"Le président installe des contre-pouvoirs à la Maison Blanche." Ces contre-pouvoirs, dans la bouche de Vincent Michelot de l'Institut d'étude politique de Lyon, cité ce matin dans la Tribune par mon confrère Jean-François Verdonnet, sont les fortes personnalités qui composent le gouvernement Obama 1.
En accueillant les tensions de la société américaines au coeur même de l'Etat, le président s'installe d'emblée comme arbitre. Cela suffira-t-il à convaincre le vrai contre-pouvoir politique qui siège au Congrès et à s'imposer aux deux pouvoirs redoutables que l'action gouvernemental dit vouloir transformer: le pouvoir économique, accro aux profits rapides - une drogue dure - et le pouvoir des habitudes de consommation à l'empreinte environnementale lourde, une autre grave addiction des Américains?
Peut-être le président pourra-t-il compter sur un autre contre-pouvoir qui a été installé dès hier en catimini. Plus modeste, plus diffus, plus anonyme. C'est le pouvoir des sans grades, des sans voix, des jeunes, des militants, celles et ceux qui ont rendu possible l'élection de Barak Obama. La Maison-Blanche a ouvert un espace d'accès direct au président via un site web.
La gestion de ce site, encore en construction, est assuré par l'OPL-IGA, l'office des relations publiques et des affaires intergouvernementales.
L'office ne veut pas seulement encourager un dialogue honête et assurer tous les citoyens et leurs représentants que le gouvernement travaille effectivement pour leur bien et avec eux.Ce qui est au fond la tâche de tout dir com: "OPL-IGA will bring new voices to the table, build relationships with constituents and seeks to embody the essence of the President's movement for change through the meaningful engagement of citizens and their elected officials by the federal government.
Il s'agit bien d'inviter de nouveaux acteurs à la table du pouvoir par l'élection de cette société civile qui s'est mobililisée durant des mois pour porter le premier noir au pouvoir suprême des Etats-Unis d'Amérique.
Et l'Europe, se demande ce matin l'Hebdo? La gloire de l'élection d'un fils d'Afrique, d'un immigrant du Continent premier renvoie l'Europe des 27 (y a-t-il formule plus explicite pour dire la désunion?) à ses démons.
L'Europe reste à inventer. Et le mode d'emploi est peut-êtrte en main suisse. Il s'agit de la démocratie directe. Celle qui parie sur le peuple, quitte à perdre, à perdre du temps, mais aussi à gagner dans la durée, dans la confiance, dans la concorde. "Les gouvernements doivent s'exercer déssormais, écrit André Glucksmann* ce matin dans Le Figaro, à gérer la défiance en reconnaissant que rien n'est plus légitime et sain que la méfiance du simple citoyen sonné après avoir reçu le ciel sur la tête." Rendez-vous le 8 février.
* "Le Krach et Knout", une excellente chronique au demeurant à lire de toute urgence qui montre combien le cynnisme et la violence du "pétro-tsar" règnent à Moscou.
Commentaires
"(y a-t-il formule plus explicite pour dire la désunion?)"
Excellent.
Les propagandiste de l'"Union européenne" parlent toujours de l'"Europe"...
"combien le cynnisme et la violence du "pétro-tsar" règnent à Moscou."
Je me demande si un journaliste occidental n'a jamais écrit "combien le cynisme et la violence règnent à Washington".
Ou à Tel-Aviv.
En tout cas pas Glucksmann.
Notre démocratie directe en exemple "quitte à perdre du temps". Ne devient-il pas évident avec chaque jour qui se passe qu'elle - savoir ses institutions - n'est plus adaptée au monde du 21 siècle ? N'est-il pas excitant de constater à quelle vitesse et de quelle ampleur le président américain peut prendre des décisions ? Alors d'accord: si nous voulons continuer à rester un îlot au milieu de l'océan, sans réelle prise sur les événements majeurs de ce monde, nous pouvons continuer ainsi, et encore. Nos institutions sont parfaitement adaptées pour gérer un préau d'école. En contre-partie, il faut cesser de se prendre pour le nombril du monde. A moins d'avoir d'autres ambitions, partagées par le peuple suisse, des ambitions qui vont au-delà de l'envoi de quelques soldats pour affronter des pirates, certes méchants, mais aussi révélateurs de la misère du monde.