Ainsi donc la liaison routière entre le Bachet-de-Pesay et la douane de Pierre-Grand (PL12183) - nommée L1 et L2 dans la jargon des politico-administrateurs qui nous gouvernent et dont j'ai été un modeste initiateur (ici et là), lorsque j'étais un adjoint éphémère de Bardonnex, il y a déjà un quart de siècle - est vouée à succomber sous les coups des riverains, antibagnoles, des antifrontaliers et des défenseurs de tout poil, plume et chitine qui vole, court, creuse et batifole dans le nant de la Bistoquette, renaturé il y a 20 ans. Le ruisseau lui aussi éphémère sourd du bois du Milly, un joli bois à ne pas confondre avec une forêt*.
Mais bonne nouvelle, les Verts et le MCG annoncent une prochaine alliance pour promouvoir L3, soit le doublement des voies de passage à la douane de Bardonnex et la participation genevoise à hauteur de 100 millions en vue de l'élargissement à trois voies de l'autoroute A40 du pied du Salève - qui constitue comme on sait le contournement sud du canton - et, en prime, le maintien de la gratuité de ce tronçon.
Dernière trouvaille des experts pour saborder L1-L2, le rappel de la présence sous la route d'Annecy - qui doit relier les deux nouvelles artères - de vestiges romains. Rien que ça. De quoi en effet satisfaire les politiciens qui croient que dire amen à paroles d'experts est faire acte de haute politique. N'en doutons pas l'artère L1-L2 est morte.
Les députés de ce qui reste de la colonne vertébrale qui a forgé la Genève du XXe siècle, soit l'alliance radicale, libérale et démo-chrétienne, ont cherché prudemment à battre en retraite. Le choix est simple. Soit ils sont battus par une majorité hétéroclite désignées ci-dessus soit, fielleusement, des députés de gauche et des MCG s'abstiennent ou même votent le projet, histoire de mieux le trucider ensuite via un référendum populaire. Dans les deux cas, on ne parle plus de L1-L2. Et les travailleurs locaux, qu'à Genève on divise en deux catégories, les résidents genevois et les frontaliers, en feront les frais. De quoi entre nous s'interroger sur l'internationalisme à géométrie variable de nos donneurs de leçons de gauche et plus.
De quoi passer à L3?
Tout à fait, se sont dit quelques députés verts et MCG, préoccupés, une fois n'est pas coutume, autant par la défense de leurs propres intérêts que par le fait que la prospérité commune est tout de même le second amendement de la Constitution fédérale.
L3, c'est appliquer au contournement sud du canton la même solution que Berne met en oeuvre pour le tronçon ouest du contournement du canton (faute d'accord pour une traversée du lac): l'élargissement à trois voies de l'autoroute suisse A1 entre Versoix et Perly.
Or tout le monde sait que le goulet d'étranglement de la douane de Bardonnex n'est pas compris dans ce projet suisse. Il faut donc faire sauter le bouchon de Bardonnex, ce qui incitera les travailleurs à emprunter l'autoroute de quoi prendre les mesures qui s'imposent pour réduire la circulation allogène dans les villages de Genève Sud.
Les députés verts et MCG ont donc conclus une alliance inédite. Ils vont déposer un projet de loi pour financer à hauteur de 100 millions, presque le crédit de L1-L2, le doublement des voies de passage à la douane de Bardonnex et l'élargissement à trois voies de l'autoroute du pied du Salève. En prime, les verts-MCG déclarent vouloir maintenir la gratuité sur le tronçon compris entre les gares de péages de Vallery et de Nangy, gratuité qui est tombée depuis janvier 2015 et que la société d'exploitation de l'autoroute comptabilise en vue de présenter tout prochainement la facture aux autorités locales dans le cadre d'un projet transformant la douane française de Bardonnex en une gare de péage.
Ajoutons que les verts-MCG caressent aussi la possibilité de poursuivre leur alliance fructueuse en lançant deux autres projets ambitieux en avril 2020:
1) la construction d'une bretelle entre la route de Jussy et le carrefour autoroutier d'Etrambière, afin de canaliser le trafic de la région sur l'autoroute de contounement du canton et aini renvoyer aux Calendes grecques l'hypothétique traversée du lac,
2) Réhabiliter le chemin de fer du Pays de Gex et le connecter avec la raquette ferroviaire de l'aéroport
Ils se sont à ce sujet associé au député Guy Mettan qui en avril 2018 avait déposé la question urgente no 834. Le Conseil d'Etat y avait répondu un mois plus tard.
A suivre!
* A Genève nous n'avons pas de forêt, nous n'avons que des bois, c'est à dire des forêts qu'on a fauché pour construire la ville et dont on laissé pousser les rejets pour se réchauffer au temps où l'on ne connaissait ni le pétrole, ni le charbon, ni l'atome et pas non plus les énergies en vogue aujourd'hui: vent, soleil, biomasse, géothermie.
Commentaires
Excellente nouvelle, le MCG et les Verts semblent enfin revenir à la raison (lol).
Mais vous faites bien de parler de Guy Mettan, puisque ce dernier serait sur le point de déposer un projet de loi pour que Genève le mandate afin de demander l'assistance et le financement de la Fédération de Russie pour édifier une traversée du lac en moins de 4 ans, sur le modèle du pont qui franchit désormais le détroit de Kertch en Crimée. Il semble qu'une majorité du Grand Conseil soit prête à se rallier à cette option.
"la construction d'une bretelle entre la route de Jussy et le carrefour autoroutier d'Etrambière, afin de canaliser le trafic de la région sur l'autoroute de contounement du canton et aini renvoyer aux Calendes grecques l'hypothétique traversée du lac"
Il n'y a pas besoin de ça pour comprendre que cette traversée est condamnée ou du moins reléguée si loin que tous les plans directeurs qui reposaient sur cet ouvrage à l'horizon 2030 devront être revus.
Les élus font joujou avec des concepts. Les Verts misent sur la paralysie pour obliger les gens à renoncer à leur voiture. Nous allons très vite vérifier à quel point la mise en oeuvre des principes du rapport "Mobilités 2030", amputés de ces éléments structurants va créer le chaos. J'en parle ici : http://heytaxi.blog.tdg.ch/archive/2019/02/16/guerre-des-transports-297352.html
Les Genevois vont se fâcher.