Musulmans, catholiques, même combat? (29/04/2015)

image.jpgIls ont été justes insupportables Romaine Jean et son commentateur en voix off, qui nous ont raconté, ce soir sur la télé publique, la méchante Suisse qui a eu le culot de voter contre les minarets. Leur ton est mielleux, pétri de cette morgue et de cette condescendance des intellectuels, qui ne comprennent juste pas que si l'initiative a gagné, c'est que la question a concerné bien au-delà des rangs brocheriens.

Je connais nombre de femmes qui n'avaient jamais voté pour l'UDC et ne voteront jamais pour ce parti, qui ont voté pour l'initiative contre les minarets. C'est un fait. Il n'a pas été analysé. Leur vote n'était pas un vote de peur. C'était un vote de révolte. 

J'ai voté contre l'initiative de l'UDC et voterait encore contre aujourd'hui, mais il ne faut pas être angélique. Toutes les religions, toutes les convictions, toutes les idéologies nourrissent des fondamentalismes. L'islam est aujourd'hui pris en otage par des fondamentalistes. C'est un fait. Dommageable pour tous. 

Calvin instaura une théocratie a Geneve. Elle dura plus de deux siècles avant que les pasteurs ne perdent peu à peu leur emprise sur la société et que les idées libérales des lumières ne débouchent sur une séparation des Eglises et de l'Etat et sur l'émancipation des citoyens. 

Au XIXe siècle, les précurseurs des démocrates-chrétiens furent excommuniés par Rome, qui a combattu cette émancipation. L'institution garde encore aujourd'hui une emprise forte sur les catholiques, même si elle a mis beaucoup d'eau dans son vin et admet pleinement l'autonomie politique des croyants.

L'islam n'a pas franchi cette étape. Certes, en Suisse, les croyants et les convertis affirment qu'ils respectent et respecteront les lois démocratiques, mais on sent bien un embarras et même des réticences lourdes dès lors qu'il s'agit de l'égalité des sexes. L'emprise religieuse est longue à se déprendre.

Ce n'est évidemment pas en stigmatisant ces croyants, en leur refusant des lieux de cultes et des minarets ou en leur interdisant certains mises vestimentaires qu'on augmentera la paix civile. 

Après les minarets, la burqa. Le piège est tendu. Il y a fort à parier qu'il va se refermer. Les belles âmes, façon Romaine Jean, pourront dénoncer l'obscurantisme des Suisses et réclamer qu'on les prive du droit de s'exprimer sur ces sujets. Le remède serait pire que le mal. 

Comment convaincre les Suisses de résister à la tentation de l'ostracisme? Je crains hélas que le Kulturkampf contre l'islam n'en soit qu'à ses débuts. 

il y a 140 ans, le gouvernement radical genevois a fermé plusieurs églises à Genève pendant près d'une génération, forçant les catholiques fidèles à Rome à se réfugier dans des granges transformées en lieux de culte dit de la persécution. 

Il faut espérer que naissent en Islam des réformateurs et des esprits éclairés. Il faut aussi que les détenteurs de la manne petroilière créent des emplois pour que les jeunes des pays arabes et musulmans trouvent des perspectives émancipatrices. Ça prendra du temps.

http://www.rts.ch/emissions/les-coulisses-de-l-evenement/des-minarets-a-la-burqa/

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