Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté d'expression, la France boycottée

Imprimer

sofiane hanouna paty.jpg

Liberté où est ta victoire? La France fille aînée de l'Eglise est désormais, depuis peu, le chevalier de la laïcité de combat qui fait de la caricature des religions la pierre angulaire de la liberté d'expression. Et bien évidemment des pays, où l'islam est religion d'Etat, s'offusquent, appellent au boycott de la France. Des croyants (ou qui croient l'être) se vengent, menacent cette Marianne impudique, prétentieuse, applaudissent ces parents bosniaques qui ont tondu leur fille parce qu'elle fréquentait un chrétien. La République vient d'excommunier cinq membres de cette famille, comme Rome excommuniait dans ses pires heures, comme tous les fondamentalistes croyants ou athées bannissent, tuent, condamnent au silence, au Goulag, aux camps de redressement.

Je ne reconnais pas la France des Lumières dans ce combat de coqs où la cervelle du gallinacée semble avoir pris place dans la tête de trop d'humains de ce pays voisin que j'aime. 

Que n'entend-on pas le nouveau primat des gaules, l'archevêque de Lyon (un ancien militaire parachutiste jusqu'à son entrée dans la prêtrise dans la trentaine) pour remettre la parole de Dieu au  milieu du village: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même », dit l’Évangile de ce dimanche. Même mon ennemi, même mon meurtrier, même mes compatriotes, dont je comprends pas la foi, dont je condamne la loi qui met les femmes et les humais de "mauvais" genre sous la coupe des hommes et des traditions. 

Nous sommes tous prompts à condamner, c'est peut-être la pire tare de notre espèce. 

Cependant ce n'est pas en sacralisant la liberté de caricaturer comme l'audace extrême de la liberté d'expression, notamment dans le cadre de l'éducation nationale, qu'on établira la paix et la concorde *.  Tout le contraire, on jette de l'huile sur le feu. La sagesse populaire le dit: toute vérité n'est pas bonne à dire et encore qui expose s'expose.

La France serait sans doute bien inspirée de mettre un peu d'eau dans son vin laïque. Malheureusement, bien des intellectuels prêchent volontiers la tolérance et l'appliquent bien peu. 

On conclura provisoirement par ce témoignage de Sofiane jeudi soir sur le plateau d'Hanouna (que je n'aime pas trop). Ce soir là, deux collégiens de Samuel Paty ont témoigné. Un moment fort. Sofiane dit en substance: On est libre de penser de sa tête mais tout n'est pas bon à dire.

Quelque chose à ajouter? Les puristes diront qu'elle s'autocensure. Elle a 14 ans, Sofiane, et a paru plus sage que bien des éructeurs qu'on voit trop souvent sur les plateaux télé.

 

 

* Une liberté qui devient même une obligation à entendre ce dimanche matin Jean-Paul Jouary pendant le quart d'heure accordé aux libres libres penseurs sur France Culture, quart d'heure qui précède la messe de 10h...  Il réclame que la France consacre un musée à la caricature. La pensée unique lui donnera sans doute bientôt raison.

Commentaires

  • "Cependant ce n'est pas en sacralisant la liberté de caricaturer comme l'audace extrême de la liberté d'expression, notamment dans le cadre de l'éducation nationale, qu'on établira la paix et la concorde *. Tout le contraire, on jette de l'huile sur le feu. La sagesse populaire le dit: toute vérité n'est pas bonne à dire et encore qui expose s'expose."
    C'est vrai: interdisons les caricatures, ou demandons au moins que les dessinateurs s'autocensurent.
    "ils jettent de l'huile sur le feu." Qu'est-ce qu'on l'a entendue celle-là au moment des caricatures danoises, puis à l'intention de Charlie Hebdo avant le massacre.
    Ne sacralisons pas liberté d'expression! Soyons respectueux des musulmans qui ne la supportent pas et respectons l'amour mortifère de leur relation au prophète!

  • Bonjour,
    Vous trouvez normal qu'une fille se fasse battre et tondre parce qu'elle aimait un chrétien?
    Je fréquente des gens de différentes religions et l'on peut dialoguer. Cependant , il faut mettre un terme aux agissements des extrémistes de tous bords.. Je me méfie des salafistes comme des églises évangéliques.

  • Vous ne comprenez pas du tout le problème. Les caricatures ne sont pas le problème. Des fascistes religieux en France menace de mort ceux qui critiquent l'islam, comme cette ado sous protection.
    Le fascisme se sert d'excuses pour frapper. Si il n'y a pas de caricatures, ce sera autre chose tolérée aujourd'hui, mais mortel plus tard.
    L'antisémitisme de ces fachos, n'est pas dû à un comportement de français juifs outranciers.

    Les années bisounours sont terminé. Lutter contre le fascisme, ce n'est pas discriminer. D'ailleurs, ceux qui sont offusqués, ce ne sont pas les partisans de l'islam ouvert.

    Il y a bien plus de menace de mort pour la critique de l'islam que pour les caricatures.

    Il faut être intransigeant face au fascisme, et encourager l'islam des lumières qui est à l'opposé du salafisme.

    Quant à l'auto-censure et la sagesse, vous confondez 2 choses : L'auto-censure par respect, et l'auto-censure par peur. Macron parle de la censure causée par la peur, vous êtes hors sujet en citant l'ado.

