Un mauvais casting pour Décaillet (28/04/2007)

Pascal Décaillet a failli arrêter net le débat organisé par le DIP, vendredi soir à Uni Mail, dans le cadre des Rendez-vous de l'Instruction publique. "N'y a-t-il personne dans cette salle pour contester les propos de notre invité, Nico Hirtt", a lancé le journaliste vedette de Léman Bleu à un auditoire de quelque deux cents personnes? "Nous ne sommes pas là pour entendre des sermons sans répliquer!"

Un thésard de Charles Magnin, professeur d'histoire spécialiste de l'histoire de l'école genevoise, lève la main. Et démonte le propos de l'enseignant belge, fondateur de l'Appel pour une école démocratique: Non, le système scolaire n'est pas, comme il le dit, l'esclave du système capitaliste appliqué à reproduire une société de plus en plus inégalitaire et prédatrice. Le système scolaire a sa propre autonomie. Oui, la transmission des connaissances et des valeurs peut aussi avoir un but émancipateur. Ouf, l'honneur est sauf.

Mais, chassez le nature,... Très vite l'idéologie anticapitaliste reprend le dessus. "Vouloir mettre sur un pied d'égalité la maturité professionnelle et la maturité gymnasiale revient à compter pour rien la culture qu'on enseigne au collège", dénonce François Bertagna président du Corps enseignant secondaire. Et de s'en prendre aux salaires de patrons et au gaspillage des compétences d'une société incapable de donner aux jeunes les emplois correspondant à leur formation. Décaillet fulmine, cherche des contradicteurs. Le public majoritairement enseignant se tait. Un père de famille ose dire qu'il aimerait bien que les jeunes de 15 ans sachent au moins lire, écrire et compter. Or, dans sa pratique professionnelle (il est lui aussi fonctionnaire), il côtoie des jeunes bien mal instruits.

Patrick Bozon de l'Union des associations patronales de Genève tente de remettre les pendules à l'heure de la réalité. Les jeunes qui sortent de l'enseignement obligatoire manquent de compétences et de maturité. André Duval, président de l'ARLE, rappelle que si l'école ne repose pas le travail et le mérite comme des valeurs centrales, elle continuera de faire le jeu des riches qui peuvent payer des cours d'appui à leurs rejetons. Mais rien n'y fait. Le rouleau compresseur des idéologues écrase le débat. Pierre Varcher de la Coordination enseignant refuse de discuter des contenus tant que l'économie impose ses valeurs.

Décaillet rappelle en vain que les Genevois ont voté à ce propos, prend la salle à témoin. Ce n'est pas un bon débat. Il y a erreur de casting. Le tout sous l'oeil de trois cameramen. Le débat est enregistré. A qui destinent-ils leur film? Qui les salarie? Le DIP?

Erreur de casting c'est peu dire. Patrick Bozon, seul représentant des employeurs, fait figure d'otage d'un débat entièrement dominé par des enseignants et des syndicalistes. Que n'a-t-on invité un ou deux responsables de ressources humaines d'une multinationale, le responsable de PISA pour la Suisse. Tant que les donneurs de leçons salariés du DIP débattront en vase clos, il ne faut pas s'attendre à ce que l'école genevoise s'améliore.

En remontant, nous prenons un jeune autostoppeur au teint basané. Il ne doit pas avoir beaucoup plus de 15 ans. De quel pays es-tu? De République dominicaine. J'ai été danser au centre de loisirs de Carouge. Tu parles espagnol à la maison? Je parle quatre langues. L'italien par ma maman, l'espagnol, le portugais et le français. Au Cycle, j'apprends l'anglais et l'allemand.

Sans commentaire, n'est-ce pas!

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