Donc, par les temps qui courent, mieux vaut ne pas avoir un rhume, un refroidissement, un chat dans la gorge (heureusement qu'il pleut, les allergiques ne sont pas regardés de travers)... Hier, à la Migros, sur le coup de 15h, j'ai éternué dans ma main (le réflexe appris enfant l'a emporté sur le coude). Un employé distant de plus de deux mètres m'a regardé d'un œil réprobateur.
Tout à l'heure, en promenade, un père de famille nous dit garder ses filles renvoyées en quarantaine par principe de précaution. Une mienne cousine a, m'a dit un octogénaire à qui j'ai rendu visite ce matin (suis-je un assassin en puissance?), bouder la chorale des seniors car une voisine chanteuse, nonagénaire, était tantôt rentrée de Milan... On ne vous parle pas des cohues dans les trams et des trains de recommandations officielles.
Le coronavirus tient le monde par les coucougnettes. Et ça va faire mal, lancent les prophètes de mauvaises augures, qui se réjouissent qu'un microbe stoppe soudain le cours des choses.
Bilan à ce jour, après une quinzaine de mesures sanitaires: un patient guéri à Genève et un patient décédé à Lausanne. Ce triste événement vaut à sa famille les condoléances radiodiffusée de la ministre de la santé vaudoise. Comme si l'Etat avait failli dans sa lutte pour garantir à tous une bonne vie jusqu'à... un âge avancé. Au fait jusqu'à quand? 70 ans, 80 ans, 90 ans, 100 ans, 1000 ans?
On nage en plein délire.
Toutes les familles éprouvées ces jours par la mort d'un proche apprécient sans doute cet hommage cantonal au premier mort du coronavius en Suisse.
Pendant ce temps, on meurt en nombre inconnu au nord de la Syrie ou on gèle sous les oliviers en marche vers la Turquie, coincés dans une guerre civile devenue illisible. On migre vers l'Europe, on se presse sur la frontière grecque où sont postées les premières caméras du monde libre. Evidemment, aucun Syriens ne marchent au nord vers la Russie, à l'est vers l'Iran ou la Chine ou au sud vers l'Arabie, l?inde ou l'Egypte. Quant aux Amériques... elles ont leurs propres migrants du sud.
Bien sûr il faut rester accueillant, ouvert aux... marchands. Il faut dénoncer le méchant Poutine, le sanguinaire Assad, le cynique Xi, le drôle Trump et se désoler d'une Europe aux abonnés absents. Si on nous donnait le gouvernement du monde, sûr que nous autres Genevois saurions régler le problème comme une horloge à complications multiples. N'héberge-t-on pas tout ce que le monde fabrique comme bonne pensée, ONG caritatives, droitsdel'homistes patentés et autres organismes et experts nécessaires à la mécanique internationale?
Je m'énerve. Evidemment.
Que l'on prenne quelques mesures pour endiguer l'épidémie du jour, personne ne le conteste. Même pas le preux ministre de l'économie vaudoise. La question tient dans la mesure. Et personne ne connaît la mesure. Elle est forcément un équilibre dynamique entre le nombre de morts attendus qu'on attribuera au virus et les conséquences économiques des quarantaines prononcées. Difficile pesée qui ne peut être que politique et donc sujette à débats, critiques et contestations.
Le problème c'est peut-être qu'on veut mener la lutte contre le coronavirus comme la guerre à l'aune d'une doctrine irréaliste. L'une comme l'autre doivent provoquer zéro mort (dans le camp du bien).
Ajout 15 heures plus tard: j'avale par hasard trois interviews d'Info-Verso, le podcast de la RTS, dont l'épisode 2 celle où Nicolas Schiau debriefe l'émission Exil, 6000 km avec des jeunes migrants de Turquie à la Jungle de Calais, une série qui l'a rendu célèbre, lui a appris ce qu'était le métier de journaliste et lui a changé la vie
Commentaires
"On nage en plein délire." Surtout ceux qui s'insurgent contre le fait qu'on veut préserver les plus fragiles, les vieux avec faiblesse respiratoire. Un vrai scandale en effet ! Alors que l'AVS est à la peine, il ne faut pas hésiter à aller les visiter le plus possible dans leurs EMS...
Ou les envoyer chez les évangélistes à Mulhouse pour les faire profiter des bienfaits de la religion...