I have a dream, ce rêve est un cauchemar. Je ne suis pas un adepte des théories du complot ni de la collapsologie ou de son proche cousin le çavapétisme. J'hésite donc à le coucher sur le web. Mais je me dis que je ne dois pas être le seul à l'avoir fait ce rêve. Et puis, stratégie maligne ou opportun hasard , la Chine gagne à tous les coups, puisque sa proie apeurée n'a plus les ressources de lui résister.
Tout commence, un matin au cœur du l'empire du milieu, Liu referme son livre de chevet: Lao Tseu, un contemporain mythique de Confucius, dont les citations émaillent ses journées comme celles de tous ceux ici et là qui se piquent de sentences un brin sentencieuses. Du genre "Il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non-agir" ou encore "L'échec est le fondement de la réussite".
Liu est un proche de Xi, le maître régnant du parti communiste qui, depuis 70 ans, dirige la Chine et ses habitants sans état d'âme mais déterminé comme ses prédécesseur à rétablir l'empire du milieu à sa place, soit la première, celle autour duquel les autres nations devront tourner comme les planètes tournent captives autour du soleil par le seul effet du mouvement et de l'attraction, dont les physiciens ne connaissent ni l'origine ni le mécanisme.
En 30 ans, la Chine a déjà fait une bonne part du chemin mais elle ne s'éveille vraiment qu'en cette année 2020. Comment conquérir le monde par le non-agir, sans tirer un coup de feu, se demande Liu ce matin là tandis que le soleil sort au loin, blafard, dans la brume et le smog de Pékin? La stratégie de la Route de la soie que son mentor poursuit est certes belle et bonne mais trop lente au goût du conseiller.
Et c'est là que mon rêve prend un tour cauchemardesque... Me revient alors à l'esprit comme souvent Le Parfum d'Adam, un bouquin de Jean-Christophe Rufin, publié en 2007, qui m'a laissé une trace indélébile et que je sors à l'occasion pour dénoncer les dérives possibles des fondamentalistes écolos. Rufin suit une bande d'écervelés qui se mettent en tête d'aller cambrioler un laboratoire au fin fond de la Pologne, d'y dérober une souche de la variole, une maladie éradiquée de la surface du globe, et d'aller infecter l'eau des réservoirs d'une favela au Brésil: l'ennemi, ce n'est pas le réchauffement climatique, c'est la surpopulation mondiale qui est la cause principale de tous nos maux et surtout des maux que l'humain fait subir à la nature, vierge et innocente,
Liu a fait le tour de l'Europe. Il a lu Le Parfum d'Adam. L'étincelle soudain s'allume dans son cerveau: l'agent du non-agir, c'est le virus.
Il échafaude alors son plan. Son objectif n'est pas de réduire la population du monde. La Chine sait faire. Durant plus d'une génération, elle a poursuivi sans faillir les couples et les femmes qui avaient plus d'un enfant. Liu n'a ni frère ni soeur. Il n'est pas marié non plus. Son but est de rétablir vite l'empire du milieu. Il faut donc instaurer la peur chez les autres cette peur qui paralyse ou fait prendre de mauvaise décision. Quoi de mieux qu'une pandémie se dit Liu qui a aussi lu Machiavel? Et quoi de mieux qu'une pandémie chinoise?
Son plan se met en place. Le virus doit être nouveau quoique pas trop virulent. La Chine n'en manque pas. Quelle ville doit-on infecter? Wuhan lui paraît un bon choix. Liu vient du Hubei dont Wuhan est la capitale industrieuse. La ville comme la une région sont peu connues. bien moins que Shanghai, Pékin ou Shenzhen, qui n'attendent qu'une occasion pour s'émanciper de l’empire.
Au centre de l'empire, les Chinois ont conservé quelques habitudes alimentaires étranges. On y consomme du pangolin. C'est une bonne bête et une bonne piste, suffisamment exotique pour capter un temps l'attention. La vrai source sera la chauve souris, l'étrange animal est associé au rat donc à la peste, rumine Liu, et aux vampires aussi, dont le dernier avatar est un certain Weinstein, Harvey de son prénom...
L'infection sera cachée quelques semaines - la Chine sait faire, sourit Liu - puis le parti communiste se mettra en ordre de marche et démontrera au monde comment on règle une épidémie. Il y aura des morts. Ses propres parents qui vivent dans le Hubei pourront être victime de l'épidémie. Liu pense à son frère non né et à sa sœur arrachée à ses parents. Et puis la Chine a trop de vieux, cinq ou dix mille de moins, ce n'est rien.
