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  • Qui a peur du Bayrou?

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    Etrange démocratie tout de même que la France qui relègue les débats politiques sur une chaine de radio périphérique et une TV marginale! Bayrou lui a réussi son coup médiatique. Reste à transformer l'opération en succès politique! Là le débat feutré entre François et Ségolène tenait plus de la conversation de salon que de l'action politique.

    Un gouvervenement démocratique tire sa grandeur du respect des minorités, mais son efficacité de sa capacité à composer une majorité solide. Sur ce plan le pas de deux SF ne promet rien qui vaille.

    Le problème est le même à Genève. Où ce sont souvent les minorités qui gouvernent. Ainsi s'expliquent la crise du logement, la dette abyssale, la dérive de l'enseignement, la santé hors de prix, les infrastructures culturelles et sportives éparpillées. 

  • Un mauvais casting pour Décaillet

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    Pascal Décaillet a failli arrêter net le débat organisé par le DIP, vendredi soir à Uni Mail, dans le cadre des Rendez-vous de l'Instruction publique. "N'y a-t-il personne dans cette salle pour contester les propos de notre invité, Nico Hirtt", a lancé le journaliste vedette de Léman Bleu à un auditoire de quelque deux cents personnes? "Nous ne sommes pas là pour entendre des sermons sans répliquer!"

    Un thésard de Charles Magnin, professeur d'histoire spécialiste de l'histoire de l'école genevoise, lève la main. Et démonte le propos de l'enseignant belge, fondateur de l'Appel pour une école démocratique: Non, le système scolaire n'est pas, comme il le dit, l'esclave du système capitaliste appliqué à reproduire une société de plus en plus inégalitaire et prédatrice. Le système scolaire a sa propre autonomie. Oui, la transmission des connaissances et des valeurs peut aussi avoir un but émancipateur. Ouf, l'honneur est sauf.

    Mais, chassez le nature,... Très vite l'idéologie anticapitaliste reprend le dessus. "Vouloir mettre sur un pied d'égalité la maturité professionnelle et la maturité gymnasiale revient à compter pour rien la culture qu'on enseigne au collège", dénonce François Bertagna président du Corps enseignant secondaire. Et de s'en prendre aux salaires de patrons et au gaspillage des compétences d'une société incapable de donner aux jeunes les emplois correspondant à leur formation. Décaillet fulmine, cherche des contradicteurs. Le public majoritairement enseignant se tait. Un père de famille ose dire qu'il aimerait bien que les jeunes de 15 ans sachent au moins lire, écrire et compter. Or, dans sa pratique professionnelle (il est lui aussi fonctionnaire), il côtoie des jeunes bien mal instruits.

    Patrick Bozon de l'Union des associations patronales de Genève tente de remettre les pendules à l'heure de la réalité. Les jeunes qui sortent de l'enseignement obligatoire manquent de compétences et de maturité. André Duval, président de l'ARLE, rappelle que si l'école ne repose pas le travail et le mérite comme des valeurs centrales, elle continuera de faire le jeu des riches qui peuvent payer des cours d'appui à leurs rejetons. Mais rien n'y fait. Le rouleau compresseur des idéologues écrase le débat. Pierre Varcher de la Coordination enseignant refuse de discuter des contenus tant que l'économie impose ses valeurs.

    Décaillet rappelle en vain que les Genevois ont voté à ce propos, prend la salle à témoin. Ce n'est pas un bon débat. Il y a erreur de casting. Le tout sous l'oeil de trois cameramen. Le débat est enregistré. A qui destinent-ils leur film? Qui les salarie? Le DIP?

    Erreur de casting c'est peu dire. Patrick Bozon, seul représentant des employeurs, fait figure d'otage d'un débat entièrement dominé par des enseignants et des syndicalistes. Que n'a-t-on invité un ou deux responsables de ressources humaines d'une multinationale, le responsable de PISA pour la Suisse. Tant que les donneurs de leçons salariés du DIP débattront en vase clos, il ne faut pas s'attendre à ce que l'école genevoise s'améliore.

    En remontant, nous prenons un jeune autostoppeur au teint basané. Il ne doit pas avoir beaucoup plus de 15 ans. De quel pays es-tu? De République dominicaine. J'ai été danser au centre de loisirs de Carouge. Tu parles espagnol à la maison? Je parle quatre langues. L'italien par ma maman, l'espagnol, le portugais et le français. Au Cycle, j'apprends l'anglais et l'allemand.

    Sans commentaire, n'est-ce pas!

  • Beer, ses clients et les députés

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    Placez sur les gradins d’Uni Mail 150 élèves de 6 à 20 ans, représentatifs (?) de l’école publique genevoise. Casez en rang d’oignons, en bas à droite, sept députés au Grand Conseil et la volubile Catherine Gaillard d’A Gauche toute! Saupoudrez l’assemblée d’une vingtaine d’enseignants silencieux, dont quelques responsables syndicaux, et d’autant de plantes vertes et panneaux promotionnelles d'une télévision citoyenne. Illuminez le tout de quelques projecteurs. Apportez une bonne dose de Décaillet. Servez chaud et en direct durant une heure trente. Page de pub. Silence, on tourne!
    De gauche à droite, les députés Clairet (MCG), Reymond (UDC), Barrillier (rad), Leuenberger (Verts), Thion (ps), Mettan (DC), Weiss (Lib) et Charles Beer.

