurs celle qui a refusé l'entrée en matière sur le B2016, mais si elle peut se réaliser pour être un élément de blocage, je ne la vois pas possible dans une optique d'acceptation.
- Voire également cette majorité bien étrange qui est celle que vous évoquez : PLR24-PDC10-UDC11-V10 =54 (CE 6/7). Cette hypothèse est encore idéologiquement plus saugrenue que la précédente et je n'arriverai même pas à envisager l'argumentation justifiant une telle alliance.
Si le CE veut que le PS se comporte en parti gouvernemental et non d'opposition, 4 conditions doivent être réalisées :
1) un accord avec la fonction publique sur les conditions cadres
2) un abandon du moins 5% linéaire sur les charges de personnel de l'Etat et du secteur subventionné
3) un accord parlementaire sur un travail sérieux et constructif en vue de nouvelles recettes fiscales, qui devrait, ad minima, s'exprimer par l'acceptation des mesures proposées par le Conseil d'Etat (vous noterez que le vote de ce soir au Grand Conseil fixera cette option)
4) une attitude également gouvernementale du PLR (et par voie de conséquence, du PSC), ce qui veut dire cesser de porter des attaques néolibérales CONTRE le Gouvernement de majorité de droite et de pratiquer la surenchère permanente (par exemple, le Personal Stop).
Aujourd'hui, l'enjeu n'est pas de connaître le positionnement des partis, mais celui de savoir si la majorité du CE a encore le lead sur ses groupes parlementaires, ou si, comme y travaillent M. Aellen et ses disciples, le Parlement peut menacer, invectiver, et vouloir asservir le CE à un esprit libertarien exacerbé.
Finalement, vous le constatez, la responsabilité est bien plus dans les mains de Messieurs Longchamp et Dal Busco que n'importe où ailleurs...
Et qui remplacerait Madame Torracinta au DIP ? Monsieur Poggia, converti musulman ? Est-ce une injure à l'Islam de penser que ce serait une mauvaise solution ?