Vous vous souvenez du 19 mai 2000: le vote  du Grand Conseil a eu lieu dans la précipitation. Il fallait sauver le soldat BCG de la banqueroute. Les députés bien chauffés par le duo Calmy-Rey-Grobet ont voté les yeux fermés la loi spéciale 8194 qui créait un fonds de sauvetage de 5,3 milliards de francs, baptisé Fondation des casseroles, de son vrai nom Fondation de valorisation des actifs de la Banque cantonale de Genève. Il s'agissait de purger les produits toxiques - bien moins complexes que ceux d'aujourd'hui - que la Banque cantonale (et l'ex Caisse d'Epargne) avait encore dans son bilan dix ans après l'éclatement de la bulle immobilière de la fin des année 80.

Une loi spéciale, car, votée en urgence, elle privait les citoyens du droit de la contester par référendum. Une loi spéciale, parce que l'Etat a volé au secours de sa banque sans s'assurer - ce qu'a fait le gouvernement vaudois - de quelques remboursements rapides au cas où elle reviendrait à meilleure fortune.

Hier soir, j'en discutais avec un expert de cette noble maison, revenue effectivement à meilleure fortune, dont le propos était éclairants. 5 milliards pour la caisse publique genevois ça fait combien de fois plus que les 700 milliards du plan Paulson que le Sénat vient d'adopter au grand soulagement de la planète finance?

Calcul fait, ça fait quatre fois plus. 5,3 milliards rapportés à 450'000 habitants font 11'778 francs par habitant. 700 milliards rapportés aux 250 millions d'Américains, ça fait 2800 dollars, à peine plus en franc, par Américain. Au final la facture de la Fondation des casseroles a été réduite à un peu plus de 2 milliards de francs - 4666 francs par Genevois tout de même! 

Ce matin un autre expert français expliquait sur France culture que le plan Paulson, ça n'était jamais que le tiers de la dépense sociale française. Tout est relatif en ce bas monde. Encore aujourd'hui, l'avocat Etienne Membrez et le journaliste Serge Guetchakoff pensent qu'"il aurait été possible de faire autrement"pour éviter cet hold-up démocratique.

Pour mémoire, la Fondation des casseroles est entrée en liquidation le 1er juin dernier. Mais la dette du sauvetage de la BCGe demeurera dans les comptes de l'Etat pour de longues années encore.

Ce matin en tapant "sauvetage de la BCGe" dans Google, la première occurrence m'a renvoyé à cet écran. Drôle non!

Serge Guertchakoff et François Membrez, Hold-Up démocratique, Editions du Tricorne, Genève, novembre 2007 . L'ouvrage est en librairie ou peut être commandé à partir du site de l'éditeur: www.tricorne.org.