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Musulmans, catholiques, même combat?

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image.jpgIls ont été justes insupportables Romaine Jean et son commentateur en voix off, qui nous ont raconté, ce soir sur la télé publique, la méchante Suisse qui a eu le culot de voter contre les minarets. Leur ton est mielleux, pétri de cette morgue et de cette condescendance des intellectuels, qui ne comprennent juste pas que si l'initiative a gagné, c'est que la question a concerné bien au-delà des rangs brocheriens.

Je connais nombre de femmes qui n'avaient jamais voté pour l'UDC et ne voteront jamais pour ce parti, qui ont voté pour l'initiative contre les minarets. C'est un fait. Il n'a pas été analysé. Leur vote n'était pas un vote de peur. C'était un vote de révolte. 

J'ai voté contre l'initiative de l'UDC et voterait encore contre aujourd'hui, mais il ne faut pas être angélique. Toutes les religions, toutes les convictions, toutes les idéologies nourrissent des fondamentalismes. L'islam est aujourd'hui pris en otage par des fondamentalistes. C'est un fait. Dommageable pour tous. 

Calvin instaura une théocratie a Geneve. Elle dura plus de deux siècles avant que les pasteurs ne perdent peu à peu leur emprise sur la société et que les idées libérales des lumières ne débouchent sur une séparation des Eglises et de l'Etat et sur l'émancipation des citoyens. 

Au XIXe siècle, les précurseurs des démocrates-chrétiens furent excommuniés par Rome, qui a combattu cette émancipation. L'institution garde encore aujourd'hui une emprise forte sur les catholiques, même si elle a mis beaucoup d'eau dans son vin et admet pleinement l'autonomie politique des croyants.

L'islam n'a pas franchi cette étape. Certes, en Suisse, les croyants et les convertis affirment qu'ils respectent et respecteront les lois démocratiques, mais on sent bien un embarras et même des réticences lourdes dès lors qu'il s'agit de l'égalité des sexes. L'emprise religieuse est longue à se déprendre.

Ce n'est évidemment pas en stigmatisant ces croyants, en leur refusant des lieux de cultes et des minarets ou en leur interdisant certains mises vestimentaires qu'on augmentera la paix civile. 

Après les minarets, la burqa. Le piège est tendu. Il y a fort à parier qu'il va se refermer. Les belles âmes, façon Romaine Jean, pourront dénoncer l'obscurantisme des Suisses et réclamer qu'on les prive du droit de s'exprimer sur ces sujets. Le remède serait pire que le mal. 

Comment convaincre les Suisses de résister à la tentation de l'ostracisme? Je crains hélas que le Kulturkampf contre l'islam n'en soit qu'à ses débuts. 

il y a 140 ans, le gouvernement radical genevois a fermé plusieurs églises à Genève pendant près d'une génération, forçant les catholiques fidèles à Rome à se réfugier dans des granges transformées en lieux de culte dit de la persécution. 

Il faut espérer que naissent en Islam des réformateurs et des esprits éclairés. Il faut aussi que les détenteurs de la manne petroilière créent des emplois pour que les jeunes des pays arabes et musulmans trouvent des perspectives émancipatrices. Ça prendra du temps.

http://www.rts.ch/emissions/les-coulisses-de-l-evenement/des-minarets-a-la-burqa/

Commentaires

  • En un premier temps refuser la construction de minarets n'était pas logique. Soit pas de mosquées tout court, si mosquées, avec minarets (telles qu'avec églises avec clochers).
    Mais le vote anti minarets était un moyen par lequel lancer un signal d'alarme: l'islam n'a pas franchi les étapes du libre-arbitre, de la laïcité, de l'émancipation des femmes, de l'éradication de la peine capitale, des tortures comme pendaisons et lapidations... toutes choses parfaitement voire notoirement connues au moment de la votation sur les minarets.
    La "morgue et la condescendance", la hauteur et le mépris à commencer par ceux des médias qui ont pris plaisir à insulter celles et ceux (Courriers de lecteurs, principalement)sans l'argent desquels ils ne se situeraient pas "élites" au-dessus d'autrui a laissé de profondes traces d'écoeurement.

    L'actualité ne donne-t-elle pas raison à ces lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs "frileux", incultes, "barricadés"?

    Pas plus insensibles que sourds à ce que signifiait "en partie"! cette votation anti-minaret (pour ici ne parler que d'elle) des théologiens musulmans relisent le coran (sans oublier la charia, on veut l'espérer) avec d'autres yeux, le remettent en question en allant jusqu'à envisager la suppression de quelques sourates...

  • Félicitations !
    Ma surprise est grande de lire un tel article, écrit par vos soins.
    Merci pour cette agréable lecture.

  • Il est terminé le temps où les fidèles subissaient l'autorité toute puissante des Religieux. Les étapes ont été longues et laborieuses où jour après jour, année après année, les doctrines de l'Eglise ont été remises en question pour obtenir la liberté de penser.

    Les menaces à peine voilées que les Evêques en 1885 adressaient à ses ouailles en ses mots: Le libéralisme est une faute grave et un péché mortel ressemblent étrangement à celles des imams d'aujourd'hui qui n'admettent pas
    la liberté à chaque individu de remettre en question l'institution soit disant divine de leurs croyances.

  • Personne ne semble avoir de solution, il est là le problème !

    Alors, comme toujours en politique, il y a les pour et les contre, souvent ils fricotent dans tous les sens et ça donne une de ces purée encore plus infecte !

    Mais le plus gros problème, c'est la montée des partis populistes qui n'ont plus qu'à se baisser pour ramasser les votes venant de tous les bords et risquent même de s'allier avec les églises qui depuis attendent leur revanche !!

  • Il faut relever qu'il existe en Suisse des lieux de cultes pour des autres religions, entre autre les orthodoxes mais bizarrement personne n'en parle : on revient encore et toujours sur les mêmes sujets !

  • "Ils ont été justes insupportables Romaine Jean et son commentateur en voix off, qui nous ont raconté, ce soir sur la télé publique, la méchante Suisse qui a eu le culot de voter contre les minarets."
    J'aurais pu l'écrire, mot pour mot (sauf que j'aurais écrit "juste", mais bon...).

    Encore une fois pas d'accord avec Myriam B : "En un premier temps refuser la construction de minarets n'était pas logique. Soit pas de mosquées tout court, si mosquées, avec minarets (telles qu'avec églises avec clochers)"
    Interdire les mosquées aurait été contraire à la constitution en s'attaquant à la liberté religieuse. Les mosquées sont des lieux de culte, les minarets ne servent qu'à appeler à la prière, et une fois qu'ils sont érigés, il devient très vite impossible de leur refuser de fonctionner en tant que tels au nom de l'égalité devant le droit. Sauf à faire taire les cloches des églises...

  • @ Géo Je n'ai pas écrit qu'il fallait interdire les mosquées mais attiré l'attention que, de même que pour les clochers, les minarets vont de soi. Donc "soit minarets avec mosquées soit pas de mosquées" (pour faire comprendre ce que je voulais dire)!

    Je maintiens ce que j'ai écrit et l'attitude de Romaine Jean relevée par Monsieur Mabut est le reflet même de celle de tant de journalistes au moment des débats sur les minarets.

    Scandaleux (d'autant plus que si les journalistes ont pour fonction celle de l'information ils n'ont pas à nous dicter ce qu'il convient de penser y compris l'obligation de penser comme eux, comme ça leur convient ou comme "on" leur "demanderait"! de nous faire penser ou comprendre.

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