    Si le chrétien peut pardonner, pourquoi le musulman ne peut pas ?

  • "La France serait sans doute bien inspirée de mettre un peu d'eau dans son vin laïque." Vous êtes Charlie.... mais..... C'est bien la position de la "lachosphère".

  • Merci JFM de proposer une vue moins caricaturale que celle d'une bonne partie des intellectuels et des médias français.
    Il règne en effet une grande confusion au sujet de ce qu'il est convenu d'appeler "la liberté d'expression". Surtout après le terrible assassinat d'un professeur français. La liberté d'expression, contrairement à ce que certains persistent à faire croire, n’est pas absolue. Ceux qui s’y réfèrent devraient accepter de se soumettre aux limites que fixent les règles de la bienséance et du respect de l’autre. Les médias, qui en France sont évidemment les premiers concernés, ont par exemple appris à traiter avec tact et respect les minorités LGBTQI et raciales. Pourquoi ne s’obligent-ils pas à observer la même modération lorsqu’il s’agit de certaines minorités religieuses ? Pourquoi, en matière scolaire, le corps enseignant ne devrait-il pas s’efforcer de traiter le fait religieux avec la délicatesse et les nuances que requièrent certaines questions sensibles ? Montrer du tact et de la retenue, ce n’est pas de l’auto-censure. C’est essentiellement faire preuve d’intelligence et d’empathie. Comme nous le disons si bien à Genève : "le respect ça change la vie".

  • Merci à mes trois commentateurs. Leurs remarques sont pertinentes. Cependant,
    @motus les caricatures dans un journal satirique dans un carnaval dans un théâtre ne sauraient en effet offusquer personne. La liberté d'expression doit y être totale (encore que y sont bannies à juste titre notamment les caricatures antisémites, à caractère raciste ou en raison du genre). Le respect et la mesure ailleurs doivent prévaloir. Rien à voir avec la peur. Car que vous le vouliez ou nom en caricaturant une religion c'est tous ces adeptes que vous atteignez et pas seulement les assassins.
    @Christian Demierre Personne ne peut évidemment trouver normal qu'une fille soit tondue en raison de ses amours, de ses croyances, de ses choix. La question est qui l'aidera à porter plainte et à être protégée. C'est au juge de prononcer la peine. Il faut sans doute accélérer les procédures judiciaires.
    @Mireille Vallette Je ne demande pas aux caricaturistes de s'autocensurer. Je conteste les journaux qui se contentent de republier des caricatures.
    @tous je suggère la lecture de cette réflexion de Mgr Benoist De Sinety, vicaire général du diocèse de Paris: https://fr.aleteia.org/2020/10/25/dans-nos-aveuglements-le-diable-montre-son-visage/?utm_campaign=Web_Notifications&utm_source=onesignal&utm_medium=notifications

  • Il ne serait pas inutile de se rappeler que jusqu`a ce que, au début de 21. siecle, le salafisme extrémiste fut soudain sorti de la boite de Pandore (par qui, c`est une autre question qui vaudrait la peine d`etre un jour éclaircie...), armé jusqu`aux dents et dument doté d`une armada de mollahs spécialisés dans le lavage de cervelle afin d`aller fabriquer du djihadiste a la chaine en Europe et dans certaines ex-républiques soviétiques ainsi que chez les Ouighours... bref, que jusque-la, l`islam fut une religion infiniment plus tolérante que le papisme, en particulier envers les juifs dont les communautés furent florissantes en terre d`islam pendant que les rois chrétiens et l`Inquisition s`amusaient a les persécuter. Les ignares ne le croiront pas puisqu`aussi bien leur culture historique est plus mince qu`une aile de mouche.

  • Une première observation.

    Un droit fondamental consacré par la constitution comme l'est la liberté d'expression demande pour pouvoir être restreinte une base légale, une loi. Il n'y en n'a pas en France dans le domaine dont il est question.

    La ConvEDH exige elle aussi une base légale. Faute d'une telle base légale en France ce que vous préconisez est d'ignorer la CEDH.

    Ce que vous demandez est une auto-censure sous le joug de la terreur. Vous cédez devant le terrorisme. Je peux bien comprendre votre respect volontaire de la sensibilité d'autrui. Mais là c'est la terreur qui vous fait céder.

    Quant à inviter la bienséance et le respect de l'autre, comme le fait Pierre Kunz, il faudrait alors penser qu'il faut pour respecter certains prohiber la bible, les bénitiers et les messes. Et pour les messes, n'en pas célébrer en une cathédrale réformée. Un peu de sesnibilité s'il vous plaît. Une telle messe en heurte beaucoup.


    Une deuxième observation

    Enfin, il est une composante qui est absolue, la liberté d'opinion, celle de penser ce que l'on veut. Relisez donc La ConvEDH ou le Pacte ONU II.

    Etre raciste n'est pas un délit. Etre antisémite n'est pas un délit. Etre homohobe n'est pas un délit. Seuls sont des délits certaines formes d'expression de ces pensées nauséabondes.

  • mettre de l'eau dans son vin, l'occident bien-pensant ne fait que ça depuis plusieurs années, comme on l'a fait face à Hitler avant 39.. On connaît le résultat : Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre (W. Churchill)

  • dans ton cul

Les commentaires sont fermés.