Les médias traditionnels sont-ils en train de disparaître? La question hante toutes les rédactions, y compris les rédactions digitales, sous leur ancienne forme radio TV ou sous leur nouvelle forme de pure player (né sur le net en français), mais qu'est-ce que le net à l'heure où les réseaux sociaux américains et chinois phagocytent l'attention des gens et les thunes de la publicité?
Les médias traditionnels sont-ils en train de disparaître? Patrick Badillo, patron du Medi@lab de l'Université, analyse la question dans une chronique de ce jour dans la Tribune. Hier la Tribune a diffusé une succincte dépêche de l'ATS: Tamedia s'appellera désormais TX Group. L'assemblée des actionnaires du premier éditeur de Suisse a validé un plan de transformation annoncé fin novembre.
Le communiqué officiel indique que les journaux du groupe, dont la Tribune, seront codirigés par Marco Boselli (journalisme) un ex de 20 Minutes et du Blick et Andreas Schaffner (services d'édition). Une seule femme dans le conseil d'administration: l'ancienne conseillère aux Etats argovienne Pascale Bruderer.
Combien de temps TX Group, dont le logo vert est discuté dans Persoennlich.com, imprimera-t-il des journaux? La question avait été posée l'an dernier par un rotativiste bernois lors de la présentation semestriel des comptes de Tamedia. La réponse avait été que le parc des rotatives peut tenir jusqu'en 2028, mais que si la décision devait être prise aujourd'hui d'investir dans un centre d'impression, la réponse serait bien difficile...
Le tirage des journaux s'effondre partout. Le site de Tamedia indique que la Tribune est à 30'000 copies par jour, presque la moitié moins qu'il y a 10 ans selon l'office cantonal de la statistique qui reprend les comptages d'audience de la REMP. 24 Heures, dont le quotidien genevois partage la moitié des pages produites à Lausanne sous la direction de la réd en chef du Matin Dimanche, tire à 49'000 copies par jour. Certes l'audience qui s'effondre sur le papier est en partie voire largement compensée par les visites des sites internet. Cependant, les entreprises peinent à convaincre les lecteurs à devenir des abonnés durables. Tamedia ne donne que des chiffres de visites par mois mais aucune information sur le nombre d'abonnés en ligne.
TX Group donc. TX pour Technology Exchange. Faut-il en conclure que l'information n'est plus le cœur de cible du premier éditeur de Suisse? Ce serait sans doute aller un peu vite en besogne. Mais, comme Ringier, le groupe zurichois est en transformation. Il cherche de nouveaux marchés.
Tout espoir n'est certes pas perdu. Après l'euphorie de la nouveauté, les réseaux sociaux vont sans doute rentrer dans le rang. Mais, entre les gratuits, imprimés ou non, et les mooks, y aura-t-il une place pour des médias généralistes quotidien d'actualité imprimés ou en ligne, financé par le seul marché des abonnés et de la publicité?
Le robot Flint me signale un article publié par Nieman Lab du directeur de l'Institut Reuters pour le journalisme. Pas très optimiste Rasmus Kleis Nielsen mais pas fataliste non plus. Ceux qui tirent leur épingle du jeu se comptent à peine sur les doigts des deux mains. A noter que Nieman Lab publie ces jours des contributions (trop) nombreuses qui disent de quoi sera fait le journalisme en 2020.
Comment réinventer les infos générales et politiques qui font corps avec la démocratie, le vivre ensemble, le café du matin, les articles qu'on diffuse d'un clic sur son réseau social favori? Que sera une société sans presse quotidienne? Sera-t-elle plus ou moins juste, plus ou moins libre, plus ou moins solidaire, fraternelle?
Merci de vos réponses.
Commentaires
Comme beaucoup d`autres, je ne parierais pas un bouton de culotte sur la presse imprimée, d`autant que le prix du papier ne peut qu`augmenter.
L`avenir de la Tribune, a mon avis, est a la fois en ligne et centrée sur une information régionale plus détaillée qu`actuellement, avec un simple survol de l`international. Avec le 5G, le journal en ligne de demain pourra etre bien plus interactif et multimédia (voire 3D) que maintenant.
Moi, humblement, je vois une solution :
que les journaux se consacrent uniquement sur l'actualité de proximité, le sport et la critique des spectacles. Nombre de lecteurs constatent que la même actualité internationale est répétée en boucle par la quasi-totalité les journaux, et ce, en suivant la bien-pensance générale qui fait actuellement florès. On le voit avec Trump, le changement climatique, le conflit israélo-arabe, etc. Où sont donc passés les journaux distillant des opinions qui leur soient propres?Je me souviens qu'avant, il y avait le Journal de Genève (journal se positionnant franchement à droite), La Suisse (journal des classes populaires), La Tribune de Genève (qui se plaçait au centre de l'échiquier politique), Le Courrier (journal de gauche). Aujourd'hui : TDG, 24H, LeMatinDimanche, Le Temps, etc ,étalent les mêmes idées, ç.à.d. le politiquement correct qui est franchement de gauche (à part peut-être le Courrier). Par ailleurs à quoi cela sert-il que les sites numériques des journaux romands fassent la plupart du temps le même copier coller des agences ATS, et AFP ? Où est donc la valeur ajoutée ? En outre, lLe journalisme d'investigation se fait de plus en plus rare !
Par ailleurs, il faut bien admettre que la gratuité du journal 20Minutes met à mal bien des quotidiens romands. C'est pourquoi je ne comprends pas la politique de TX Group, ex Tamedia
En tout cas, un grand merci Monsieur Mabut pour avoir initié le débat et de permettre à bien des gens de prendre part à la discussion.
Distinguer le temps long de l'écrit papier et celui instantané de l'électronique. Donner une nouvelle importance au papier. D'une part son coût incitant à limiter le futile. D'autre part sa matérialité inclinant à la conservation. D'où une orientation vers des enquêtes approfondies, des reportages au long cours, des documents qui deviennent des références que l'on a plaisir à lire sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines si des compléments s'imposent. Et laisser l'écume des jours s'évanouir heure par heure sur les prothèses médiatiques que sont devenus les téléphones portables et autres tablettes.