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Quand la Chine s'éveillera..

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dragon-rouge-chine.jpg... le monde ne tremblera pas. Optimiste François Heisbourg? Le président de l'Institut pour les études stratégiques de Londres ne voit pas de raisons majeures de jouer les Cassandre. Toute chose égale par ailleurs, n'est-ce pas! L'optimisme est le risque systémique des prévisionnistes. François Heisbourg était l'invité ce soir à l'hôtel de la paix de la banque CIC Suisse - tout va très bien pour elle et 2009 n'est pas si noir.

L'empire du milieu renaissant au rythme de presque 10% l'an n'est donc pas l'ogre hégémonique décrit par Alain Peyrefitte, dont il faut avoir peur. Avec 10% du PIB mondial la Chine est certes loin encore des 30% qu'elle représentait il y a trois ou quatre siècles. Mais elle grandit chaque jour et sa croissance est un des puissants moteurs de l'économie mondialisée.

Conclusion: Free Tibet est un slogan certes légitime, mais qui ne saurait être une condition préalable à une coopération vitale avec la Chine. Question: la Chine des héritiers de Deng, l'homme des quatre modernisation lancées en 1978, est-elle "a responsible stakeholder", un partenaire responsable? Oui, affirme l'universitaire français. Et c'est sur cette base du partenariat responsable que Heisbourg voit l'avenir de la Chine et du monde. Bref, il est temps de ranger aux rayons des illusions d'un monde unipolaire le credo des néolibéraux "the west against the rest", les lumières de la démocratie occidentale contre le reste du monde et son arsenal guerrier. 

heisbourg.jpgLa démocratie, aux yeux du stratégiste est affaire de pays riche ou sérieusement en voie de le devenir. Son modèle pour la Chine, c'est la Corée du Sud. Elle a passé à la démocratie, quand le pnb par habitant a franchi la barre de 5000 dollars par habitant au début des années 90. La Chine y viendra. La société civile est en train d'émerger. A preuve la manière dont les autorités centrales ont laissé s'exprimer les parents des enfants écrassés sous leurs écoles lors du tremblement de terre. Même liberté d'expression des parents encore dans l'affaire actuelle du lait avarié. Ces contestations forgent une Chine nouvelle que le pouvoir utilise pour mettre au pas les pouvoirs locaux. 

Toute chose égale par ailleurs. François Heisbourg n'a prononcé qu'une fois cette réserve chère aux économistes au cours de sa longue et dense conférence. Pas un mot sur la crise financière qui secoue le monde. Son ampleur est-elle telle que toute chose n'est justement plus tout à fait égale? Peut-être.

Le jour n'est pas encor venu quand la chine remplacera l'hégémonie américaine. Les Etats-Unis ne sont pas en déclin, affirme l'analyste. Sa démographie est saine - la Chine sera un peuple de vieillards dans une génération - la créativité technologique américaine est intacte. Une manière de répondre au discours d'introduction du banquier qui citait pour illustrer le temps présent le film du québecois Denys Arcand Le déclin de l'empire américain.

Il ya dans l'histoire du monde des décisions clés, des événements chocs. Les bouleversements actuels pourraient bien être le déclencheur d'un scénario non pas coréen, mais "weimarien".  La croissance certes, mais trop faible pour employer les millions de paysans chinois qui déferlent sur les villes. Des jeunes célibataires. Pour 100 filles, la Chine met au monde 113 garçons.

Le risque d'une fermeture des marchés occidentaux, américains surtout précipitera la Chine dans une crise grave. De quoi sans doute alimenter le nationalisme, l'esprit revanchard qu'on sent ici et là, dont les Japonais seront la première cible. La Chine d'aujourd'hui, ce serait l'Allemagne de Bismark. Quand Guillaume II limogea son superministre, l'Europe des nationalismes sombra dans la guerre. Imagine-t-on Pékin ne plus acheter des bons du trésor américain? Un frisson de panique traversa l'assemblée.

Autre bouleversment, sur lequel Heisbourg est cependant passé (trop) rapidement, la question de l'énergie. Certes, à court terme, la baisse de la consommation de pétrole du monde industrialisé compensera la soif énergétique chinoise. Mais qu'en sera-t-il d'ici 20 ou 30 ans quand l'Inde sera plus peuplée que la Chine?

Nous voilà avertis: mieux vaut une Chine prospère où l'on délocalise, qu'une Chine pauvre livére à tous ses démons.

 

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