La Suisse doit-elle accueillir plus de migrants? La question est sensible. Dans une interview publiée par Le Temps, vendredi 1er avril, Charles Kleiber répond oui. Je ne suis pas loin de penser comme lui. Ce qui m'interpelle, c'est la photo qui illustre l'article. On y voit l'ancien secrétaire d'Etat - à l'origine, dit le journal, avec le banquier Oltramare des Disputes de la Maison de la Paix, ce 5 avril - présenté en pied dans un luxueux salon. Des voiles aux fenêtres laissent passer une belle lumière. On imagine un parc arboré de l'autre côté ou une rue vide d'un quartier cossu. Et loin, très loin, la rumeur de la ville et la promiscuité des HLM.
Kleiber n'est évidemment pas à l'origine de ce choix iconographique sans doute fortuit. Mais il en dit long sur le fossé qui ne se comble pas entre les bonnes intentions et ceux qui les portent et les travailleurs d'ici (pas seulement des Suisses) qui craignent ces nouveaux concurrents pour leur emploi et leur logement.
A peine, le Conseil d'Etat avait-il présenté les comptes 2015 et fait disparaître quelques recettes fiscales dans une habile provision en faveur de la fonction publique - non le gouvernement n'achète pas les fonctionnaires - que Carole-Anne Kast, fraîchement réélue à la présidence du Parti socialiste, demandait la tête du ministre des finances et réclamait qu'un autre sage le remplace. Dix jours après ce fait d'arme passė inaperçu car tombé le même jour que les attentats de Bruxelles - chacun a ses priorités - l'information sourd enfin de la Tour Baudet.