Le débat électoral est l'émission la plus casse-gueule qui soit. Du moins depuis que des grandes gueules sans grande culture ont pris, à Genève, le malin plaisir de tempêter au micro et de parler à tort et à travers sans respect ni pour leurs interlocuteurs ni pour l'animateur ni pour le public qui a tôt fait de zaper face à ces foires d'empoigne. Et ce ne sont pas les gazouillis que le téléspectateur peut émettre et qui eux sont filtrés qui vont changer le fait que le débat est mort. Le Grand débat d'Infrarouge en a encore une fois administré la preuve.
La faute aux populistes de tous bords, aux yakas et aux fautqu'on. La faute aussi au format de l'émission qui veut imposer quatre ou cinq thèmes dans deux heures trente de direct et aux animateurs qui coupent la parole, soucieux de ou condamnés à faire avancer la discussion et de ou à donner à chaque tribun sa part de temps d'antenne.
Au final, qui a eu le courage d'écouter jusqu'au bout. Que sait-on de plus? Que s'est-on dit, qui ne fût pas déjà dit et entendu? A quoi donc sert ce cirque électoral sinon pour la RTS à cocher la case: "à respecter son mandat de service public"?
L'affaire est plus grave et dépasse de loin l'émission d'hier soir. Car, à Genève du moins, la péroraison, le bavardage persillé d'invectives pollue trop souvent les débats des conseils. Le plus atteint est sans conteste le Conseil municipal de la Ville de Genève qui, pour 220'000 francs par an, se donne en triste spectacle sur les ondes de Léman Bleu.
On me dira que tout cela n'est pas nouveau et que le parlementarisme est une maladie largement répandue. Certes, mais est-ce une raison pour ne pas s'en alarmer? L'Internet et les réseaux sociaux nous imposent de penser et de pratiquer la politique autrement.
La politique perd du pouvoir sous le coup de la mondialisation et de la privatisation rampante qui se répand partout. Un seul exemple: le cycliste qui circule sur un trottoir se l'approprie. Il n'agit pas autrement que les propriétaires qui tissent entre eux un maillage de servitudes pour empêcher la construction de logements.
Le temps perdu en vaines discussions, le rabâchage de ce qui s'est dit en commission, les rapports sans fin que l'électronique n'a nullement raccourci, au contraire, les compromis patiemment tissés qui sont détruits pour le profit d'un parti, l'arsenal légal, réglementaire et normatif qui ne cesse de s'étendre au gré du principe de précaution et de la défiance à l'égard de l'exécutif, tout concourt à dévaloriser les élus.
Les seuls qui semblent tirer profit de ce brouhaha, ce sont les administrations, les juges et les avocats qui n'ont aucune peine à trouver le iota de travers pour abattre en un rien de temps une savante construction ou l'embrouiller davantage auprès des tribunaux.
Que faire? J'avoue que je sèche un peu. J'attends avec grand intérêt que des propositions sortent des think tanks et des universités mais je suis un peu comme sœur Anne....
Commentaires
Ne vous inquiétez pas Monsieur Mabut, tout vient à point pour qui sait attendre :-)
"le cycliste qui roule sur le trottoir se l'approprie": et pas le piéton ? et que dire des autos qui se sont alors appropriés des milliers d'hectares en 100 ans ?
Votre exemple ne prouve strictement rien, ou alors il vous faut développer !
"Tristement vrai."
En résumé, j'ai bien fait de ne pas regarder cette émission dont je pressentais le côté confus, inutile et sans intérêt...
Conseil Municipal genevois, un "triste" spectacle? un autre mot pour cet euphémisme peut-être?
impossible de ne pas zapper. j'ai donc arrêté de zapper. comment jeter la pierre aux conseillers? d'ailleurs je leur souhaite bien du courage jusqu'à juin 2015
en support à la triste position des conseillers, peut-on rappeler que
Carlos Meideros, tout frais élu pdt du CM le 2 juin 2015, a déclaré
« que cette accession à la présidence était un aboutissement pour lui »
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/mcg-carlos-medeiros-elu-1er-citoyen-ville-geneve/story/14753324
et très vite à rendu les séances du CM insupportables et inaudibles de son siège de président du CM, entre
- une prononciation du français inaudible
- ses incapacités à maîtriser la procédure, obligeant à interruptions incessantes au milieu d'une phrase ou d'un ordre (Meideros corrigé non stop par un discret assesseur)
- dédain et grossièreté arborés envers les intervenants, incompétence dans son rôle de modérateur
- ses invectives jetées à ses adversaires tel lors d’une séance houleuse du Municipal – «Pétasse (…), je vais lui exploser la gueule à ce con»
et ce tout, avant d’annoncer sa dem le 29 juillet - soit en pas même 2 mois de mandat, pour juin 2016
car "ce qu’il veut, explique-t-il, est se consacrer pleinement à son mandat de député cantonal"
Ces choix et comportements dénotent une énome absence d'éthique, de déontologie et de respect vis à vis des électeurs et de nos institutions
certes oui! et merci JF Mabut, vous avez mille fois raison de poser ici et maintenant la question de ce gâchis, en termes de coûts auquel s'ajoute le poids des conséquences,
en termes de crédit
face à nos corps institutionnels
et d'absentéisme de l'électorat
http://www.letemps.ch/suisse/2015/07/29/carlos-medeiros-un-president-derange
Ayant, en + de la conciergerie du Grand Conseil, assumé celle du Conseil Municipal en 2001 je garderai mon avis par devers moi sur l'Aventin....mais je n'en pense pas moins :-)
pierre losio