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La pauvreté, les autoroutes, la guerre

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anneesfolles.jpgOn sait que les années folles ont suivi la Grande Guerre et la grippe espagnole, la seconde ayant fauché plus d'humains que la première.

Comment l'Europe et le monde se sont-ils relevés de la Grande Dépression de 29-33? La réponse tient en trois mots: pauvreté, autoroute, guerre. Ou si vous préférez chômage (sans assurance, donc migration vers les villes et les soupes populaires), New Deal (Keynes et Roosevelt) et réarmement. Le tous au temps des passions politiques, des fronts, fasciste et populaire, du national-socialisme, du communiste, (eugénisme et homme nouveau), du personnalisme chrétien aussi mais en sourdine (Barth, Maritain, Mounier, Teilhard...)

Comment allons-nous nous relever de la Grande pandémie 19-20? 

La question angoissante occupe désormais les esprits à l'heure où la première vague du Covid-19 semble reculer. Le virus a bientôt tué 200'000 humains. 85% des victimes sont des personnes âgées ou présentant une comorbidité dont le surpoids. Les fast-foods et les distributeurs de boissons sucrées seront-ils poursuivis en justice?

Comparaison n'est pas raison. L'outil industriel est intact. Aucun aéroport, aucune gare, aucun pont n'est détruit. Les milliards d'ordinateurs, nos smartphones, les réseaux et les clouds tournent à plein régime. Les gouvernements, les partis, les syndicats, les financiers, nationaux et centraux, aussi. Merci.

Une bonne part de la population apprend à travailler, à apprendre, à se cultiver à domicile. Certes tout n'est pas rose. Le système craque de toutes parts. Laisser sa voitures au garage ne coûte pas grand chose; ça rapporte même de l'air pur et du silence. Mais fermer un puits de pétrole ou stopper une centrale nucléaire, c'est une autre chanson.

Le monde avait appris et s'était accoutumé à fonctionner en flux tendu, en last minute, en mode zapping, en mode jetable (notamment dans les hôpitaux). Ce n'est pas un mode détestable. C'est même un mode évangélique (Donne-nous notre pain de ce jour... savoir vivre au jour le jour, sans assurance, sans stock, sans capital, sans trop de vêtement, sans toit même - mais pas sans toi)

Relocaliser n'est pas une politique, c'est un slogan populiste qui veut faire croire que l'autarcie est possible. C'est une idée séductrice qui participe de ce désir fou que le paradis est à portée de main. Hic et nunc.

"Tous ensemble!", clame-t-on dans les manifs! A juste titre. Tous ensemble et pas chacun pour soi, confinés dans nos logis clos, un pays muré, des visage masqués. 

Ce mercredi dans La Croix, Flore Vasseur écrit dans sa chronique sous le titre Choisir ou subir: "Le plus grand défi contemporain est d'imaginer un autre modèle... ". Certes, mais pourquoi n'avons nous pas imaginé cette société avant que d'y être contraint, dans l'urgence et la peur?

Les nouvelles constitutions naissent certes dans les larmes et les révolutions. La récente réécriture de la constitution de la République et canton de Genève nous l'a encore appris. Mais les bonnes constitutions ne gouvernent que les règles de la vie en commun, pas la société dans son ensemble et jusque dans les moindres détails. On sait ce que sont devenus les régimes qui ont choisi de donner tout le pouvoir à l'Etat et ce que nous promet la Chine aujourd'hui.

Flore Vasseur précise: "...un autre modèle, celui d’une société sans pétrole ni ses facilités payées de sang: les prix toujours plus bas, la croissance, soit l’illusion de la richesse (et aux États-Unis, l’illusion de la liberté). Facile à dire? Oui. Je vais encore me faire traiter de bolchevique."

Au moins, l'Annécienne est consciente que son vœu est un vœu pieux. 

"Un choix à ne pas louper, insiste la chroniqueuse qui s'en va chercher au nord le saint graal de la bonne gouvernance: "Le Danemark vient de le rappeler en décidant l’octroi des aides aux entreprises sous trois conditions : pas de versement de dividende, pas de rachat d’action, pas de présence dans les paradis fiscaux."

On satisfait qui avec ce genre d'oukase universel, façon détergent qui font tout briller? Les crieurs de la gauche bien-pensante? Dans le même numéro de La Croix, je lis cet autre papier que François d'Alançon consacre à Mark Lilla, politologue, historien et polémiste.  En 2016, écœuré par la victoire de Trump, il publie une tribune dans le New York Times où il fustigeait « l’hystérie collective » d’une « génération de narcissiques indifférents à la nécessité d’être à l’écoute des Américains de toutes conditions » pour « devenir une force fédératrice capable de gouverner »

Ce sera tout pour aujourd'hui. 

Commentaires

  • La société est humaine, influencé par les gènes humains. Il ne faut pas rêver.
    Une société meilleur, ne veut rien dire puisqu'à chacun sa vision. Cela va d'une solidarité qui implique des règles, à une liberté individuelle absolu qui implique une solidarité ponctuelle, choisie.

    Ce qui est certain, jamais la morale n'a conduit la société. Demain ne sera pas mieux, et ce sera sur la durée qu'on verra si cette crise a eu une influence marquante.

    Au niveau mondiale, dans l'approche stratégique, oui, il y aura du changement. Au niveau local, européen, cette crise renforce la méfiance envers le libéralisme, mais de là à la révolution…..

    L'influence de ce virus sur les sociétés n'a rien d'universelle : Nul en Chine, probablement nul en Corée, potentielle aux US.

    On peut rêver à une utopie, mais ça ne sera pas planétaire. La Chine ne va pas changer pour faire plaisirs à la nouvelle spiritualité européenne.

    Quant à la Suisse, on sera vite fixé. Les nombreuses votations sont un bon moyen de faire le point.

    Quant à la gauche idéologique, l'éternelle perdante des grandes élections , elle n'a que l'utopie pour imaginer de s'imposer. C'est certainement pour cette raison qu'à gauche, il y a plus de rêves, le rêve entretient l'espoir.

  • Une bouée jetée dans cet océan de souffrances: selon un article de Bloomberg citant Sotheby's, le marché des ventes aux enchères d'articles de luxe est plein essor, parce que les riches s'ennuient en raison des restrictions de déplacement. Tout ne va donc pas si mal.

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