Mais par quelle région attaquer l'Europe? Liu réfléchit un instant. Très vite la région de Milan s'impose. Il connaît la Lombardie grâce à un ami jésuite. La ville de saint Ambroise est au cœur de l'Europe, sur cette faille lotharingienne, qui sépare, comprenant la Suisse, la plaine du Rhin, la Belgique et la Hollande, le monde fédéraliste de la mannschaft, immanent, germanique, et le monde républicain transcendantal, du citoyen, le droit anglo-saxon du droit romain. Et puis l'Italie, c'est Rome, l'empire romain, mais aussi l'empire chrétien qui fait encore obstacle à l'empire du milieu. Les capitalistes eux, plus que les prolétaires, sont sans frontières et volontiers sans foi ni loi. Liu sourit.
Il sait qu'en fait l'Europe n'a de chrétien que le nom, la flamme s'est éteinte depuis longtemps, malgré les "n'ayez pas peur" du Vatican. La peur du réchauffement climatique est un indice. Toute rationalité a abandonné la jeunesse d'ici et les politiques sont tombés sous le charme de Greta. Le coronavirus va déclencher des réactions de peur et des actions sanitaires qui vont plomber l'économie. Ce que vise Liu c'est un krach boursier, un effondrement des valeurs des entreprises que la Chine pourra sauver de la faillite en les rachetant à vil prix.
Liu éclate de rire. Je me réveille.
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Commentaires
Très habile, mais vous oubliez l'essentiel : il n'y a pas besoin d'avoir lu Jean-Christophe Rufin pour savoir que le problème unique de l'humanité, c'est sa trop grande croissance.
Vous êtes agronome : vous savez qu'à faire des cultures intensives, on favorise les parasites ou les fléaux de la plante cultivée. Nous ne sommes pas différents du maïs sur ce point. Notre avenir de surpeuplés, ce sont justement les épidémies, les guerres et la famine. Il ne s'agit pas de morale et on a un peu l'impression que votre démarche, par contre, se veut moralisante...
Cela dit, les livres de J-C Rufin sont toujours très intelligents. Raison pour laquelle il n'a visiblement aucun succès...
«Le fantasme (allemand : die Phantasie) est une “production psychique imaginaire“ qui a la “structure d'un scénario“ soutenant la réalisation d'un désir» (Wiki). Et cette évocation d'une Chine fantasmée ne manque pas de constructions imaginaires révélant des peurs. Pour s'en guérir, l'auteur ferait bien d'aller voir sur place...
Affaiblir les économies américaine et européenne serait scier la branche (les marchés) sur laquelle la Chine est assise. La Chine n`en est pas encore a pouvoir compter uniquement sur son marché domestique pour échapper au chomage de masse. Si vous aimez les cauchemars conspiracionnistes, je vous proposerais plutot un petit pays sinistrement mystérieux au Nord de la Corée du Sud, avec ses laboratoires ultra secrets axés sur la guerre biologique.
M. Mabut
Ceci n'est pas un commentaire mais une demande de conseil, d'un avis d'une personne bien au courant de la problématique.
Je vous dois la suppression de mon blog il y a quelques années, sans explication de votre part ou de vos collègues. Mais je pense que c'était dû à un billet agressif sur un de vos collègues journalistes de 24 heures, qui avait fait l'objet d'un reportage de "Passe-moi les jumelles", que j'avais un petit peu trop interprété comme "Passe-moi la brosse à reluire"...
Mea maxima culpa, c'était exagéré de ma part. Aucun doute à ce sujet...
Depuis, tant bien que mal mais plutôt mal, je tente de commenter chez vos confrères blogueurs. J'ai été interdit chez Homme Libre, M.Goetelen semblant très susceptible et ne soufffrant aucune contradiction à son ego. Idem chez Décaillet, qui proclame haut et fort les vertus de l'expression démocratique sur les réseaux sociaux mais m'a interdit aussi bien. Pour les mêmes raisons que vous auriez pu refuser mon commentaire ce matin. Mais vous l'avez publié, à ma surprise je dois bien le dire.
C'est pourquoi je vous demande si vous pensez que je pourrais réouvrir un blog sur la plateforme TdG, étant un peu fatigué de me faire censurer par l'ego hyper-développé de certains. Pensez-vous que c'est dans l'ordre du possible ou suis-je définitivement condamné dans ce domaine ?
Pas besoin d'une longue réponse, juste votre avis en trois mots...
Vous avez mon adresse e-mail...
Je vois pas vraiment ce que la Chine gagne dans cette histoire. Je trouve qu'elle y a surtout perdu la face: peur panique et soumission aux diktats de l'OMS. Bon, ce n'est qu'un rêve, inspiré d'une réalité assez fantasmagorique.
A lire absolument : le dernier billet de André Langaney : excellent !