La Chine s'éveille en 2020 (10/03/2020)

pangolin.jpgI have a dream, ce rêve est un cauchemar. Je ne suis pas un adepte des théories du complot ni de la collapsologie ou de son proche cousin le çavapétisme. J'hésite donc à le coucher sur le web. Mais je me dis que je ne dois pas être le seul à l'avoir fait ce rêve. Et puis, stratégie maligne ou opportun hasard , la Chine gagne à tous les coups, puisque sa proie apeurée n'a plus les ressources de lui résister. 

Tout commence, un matin au cœur du l'empire du milieu, Liu referme son livre de chevet: Lao Tseu, un contemporain mythique de Confucius, dont les citations émaillent ses journées comme celles de tous ceux ici et là qui se piquent de sentences un brin sentencieuses. Du genre "Il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non-agir" ou encore "L'échec est le fondement de la réussite".

Liu est un proche de Xi, le maître régnant du parti communiste qui, depuis 70 ans, dirige la Chine et ses habitants sans état d'âme mais déterminé comme ses prédécesseur à rétablir l'empire du milieu à sa place, soit la première, celle autour duquel les autres nations devront tourner comme les planètes tournent captives autour du soleil par le seul effet du mouvement et de l'attraction, dont les physiciens ne connaissent ni l'origine ni le mécanisme.

En 30 ans, la Chine a déjà fait une bonne part du chemin mais elle ne s'éveille vraiment qu'en cette année 2020.  Comment conquérir le monde par le non-agir, sans tirer un coup de feu, se demande Liu ce matin là tandis que le soleil sort au loin, blafard, dans la brume et le smog de Pékin? La stratégie de la Route de la soie que son mentor poursuit est certes belle et bonne mais trop lente au goût du conseiller. 

Et c'est là que mon rêve prend un tour cauchemardesque... Me revient alors à l'esprit comme souvent Le Parfum d'Adam, un bouquin de Jean-Christophe Rufin, publié en 2007, qui m'a laissé une trace indélébile et que je sors à l'occasion pour dénoncer les dérives possibles des fondamentalistes écolos. Rufin suit une bande d'écervelés qui se mettent en tête d'aller cambrioler un laboratoire au fin fond de la Pologne, d'y dérober une souche de la variole, une maladie éradiquée de la surface du globe, et d'aller infecter l'eau des réservoirs d'une favela au Brésil: l'ennemi, ce n'est pas le réchauffement climatique, c'est la surpopulation mondiale qui est la cause principale de tous nos maux et surtout des maux que l'humain fait subir à la nature, vierge et innocente, 

Liu a fait le tour de l'Europe. Il a lu Le Parfum d'Adam. L'étincelle soudain s'allume dans son cerveau: l'agent du non-agir, c'est le virus.

Il échafaude alors son plan. Son objectif n'est pas de réduire la population du monde. La Chine sait faire. Durant plus d'une génération, elle a poursuivi sans faillir les couples et les femmes qui avaient plus d'un enfant. Liu n'a ni frère ni soeur. Il n'est pas marié non plus. Son but est de rétablir vite l'empire du milieu. Il faut donc instaurer la peur chez les autres cette peur qui paralyse ou fait prendre de mauvaise décision. Quoi de mieux qu'une pandémie se dit Liu qui a aussi lu Machiavel? Et quoi de mieux qu'une pandémie chinoise?

Son plan se met en place. Le virus doit être nouveau quoique pas trop virulent. La Chine n'en manque pas. Quelle ville doit-on infecter? Wuhan lui paraît un bon choix. Liu vient du Hubei dont Wuhan est la capitale industrieuse. La ville comme la une région sont peu connues. bien moins que Shanghai, Pékin ou Shenzhen, qui n'attendent qu'une occasion pour s'émanciper de l’empire.

Au centre de l'empire, les Chinois ont conservé quelques habitudes alimentaires étranges. On y consomme du pangolin. C'est une bonne bête et une bonne piste, suffisamment exotique pour capter un temps l'attention. La vrai source sera la chauve souris, l'étrange animal est associé au rat donc à la peste, rumine Liu, et aux vampires aussi, dont le dernier avatar est un certain Weinstein, Harvey de son prénom...

L'infection sera cachée quelques semaines - la Chine sait faire, sourit Liu - puis le parti communiste se mettra en ordre de marche et démontrera au monde comment on règle une épidémie. Il y aura des morts. Ses propres parents qui vivent dans le Hubei pourront être victime de l'épidémie. Liu pense à son frère non né  et à sa sœur arrachée à ses parents. Et puis la Chine a trop de vieux, cinq ou dix mille de moins, ce n'est rien. 

Mais par quelle région attaquer l'Europe? Liu réfléchit un instant. Très vite la région de Milan s'impose. Il connaît la Lombardie grâce à un ami jésuite. La ville de saint Ambroise est au cœur de l'Europe, sur cette faille lotharingienne, qui sépare, comprenant la Suisse, la plaine du Rhin, la Belgique et la Hollande, le monde fédéraliste de la mannschaft, immanent, germanique, et le monde républicain transcendantal, du citoyen, le droit anglo-saxon du droit romain. Et puis l'Italie, c'est Rome, l'empire romain, mais aussi l'empire chrétien qui fait encore obstacle à l'empire du milieu. Les capitalistes eux, plus que les prolétaires, sont sans frontières et volontiers sans foi ni loi. Liu sourit.

Il sait qu'en fait l'Europe n'a de chrétien que le nom, la flamme s'est éteinte depuis longtemps, malgré les "n'ayez pas peur" du Vatican. La peur du réchauffement climatique est un indice. Toute rationalité a abandonné la jeunesse d'ici et les politiques sont tombés sous le charme de Greta. Le coronavirus va déclencher des réactions de peur et des actions sanitaires qui vont plomber l'économie. Ce que vise Liu c'est un krach boursier, un effondrement des valeurs des entreprises que la Chine pourra sauver de la faillite en les rachetant à vil prix.

Liu éclate de rire. Je me réveille.

 

Dernière minute: Soucieuse de son image, la Chine réécrit l'histoire du coronavirus de Wuhan

07:57 | Lien permanent | Commentaires (6)