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Les Roms et les frontaliers

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vp faut-il avoir peur des roms.jpgSujets délicats s'il en est. Le premier m'est inspiré par un billet que Serge Bimpage signe sur Blogres l'excellent blog de quelques écrivains genevois. Serge connaît le sujet. Il est directeur de la Vie protestante et le mensuel genevois de ce mois s'ouvre sur cette question: Faut-il avoir peur des Roms? En gros son propos c'est: les Suisses votent sur la libre circulation des travailleurs, roumains et bulgares compris, et, dans le même temps, Widmer-Schlumpf ferme la porte aux deux millions de Tziganes roumains et ou 800'000 Tziganes bulgares qui eut, c'est bien connu, n'ont pas de métier, donc pas droit à la libre circulation des travailleurs, même si quelques centaines parviennent à passer au travers des mailles du filet. De quoi nous rappeler notre schizophrénie nationale.

Le second sujet, je l'ai trouvé en lisant le commentaire de Rémi Mogenet...

Passionné par l'histoire régionale, blogueur émérite et correspondant à l'hebdomadaire Le Messager, ce prof de français de Bonneville écrit ce commentaire ce matin à propos des frontaliers qui viendraient selon la rumeur bistrotique "voler le pain des Genevois":

"Il n'y a qu'à taxer les entreprises qui emploient des gens qui habitent à plus de vingt kilomètres. Si elles n'emploient pas pour autant plus de résidents genevois, cela fera de l'argent, utile déjà pour les transports en commun. Ce serait la taxe de déplacement provoqué."

L'idée va sans doute inspirer un politicien du cru. Elle participe tout de même un peu de la punition. Si des frontaliers viennent de si loin, c'est qu'il n'ont guère l'opportunités de trouver l'emploi qui leur convient plus près de chez eux. La mesure revient à les condamner à vivoter comme autrefois les serfs attachés à leur glèbe ou à condamner le grand arrière-pays genevois à la desertification, car ce n'est pas demain la veille qu'on parviendra à délocaliser suffisamment d'emplois en montagne.

Commentaires

  • Cher M. Mabut, je ne suis pas professeur à Bonneville, mais dans la Vallée verte, où se trouvent beaucoup plus de frontaliers. Et tenez, il y a un débat dans mon Collège, dont la "Tribune" pourrait se faire l'écho, si elle voulait s'intéresser au sort des frontaliers : nous travaillons le samedi matin, et on parle de faire comme dans toute la France, ou presque, travailler à la place le mercredi. Or, certains ont dit que le mercredi, beaucoup de salariés à Genève emmenaient leurs enfants à Genève pour qu'ils y fassent de la musique ou du dessin, des activités culturelles.

    Pour la punition, il ne s'agit pas des frontaliers, mais bien des entreprises qui ne s'intéressent pas au sort de leurs salariés, et en particulier de leur acheminement sur leur lieu de travail, et donc de leur domicile. Il s'agit finalement non de punir les serfs, mais plutôt leurs employeurs. Car s'ils sont attachés à la glèbe, ce n'est pas parce qu'en France, on les empêche de s'installer à Genève. Or, le servage, c'était quand les seigneurs empêchaient les serfs de sortir. Mais vraiment, ce n'est pas le cas, ici. Il y avait aussi au Moyen Âge le régime de la bourgeoisie qui excluait de la Cité tous ceux qui n'avaient pas de titre officiel. Et évidemment, on a aussi le droit de s'installer à Genève. Mais enfin, dans les faits, ce n'est pas aussi facile que de s'installer ailleurs qu'en France voisine.

    Par ailleurs, beaucoup d'emplois pris à Genève par des Français existent aussi en France. Il s'agit souvent simplement d'augmenter son salaire. Mais pourquoi ne pas égaliser les salaires des Français ? D'ailleurs, les frontaliers trouvent (à juste titre) que les transports en commun ne sont pas assez développés. Or, le vrai problème est de trouver l'argent. Mais on ne va pas le prendre chez les infirmières qui ont choisi de travailler en France voisine : je ne pense pas. Elles en ont déjà trop peu. Et les transports en commun, elles n'en ont pas vraiment besoin.

    Enfin, j'ai fait cette proposition parce qu'elle règlerait le problème soulevé par des Genevois (je n'ai pas à juger à quel parti ils appartiennent ni s'ils ont raison d'y appartenir, n'étant pas genevois moi-même) sans mettre en avant les relations entre des nationalités différentes, c'est à dire sans tomber dans les stériles rivalités communautaires.

    Cela dit, il est toujours flatteur, pour un Savoyard, de s'entendre dire, à Genève, que son idée pourra être reprise par un homme politique genevois.

  • Pour les emplois en montagne, M. Mabut, les stations de ski marchent bien, cet hiver. Pour la desertification, je pense que c'est un problème français global : les entreprises sont concentrées autour de Paris. Mais la centralisation autour de Genève, à terme, ne peut pas résoudre le problème de désertification chez les Savoyards, ni même de la Haute-Savoie en particulier, non plus. Si on pense au désert français de la Région Centre, par exemple, je ne suis pas persuadé que les Berrichons (disons) soient jaloux des habitants de la banlieue de Paris.

    Et puis en Haute-Savoie, le monde qui existe est artificiel, car dans les faits, les Savoyards traditionnels et les habitants qui viennent de loin pour travailler à Genève ne se fréquentent guère.

    De toutes façons, M. Mabut, je ne suis pas absolument persuadé que le sort de la Haute-Savoie préoccupe autant de Genevois qui en parlent pour dire que sans Genève, elle serait un désert. Car je pense que la majorité des Genevois qui en parlent le disent plutôt pour donner une bonne image de l'action de leur ville à l'étranger, pour ainsi dire.

    Cela dit, M. Mabut, si le sort de la Haute-Savoie préoccupe sincèrement certains Genevois, ils peuvent toujours proposer, par exemple, un don particulier pour que le département puisse construire des transports en commun. Ce sera également profitable, sur le plan structurel et écologique, à Genève. Or, ce don sera forcément pris dans l'économie, sous forme soit de taxes aux entreprises, soit d'imposition plus importante pour les plus hauts salaires.

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