Les paysans genevois confirment leur refus du projet de Marc Muller de construire des logements aux Cherpines entre Plan-les-Ouates et Confignon. La terre est trop précieuse pour être gaspillée, écrit François Erard et François Haldemann, respectivement directeur et président d'AgriGenève dans un communiqué de presse diffusé vendredi, mais qui a eu peu d'écho.
Faut-il donc construire la ville en ville, densifier les quartiers de villas? Oui répondent les agriculteurs. Ce qui ne vas pas plaire à Pique-vert!
La position divise le monde agricole. D'un côté les fermiers qui savent que pour eux l'avancée de la ville est synonyme de migration sans grand dédommagement. De l'autre les propriétaires qui voient la valeur de leurs terrains être multipliée par 300 ou 400 %. Qui résisterait face à de telles offres?
Pour l'heure les fermiers ont gagné. Qu'en sera-t-il au soir du 15 mai? Les Genevois diront-ils aussi non à l'extension de la ville vers le sud? Contrairement à Cologny ou à Thônex la résistance n'est pas strictement communale. Elle émane certes des Jardins des Charrotons, mais elle est soutenue par les verts et tout ce que le canton compte de décroissants affichés ou dormants.
Pour Mark Muller, la votation du 15 mai risque bien d'être un quitte ou double!
Personnellement, je me suis rangé, après beaucoup d'hésitations derrière le déclassement. La pénurie de logements est trop forte pour ne pas construire rapidement des milliers de logements et dégonfler la tension du marché immobilier. Encore faudra-t-il trouver le moyen de réduire les coûts de la construction sans sacrifier trop aux normes d'habitabilité. Un défi pour le nouvel architecte cantonal.
Sur le même sujet:
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PS: j'ai quelque peu abandonné mon blog ces derniers jours, mais n'ai pas moins écrit. On retrouvera dans la Gazette de la Constituante plusieurs notes
Commentaires
Il est évident pour moi qu'il faut accepter le déclassement. Quitte à trouver un dédommagement pour les fermiers ou une aide à la relocalisation. L'argument de la proximité est un argument d'un autre âge, fallacieux dans la cas présent. Même si Antoine Vielliard exagère, il a raison sur le fond: la moitié de l'agglomération genevoise est désormais en France, séparée de son centre ville par une ceinture verte qui est une vraie catastrophe au plan écologique.
Osons un plan d'aménagement réellement transfrontalier, réservant des zones ad hoc à l'agriculture et d'autres aux loisirs ou à la nature sauvage, des deux côtés de la frontière, mais pas en cercles concentriques, plutôt en radiales. Pas question de tout construire, mais impossible de tout conserver.
Le déclassement en zone rurale doit être contrôlée pour éviter le mitage des campagnes qui n'a qu'un effet : intensifier le déplacement des habitants par la route étant donné que les infrastructures manquent. Construire autour des communes en agrandissant sur les zones rurales attenantes aux villages est une possibilité et la décision en revient aux communes et maires qui doivent maîtriser ce développement avec harmonie et non devant l'urgance et la pression légitime des habitants et nouveau arrivants. Mais franchement, il existe des zones en ville de Genève : jardins familiaux en Ville (Châtelaine, Giuseppe Motta...), le PAV qui dépend aussi du déménagement de la zone industrielle, les Grottes dont la place reste vide, le déclassement de zones appartenant aux CFF, etc.... Elever la ville est aussi un moyen de favoriser le logement. La densification devrait intervenir et tenir compte aussi de l'aménagement de squares, places arborisées, de petites entités vertes pour rendre la ville plus aérée et bien sûr d'un nombre suffisant de parkings publics (ou privés) à des prix abordables pour libérer en surface l'espace public et les réserver à d'autres tâches que le parking des habitants du quartier.
Les Cherpines sont justement un lieu proche de la ville, bien desservi par les transports publics actuels et à venir. Je m'étonne de la réaction des agriculteurs qui ont laissé construire sans trop de problèmes semble-t-il des tas d'usines dans la région sur des terres de très bonne qualité ! A force de ne jamais pouvoir rien déclasser pour le logement, il sera impossible de résoudre la crise.
Non, mais je rêve quand je vois ce genre d'argument :
"[...]l'agglomération genevoise est désormais en France, séparée de son centre ville par une ceinture verte qui est une vraie catastrophe au plan écologique."
Oui, désolé, il y a des espaces verts entre la partie très urbanisée de genève et la périphérie sur France ... OUI, il y a des problèmes de transports ... et c'est bien la que se situe la catastrophe écologique : ajouter des logements dans cet espaces verts ne va EN RIEN réduire le traffic pendulaire actuel ! Au contraire ! Pour tout logement supplémentaire, même si des transports publics existent, c'est des voitures en plus sur les routes.
A mon avis il faut :
1. Contraindre les employeurs de Genève à se responsabiliser dans les choix de mobilité que leurs employés font. Tu veux prendre quelque'un qui vient bosser depuis Annecy et qui te coûte moins cher ? Et bien non, tu payes une taxe proportionnelle à la distance entre le logement de ce type et ta boite. Cela peut être te fera engager local.
2. Cesser d'attirer des entreprises à Genève tant que les logements adhoc n'existent pas.
Je trouve que 58 Hectares sacrifiés pour 3000 logements c'est cher payé.Le reste c'est un futur centre sportif et commercial..
L’enjeu ici n'est pas le logement mais du commerce, du commerce et du foncier....au détriment d'un meilleur projet et ou des terres arables de ce canton.