    Le show télévisuel servi vendredi par Léman bleu et le DIP est le point d’orgue d’une démarche citoyenne, préparée depuis six mois dans l’ensemble de l’enseignement genevois. La confrontation élèves-députés sert aussi un autre but. Après le vote contre la 7e année hétérogène et la baffe du retour des notes à l'école, l'enseignement genevois doit se refaire une beauté. Quoi de mieux que de faire entendre par les députés et les citoyens les doléances des élèves! D'autant que les élèves tiennent peu ou prou le même langage que les syndicats enseignants. A quoi sert l'école? La pédagogie, n'est-ce pas prendre un enfant par la main et en faire un citoyen, rappelle le régent Décaillet au député UDC Reymond, lequel aimerait moins de jeunes bardés de diplômes et plus de travailleurs sachant lire, écrire et compter correctement à 15 ans.
    Dans le grand hall d’Uni Mail, le silence est très relatif, mais les élèves restent bien sages. C’est parti! Soufyan Outaleb (photo) du CO de la Golette s’inquiète de la violence qui déboule dans les écoles. La députée Verte Leuenberger et le PDC Mettan débitent de courtes réponses convenues. Décaillet lance: Et le racket? Silence dans les gradins. Le chevelu Philippe Chervet (photo), président des enseignants du CO, remplit le vide: «Il y a peu de racket dans les établissements, rappelle-t-il.Et on n’en parle pas facilement en public.» On n’y reviendra pas.
    Julia Collela (tenant le micro, 9e Golette, et ses camarades Sara Velez, 3e Aimée Stitelmann, Bullin Ibrahimi, 9e Golette, Iman Fasih, 4e Cayla) s’inquiète de la dégradation de son Cycle: «Il y a des trous dans les pupitres.» Le député radical Barrillier évoque la longueur des procédures et des millions qu’on n’a pas. Leuenberger s’emporte.
    Stéphanie Fontanet du collège Emilie Gourd a dû renoncer à la maturité bilingue faute de place. Le député Weiss trépigne, répond en allemand, mais n'apporte pas de solution. Décaillet questionne: «Combien d’élèves parlent-ils une autre langue à la maison?» Une forêt de mains se lève. «La moitié, c’est conforme à la réalité», me souffle Laurent Duruz. Stéphanie aurait dû choisir une maman lusophone.
    Talat Seyithan de l’Ecole de commerce Aimée Stitelmann dénonce les titres des médias sur les trop nombreux échecs scolaires. Les employeurs s’en souviennent, dit-il. «Même les profs baissent les bras», ajoute Sara Velez qui dénonce le sexisme et le favoritisme dont elle a été témoin. Lui veut faire la Haute école de gestion, elle une maturité bancaire. Ces deux-là ne manquent pas d’aplomb. Comme la plupart des jeunes présents, ils sont des délégués élus de leur école. Ils resteront un peu sur leur faim. Les politiciens ont de la peine à parler la langue des élèves.
    Le député Barrillier répond que ce n'est pas la faute des élèves mais celle du système. Philippe Chervet boit du petit lait. Catherine Gaillard rebondit en appelle aux mânes de Chavanne, dénonce les propos des députés UDC et libéraux qui réclament une meilleure promotion des métiers manuels. Olivier Baud, président de la société pédagogique romande qui vient d'arriver, déclenche les applaudissements. Décaillet l'interrompt et demande. Qui connaît André Chavanne? Personne ne lève la main!
    Laurent Duruz, consultant en développement collectif et gestion de crise, Olivier Baud, président de la SPG, Philippe Chervet.
    "A quand la maturité à 18 ans", demande Arnaud Campi, 4e Emile Gourd? Pierre Weiss déclenche les applaudissements du public en déclarant qu'll le réclame depuis 15 ans et que les Genevois sont aussi intelligents que les Vaudois. Le député socialiste Thion dénonce le risque d'une maturité au rabais. "On ne pourra pas tenir le taux de 30% de maturité gymnasiale, le plus élevée de Suisse", dit-il.
    "Est-ce vrai que l'année prochaine, nous devrons aller à l'école le mercredi matin", demande une élève de l'école primaire? Sylvia Leuenberger n'en sait rien et dévie sur l'horaire continue. Charles Beer souffle la réponse. Ce sera vrai non pas en 2008 mais en 2012. Etes-vous pour ou contre l'horaire continue, interroge l'animateur? Une majorité de bras se lève. Iman Fasih en profite: "Quand on sortira de l'école à 12h15 je pourrai aller travailler et me faire un peu d'argent pour m'acheter des trucs avant d'aller au football." Hésitation dans la salle. Quel âge as-tu, demande Décarillet? 14 ans!
    Le show tire à sa fin. Encore dix minutes demande le journaliste à la régie. Accordé. On parle des notes à coefficient, de la sélection à la sortie de la 6e année. On tente un duplex avec l'école d'Hugo de Senger. Le MCG aimerait imposer des uniformes griffés par Gucci ou Lagesfeld. Qui aimerait un uniforme? Décaillet tout sourire obtient la réponse attendue: personne.
    C'est fini. Charles Beer clôt brièvement la séance. Il n'y a rien à rajouter. On regrettera toutefois le manque de questions sur l'informatique à l'école, les jeux vidéo et la télévision qui captent l'attention des élèves et concurrence l'école, la mode des vêtements de marque, les loisirs que tout le monde ne peut se payer. Et cette lancinante question que l'instruction publique ne sait pas comment manier