Coup de frein à l'aéroport et deux non d'extrême justesse au "bétonnage" de deux sites au Petit- et au Grand Saconnex ce 24 novembre à Genève. Que n'aurait-on pas entendu si deux oui d'extrême justesse étaient sortis des urnes? Je parie que les opposants vaincus auraient usé de tous les moyens pour que leur cause l'emporte finalement.
L'issue des scrutins posent un vrai problème de démocratie. Le génie suisse n'est-il pas en pareil cas de remettre l'ouvrage sur le métier et de trouver un meilleur équilibre?
Souvenez-vous du 9 février 2014!
C'est la justesse du résultat qui a conduit le Parlement fédéral à tailler au mieux la loi sur la libre circulation des personnes et à introduire une dose de préférence nationale à l'embauche, après le petit oui des Suisses à l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse, au risque de mettre en péril nos relations gagnant gagnant avec l'Union européenne.
Imagine-t-on à Genève le Grand Conseil ajuster ainsi les lois refusées ce dimanche 24 novembre dans une tentative de concilier les deux camps? Quel député en fera la proposition? On aurait attendu d'Antonio Hodgers une telle ambition et non celle d'un ministre, qui, pressé par les siens, décrète un moratoire de la densification de la zone villa.
Comment faire accepter des projets à ceux qui les jugent inacceptables parce qu'ils dérangent leur quiétude (cas du Petit Saconnex) ou leur idéologie (cas du Grand Saconnex). Faut-il plus de pédagogie comme on l'a entendu? Sans doute mais on ne fait pas entendre raison à qui est dans l'émotion.
Faut-il redébattre de la croissance, de sa vitesse et de sa couleur? Sans doute aussi, mais le débat peut tourner en rond, enfoncer des portes ouvertes ou même ne pas avoir lieu quand les fronts sont irréductibles.
M'est revenu en mémoire le projet du Conseil d'Etat Genève 2050, relayé sur Facebook, lancé un peu en catimini en 2018 et malheureusement totalement pollué par le faux pas du président d'alors et surtout son entêtement à demeurer membre du collège gouvernemental.
Qu'entend faire le Conseil d'Etat de ce vaste sondage et de cette introspection. N'y trouve-t-on pas de quoi répondre aux questions qui se bousculent à l'issue du dernier scrutin?
On attend aussi avec intérêt les bonnes idées de l'ex-patron de la CICG devenu entre autres casquettes, président de l'Association en faveur de l'aéroport, mais aussi fervent défenseur d'un nouvel indice mesurant le bonheur cantonal brut .
Alors que Genève voit son principal fleuron international, l'organisation mondiale du commerce, mis sur la touche, et que va s'ouvrir la campagne électorale des Municipales 2020, tandis que la compétition internationale ne cesse de s'accroître, on peut s'inquiéter de nos capacités à relever les défis.
Sur Genève en 2050, je suis tombé sur cet essai fictionnel d'Oscar Bartolomei publié dans Bilan cet automne. Sur le même sujet, on peut encore lire mes billets de juillet dernier.
Commentaires
On peut penser que la population suisse ne partage pas l'enthousiasme des politiques face à une Suisse de 10 millions d'habitants et plus.
La droites, du moins une partie va être confronté à un électorat de plus en plus hostile.
Bien sur, si le but de la vie est une carrière professionnelle avec la maison rêvée, l'idée de gérer l'économie révulse. Mais comme la majorité des citoyens comptent leurs sous, je vois mal qu'ils acceptent en plus de la disparité sociale, de subir la dégradation de l'environnement.
A défaut d'un monde juste, c'est la qualité de vie qui maintiendra la cohésion sociale. L'exemple français devrait faire pourtant réfléchir les politiciens de droites.
Quant aux souhaits des citoyens, ils se construisent d'abord sur l'impact qui n'avait pas été imaginé.
La densification de certaines zones accentue l'injustice sociale ressentie. On peut penser qu'on est qu'au début d'une exaspération de la population face à la dégradation.
Les nouvelles constructions ne vont pas améliorer la tension immobilière. La croissance est trop forte. Il y aura juste plus d'habitants et les problèmes qui s'ajoutent : effectifs des écoles,...
En somme le but de la vie est de vivre au mieux, pas comme victime de l'économie. Et du pauvre au riche, l'Etat doit garantir une qualité de vie à défaut d'égalité sociale. C'est cette héritage qu'on doit laisser aux générations futures.
Dire que ceux qui ont dit NON à des projets de bétonnage sont dans l'émotion n'est pas digne. Dépit d'avoir perdu. Je ne suis pas riverain ni du Petit ni du Grand Saconnex et j'ai voté 2x fois NON, sans émotion, mais avec conscience qu'une croissance infinie ça n'existe pas dans un monde fini. Ras le bol de cette fuite en avant dans une Genève polluée, bruyante, surpeuplée. Question de valeurs.