Quelle prétention! Mais c'est la démocratie. Or donc le bon peuple suisse, qui, faute d'avoir toujours raison, devrait selon certains avoir toujours le dernier mot, dira le 3 mars s'il faut confier aux conseils d'administration la tâche de fixer les rémunérations des top chefs de quelques top entreprises, celles qui acceptent ou sont contraintes de se soumettre aux règles des marchés boursiers. 

Paradoxe les acteurs de ces mêmes marchés - au nombre desquels on trouve nos caisses de pension et leur représentants aux conseils d'administration - poussent ces entreprises à des rendements élevés. Mardi soir, dans l'émission Le Monde d'après de France 3, de doctes économistes ont montré que la dictature des marchés et la gourmandise des actionnaires mènent  à un fol emballement. Qui fait peut-être le beurre des rentiers, mais pas forcément le bonheur des travailleurs. 

Que faire de l'initiative Minder? J'avoue être emprunté. Avec beaucoup, je suis choqué par les rémunérations de quelques grands patrons. Mais  je me demande: combien gagne Federer ou quelques autres stars du show biz? Pourquoi les grands patrons devraient seuls être sanctionnés? 

Minder nous promet des rémunérations plus juste. Quel est le salaire juste d'un grand patron? Quelle position prendront les représentants des caisses de retraite? Sommes-nous sûrs qu'ils sauront assurer le développement durable de l'entreprise et ne céderont jamais aux douces pressions des rentiers qui réclameront l'indexation de leur rente et des travailleurs qui escomptent une meilleure retraite.

Il suffit d'observer les représentants des syndicats des fonctionnaires genevois. Ils continuent d'escompter des rendements importants des milliards épargnés.

Il faut craindre le pouvoir des rentiers, dont la propension naturelle est de se comporter collectivement comme des capitalistes financiers. Sur ce plan le texte de l'initiative est lourd de menaces pour les entreprises: 

"Les caisses de pension votent dans l’intérêt de leurs assurés et communiquent ce qu’elles ont voté."

Conclusion? Churchilienne..., en économie comme en politique, la démocratie est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. Que les actionnaires regagnent un peu de pouvoir sur les directions ne peut être que bénéfique au système. Pour autant qu'ils - les actionnaires, les capitalistes - se comportent en bon père de famille soucieux du long terme et rétif à encaisser de juteux dividendes au risque d'épuiser les entreprises et les ressources. L'argent n'est qu'un moyen, pas une fin.

Le profit doit se mesurer aux biens et services produits et à leur valeur pour l'humain et son environnement. Mesdames, Messieurs les savants, économistes, financiers, experts-comptables et autres auditeurs, faites fonctionner vos méninges, proposez-nous des modes de gouvernance responsables!

Le monde doit apprendre à croître en douceur. Vaste chantier.