Double échec du Grand débat électoral d'Infrarouge sur la RTS (08/10/2015)

Capture d’écran 2015-10-08 à 17.47.19.pngLe débat électoral est l'émission la plus casse-gueule qui soit. Du moins depuis que des grandes gueules sans grande culture ont pris, à Genève, le malin plaisir de tempêter au micro et de parler à tort et à travers sans respect ni pour leurs interlocuteurs ni pour l'animateur ni pour le public qui a tôt fait de zaper face à ces foires d'empoigne. Et ce ne sont pas les gazouillis que le téléspectateur peut émettre et qui eux sont filtrés qui vont changer le fait que le débat est mort. Le Grand débat d'Infrarouge en a encore une fois administré la preuve.

La faute aux populistes de tous bords, aux yakas et aux fautqu'on. La faute aussi au format de l'émission qui veut imposer quatre ou cinq thèmes dans deux heures trente de direct et aux animateurs qui coupent la parole, soucieux de ou condamnés à faire avancer la discussion et de ou à donner à chaque tribun sa part de temps d'antenne.

Au final, qui a eu le courage d'écouter jusqu'au bout. Que sait-on de plus? Que s'est-on dit, qui ne fût pas déjà dit et entendu? A quoi donc sert ce cirque électoral sinon pour la RTS à cocher la case: "à respecter son mandat de service public"?

L'affaire est plus grave et dépasse de loin l'émission d'hier soir. Car, à Genève du moins, la péroraison, le bavardage persillé d'invectives pollue trop souvent les débats des conseils. Le plus atteint est sans conteste le Conseil municipal de la Ville de Genève qui, pour 220'000 francs par an, se donne en triste spectacle sur les ondes de Léman Bleu.

On me dira que tout cela n'est pas nouveau et que le parlementarisme est une maladie largement répandue. Certes, mais est-ce une raison pour ne pas s'en alarmer? L'Internet et les réseaux sociaux nous imposent de penser et de pratiquer la politique autrement.

La politique perd du pouvoir sous le coup de la mondialisation et de la privatisation rampante qui se répand partout. Un seul exemple: le cycliste qui circule sur un trottoir se l'approprie. Il n'agit pas autrement que les propriétaires qui tissent entre eux un maillage de servitudes pour empêcher la construction de logements.

Le temps perdu en vaines discussions, le rabâchage de ce qui s'est dit en commission, les rapports sans fin que l'électronique n'a nullement raccourci, au contraire, les compromis patiemment tissés qui sont détruits pour le profit d'un parti, l'arsenal légal, réglementaire et normatif qui ne cesse de s'étendre au gré du principe de précaution et de la défiance à l'égard de l'exécutif, tout concourt à dévaloriser les élus.

Les seuls qui semblent tirer profit de ce brouhaha, ce sont les administrations, les juges et les avocats qui n'ont aucune peine à trouver le iota de travers pour abattre en un rien de temps une savante construction ou l'embrouiller davantage auprès des tribunaux.

Que faire? J'avoue que je sèche un peu. J'attends avec grand intérêt que des propositions sortent des think tanks et des universités mais je suis un peu comme sœur Anne....

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