Et si AET remplaçait Poggia? (04/12/2015)

Emery Torracinta guiraud 2012.jpgAET pour les intimes, c'est Anne Emery-Torracinta, ci-devant ministre genevoise de l'Instruction publique (et non de l'Education nationale). Comme quelques autres avant elles, AET voit son nom à rallonge réduit à son acronyme par les gens pressés: MBG pour Martine Brunschwig Graf, MCR pour Micheline Calmy-Rey, EWR pour Eveline Widmer-Schlumpf... JSA... JSA? Johann Schneider Ammann a échappé à cette règle. Trop inconnu sans doute, le ministre oblige les médias à écrire son patronyme en entier.

Mais revenons à l'essentiel, le budget de l'Etat de Genève, 7,8 milliards de francs, actuellement en état de mort clinique, parce que le MCG, qui a voté avec la droite le "Personal Stop" (contre l'avis du gouvernement), a aussi voté avec la gauche (contre l'avis du gouvernement) le versement en 2016 de l'annuité aux fonctionnaires qui ne sont pas encore au sommet de leur classe salariale.

Trois fois sanctionnés par ses propres troupes, par l'opposition et par les grévistes qui occupent la rue, la majorité gouvernementale aurait dû démissionner. C'est ce qui se passe dans la plupart des démocraties quand le gouvernement perd la confiance du parlement. Pas en Suisse, car chaque ministre n'est pas élu comme membre d'un gouvernement sous la férule d'un premier ministre, mais individuellement. Il doit ensuite composer avec son parti pour cohabiter au mieux avec ses collègues.

Le ministre issu des rangs du MCG, Mauro Poggia, est un grand slalomeur. Il fait même partie de la délégation du Conseil d'Etat aux affaires du personnel.

Or le MCG n'étant pas un partenaire fiable dans le vote clé du budget, il convient de s'interroger sérieusement sur le maintien de son ministre dans ladite délégation.

Antonio Hodgers se taille sans bruit un costume de bon ministre responsable. Il pourrait sans doute remplacer Mauro Poggia et offrir ses 10 députés verts pour que, de minoritaire, le soutien au budget PLR, PDC et UDC trouve une courte majorité.

Cependant, les Verts ne sont pas en odeur de sainteté au sein de la gauche et encore moins dans le monde syndical. Certes sous la houlette de Lisa Mazzone, les écologistes genevois se sont clairement alignés sur les position de l'Alternative. Mais leur histoire est perlée de votes avec la droite, notamment dans le domaine budgétaire, quand le grand argentier genevois avait la même couleur qu'eux.

Reste donc le parti socialiste qui conserve, moins qu'autrefois, des liens étroits avec les syndicats. La balle est donc dans le camp d'AET. On ne lui demandera pas d'en changer, mais d'assumer son rôle de femme d'Etat. Championne des socialistes, elle est l'élue des Genevois et doit donc contribuer à forger un compromis viable pour que Genève se réveille le 1er janvier 2016 avec un budget.

Reporter cette décision, c'est engager l'Etat dans l'incertitude des douzièmes provisionnelles et prendre le risque inconsidéré que les Genevois votent la loi sur le Personal Stop en juin.

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