Gripen ou pas Gripen? Le choix est sans doute grippé. La Suisse peut-elle se payer des avions de combat? Évidemment oui. La Suisse a-t-elle besoin d'avions de combat? La réponse est sans doute oui aussi. La Suisse doit-elle posséder ses propres avions de combat? La réponse... ne fait pas partie de la question posée le 18 mai prochain. Dommage.
La Suisse se tourne de gré et de force vers des entreprises privées et/ou étrangères pour ses approvisionnements aussi bien alimentaires qu'énergétiques, pour envoyer des satellites dans l'air, pour la stabilité de sa monnaie, qu'elle a scotché à l'euro, pour l'Internet et la plupart de ses ordinateurs,... Pourquoi lui faut-il absolument posséder ses propres avions de combat?
Sans doute parce que les libéraux ne le sont pas autant qu'ils le prétendent. Eux qui nous rebattent les oreilles des vertus du marché, ils restent étonnamment englués dans des conceptions archaïques. Ils sont pour la souveraineté nationale totale du ciel, mais contre la souveraineté alimentaire.
Ils sont catastrophés par le oui des Suisses le 9 février dernier et craignent un autre oui à l'initiative Ecopop. Qu'est ce que les Gripen vont-ils donc défendre?
L'armée c'est sans doute la dernière souveraineté absolu qui prétend encore exercer son empire à l'intérieur des frontières. L'Internet est sans frontière. Les armée ont toujours été en retard d'une guerre.
Quant à l'argument misérable des compensations économiques promises par les Suédois, gageons que les 3,5 milliards du Gripen pourraient générer au moins autant d'emplois, de compensations et d'innovations s'ils étaient investis dans d'autres défis moins guerriers.
Doter par exemple le petit million d'élèves du pays avec des tablettes numériques et des profs capables de réinventer la pédagogie autour du livre du XXIe siècle. 3,126 milliards, le deal du Gripen, sans l'entretien ni le service après vente, ça fait quelque 3500 francs par élève, de quoi les équiper tous et de financer une bonne partie de la formation de leurs enseignants. Non?
Commentaires
3.5 milliards, ce n'est que le prix d'appel pour cet achat.
Comme pour une voiture, qu'il faut ensuite utiliser et entretenir. Et comme pour les voitures, les fabricants se sucrent avec l'entretien, les pièces de rechange et les accessoires.
Le coût d'exploitation à l' heure de vol cité par Maurer, 5000 francs sauf erreur, est tout simplement irréaliste.
L'Armée de l'air pas plus que les ministères concernés n'ayant été en mesure d'articuler le moindre chiffre, un parlementaire français de l'UMP a réclamé une estimation de ces coûts pour différents types d'avions: après une estimation à la louche de 39.000€ (!!!) pour le Rafale - très cher il est vrai - le rapport des experts qui a suivi en 2013 l'a revu à 27.000€ (soit 33.000 francs) l'heure.
Les Américains obtiennent des chiffres à peu près équivalents. Et ceci avec une flotte et des moyens autrement plus importants qu'en Suisse.
Pour assurer H24 une surveillance de notre espace aérien, comme le souhaite notre ministre, il sera nécessaire de maintenir en l'air au minimum un appareil, plus un autre prêt à l'envol, sachant que les coûts d'entretien seront alors exponentiels, surtout en raison des cycles moteurs, mais pas que.
Pour UN avion en l'air en permanence, il suffit de multiplier le coût (réaliste!) à l'heure de vol par 24 heures, ceci durant 365 jours par an.
Quelle que soit l'opinion de chacun pour ce achat, le minimum serait d'en connaître le prix dans une fourchette raisonnable. Ce n'est pas du tout le cas.
Il s'agit de ne pas tout confondre...
Nous votons le 18 mai sur le fonds d'acquisition Gripen, créé pour remplacer 54 Tiger par 22 Gripen. Ce fonds est pris sur le budget ordinaire de l'armée. Cela signifie que si nous ne disons pas OUI le 18 mai prochain, l'armée achètera de nouvelles tenues d'assaut, des canons ou autres munition, qui eux, seront certainement inutiles et n'auront aucune retombée économique. La police aérienne est la tâche la plus utile de l'armée aujourd'hui. Le remplacement des Tiger par des Gripen lui permettra de continuer à l'assurer.
Quant à la surveillance 24h/24, il ne s'agit pas d'avoir des avions en vol en permanence, mais des avions et des pilotes prêts à décoller en permanence.
Nous désirons simplement faire ce que font tous nos voisins. La sécurité dans nos rues n'est pas sous-traitées à des polices étrangères. Le même principe vaut pour la sécurité du ciel. Finalement, le meilleur choix, c'est donc de dire OUI à cette modernisation.
@ philippe.
Nous ne parlons pas de la même chose.
Vous affirmez que la Suisse a besoin d'avions pour la sécurité du ciel. Soit. Et aussi qu'il n'est pas nécessaire de les faire voler 24h/24, ce qui n'est au demeurant pas du tout l'avis des militaires et de leur ministre de tutelle. Ce qu'ils n'ont pas manqué de rappeler dernièrement.
Les retombées économiques éventuelles et les transferts de technologie, s'il y en, n'ont de leur côté quasiment aucun rapport avec la défense nationale: il s'agit d'un autre débat, purement économique. Qui donc mélange les priorités ?
Je parle quant à moi du (sur)coût - indécemment minimisé par U. Maurer, ce que savent tous les professionnels de l'aéronautique, civile ou militaire - que l'exploitation des ces appareils va inéluctablement entraîner. Il ne s'agit pas de clopinettes, mais de sommes considérables, largement supérieures au montant initial pris sur le budget de l'armée, et ceci pour de nombreuses années.
Par conséquent, je persiste et signe: il n'est pas question en ce qui me concerne de donner un chèque en blanc aux militaires sans avoir une estimation CRÉDIBLE de ces coûts.