François Longchamp, le ministre des Affaires sociales et de l'Emploi est passé en coup de vent hier soir à Carouge à la fête Caritas. Devant trois cents convives à 150 frs, il a valorisé l'action - on ne dit plus charitable ni philanthropique, on dit sociale ou solidaire - de l'association qui plonge ses racines dans le catholicisme comme le CSP plonge les siennes dans le protestantisme, une action qui porte notamment sur "cette antichambre de la pauvreté qu'est l'endettement".
Quelques heures auparavant, le ministre double - il dirige depuis début mars le gros département des constructions laissé vacant par Mark Muller - était sous les feux des médias qu'il avait convoqués séance tenante pour une communication d'importance. Il était flanquée d'une ministre simple, Michèle Künzler, qui jouait les jardinières.
Branle-bas de combat dans les rédactions. Léman Bleu déclenche son plan écarlate et annonce un direct à 12h30.
Mais que pouvait donc bien annoncé ce couple improbable aux Genevois médusés?
Médusé est le mot. A peine entamé, le flanc médiatique retomba rapidement. Commentaire entendu: "une histoire de flouze, c'est nul!" Or donc l'Etat de Genève qui réclamait depuis 2001 trois milliards de francs à un réviseur trop à l'écoute de son client tonitruait dix ans plus tard que 110 millions pour compenser, et non sanctionner - fini le tribunal - la créativité comptable qui avait permis à la classe politique de l'époque de ne pas voir ce que tout le monde savait, c'était aussi bien que de recevoir la coupe des champions.
"La plus grosse indemnité jamais reçue d'un réviseur en Suisse et même en Europe", a dit le ministre radical, légitimement fier d'avoir fait payer quelqu'un d'autre que l'Etat dans cette affaire. Bravo François, il fallait le faire! Un bon accord vaut mieux qu'un mauvais procès qui enrichit surtout les avocats et les experts. Mais pourquoi n'avoir pas invité le ministre des Finances ou le président du Conseil d'Etat à la table des réjouissances? Y aurait-il désaccord sur le montant au sein du collège? Fallait-il mettre tout le monde devant le fait accompli?
Personne sur le coup n'y a rien compris. Ah, il s'agit de la Banque cantonale. Encore!?
Et qui de farfouiller dans sa mémoire, dans ses notes et dans les archives pour resservir une fois encore le plat, désormais bien froid, de la deuxième banqueroute du siècle dernier - la première remonte aux années 30 avec la faillite de la banque de Genève. Mais en l'an 2000, la BCGe a eu plus de chance. Elle n'est pas tombée en faillite.
L'Etat, par la grâce d'une procédure d'urgence qui a muselé le peuple citoyen, l'a soulagée de ses prêts pourris en provisionnant d'un coup cinq milliards de francs. Une dette tombée du ciel dans le sac à dos des contribuables. Certes elle a été réduite à un poil plus que 2,5 milliards, mais je me suis dit hier soir, ça fait combien de fois le budget de désendettement de Caritas?
Commentaires
Le problème Jean-François des "too big too fails", et la BCGE l'est incontestablement à notre petite échelle cantonale, ce n'est pas que quelques rentiers richards perdent leur culotte en cas de faillite, c'est qu'en disparaissant, ces outils incontournables de l'économie laisseraient un cimetière derrière elles.
Des petits épargnants qui y laisseraient leur compte salaire du mois et les économies de l'année, voire d'une vie, aux PME qui se retrouveraient avec leurs comptes et leurs crédits bloqués. Ce serait un petchi sans nom, avec des émeutes de gens floués réclamant leur dû... Comme dans les années 30 !
Ce qui in fine, coûterait bien davantage que 2,5 milliards à rembourser sur 20 ou 30 ans... Voilà pourquoi les autorités n'avaient guère d'autre choix, sur le moment, que de renflouer les banques à la va-vite. Après que l'éventualité de telles faillites n'ait pas été prévu et que c'est un tort, c'est certain. Qu'il faille prendre des mesures pour éviter que cela puisse se reproduire, c'est tout aussi sûr. Que tout le nécessaire ait été effectué pour ce faire, on peut l'espérer. Juste l'espérer. Et le vérifier à l'occasion.
Ditss-nous Souaille, qu'avez-vous fait des subventions extorquées auprès des autorités culturelles genevoises ? Car en ce qui nous concerne, vos films sont loin du too big too fail. Ils avaient déjà disparu des écrans avant qu'on les projette. Même à L'EMS de Vernier, les pensionnaires ont lancé leurs dentiers contre l'écran Vous c'est plutôt le crédit agricole votre banque de prédilection non ?