Avant la fermeture annuelle de l'administration, le Conseil d'Etat de la République et canton de Genève adresse, ces jours, ses voeux chaleureux loin à la ronde.
La belle image de Vincent Calmel fait immanquablement penser à la devise de la cité: Post tenebras lux! Le jet d'eau, les Bains des Pâquis, les fêtes de Genève dont les feux éphémères miroitent sur les eaux du lac. Impermanence que la photo fixe faussement. Une fake news?
Rien sur les Bains des Eaux-Vives, rien sur le CEVA qui seront les points forts locaux de l'an prochain. Rien évidemment sur le sort de l'ex-président du Conseil.
Rien sur les 100 ans de la Société des Nations qui, plus que la création de la Croix-Rouge ou la signature du traité de l'Alabama qui mit fin à la guerre de sécession américaine, fonda la Genève internationale.
Rien non plus sur les 100 ans du Bureau international du travail, créé en 1919 pour faire pièce au communisme conquérant. L'institution a perdu son objet depuis 30 ans avec la chute du Mur de Berlin et du bloc soviétique. Elle ronronne au bord du Léman. Pourtant l'alerte sonne. Le BIT doit se réveiller, au besoin se réinventer à l'heure où les algorithmes et les robots avancent à marche forcée, menacent les travailleurs et le travail bien plus que les rouges d'alors et leurs lendemains qui chantent.
Doit-on qualifier l'année 2018 d'anus genevensis horibilis? Sans doute pas.
Le budget est voté. L'économie genevoise et le train de vie de l'Etat providence qui en dépend affichent une belle santé. La paix et la concorde règnent dans le pays et alentours. Le réchauffement climatique profite aux crus de la Haute vallée du Rhône - qui s'étend du lac du Bourget au glacier du Rhône et dont Genève est naturellement le pivot. Nous sommes toujours une (petite) capitale du monde, quoique les Genevois de souche vieillissent (c'est quoi un Genevois de souche? En suis-je un moi qui ai de lointaines racines à Beaumont au pied du Salève?). Ils se métissent toujours plus avec la population très cosmopolite qu'hébergent le canton - 500'000 habitants officiellement dont 41% d'étrangers sans droit de citoyenneté. Un travailleur sur trois vit au-delà d'une frontière toujours plus anachronique mais qui sépare deux mondes dont le cours semble s'écarter. Le mur est certes poreux mais c'est tout de même un mur.
Que souhaitez au Conseil d'Etat? La fin de l'affaire Maudet
Elle n'a que trop duré. Elle ne peut se clore que par la démission de celui qui en est à l'origine. Tout autre issue serait dommageable au Canton et à la crédibilité de ses institutions.
Bien sûr, les faux pas de Pierre ne sont pas si graves. Cependant, frappé par l'hubris du pouvoir, l'ex-président du Conseil d'Etat a tout fait pour saper la confiance qu'on pouvait encore avoir en lui. Cette rupture de confiance se creuse chaque jour davantage. Elle n'a rien à voir avec la procédure judiciaire en cours. Même si le magistrat PLR devait être blanchi par la justice, il ne retrouverait pas aussitôt son crédit.
Le mensonge n'est pas un crime mais c'est une faute personnelle qui alimente le soupçon, sape la confiance, érode la grandeur. Il peut être compris et pardonné quand les intérêts de la nation sont en jeu et qu'aucune autre issue n'apparaît possible. Rien de tout cela dans le comportement du Pierre Maudet.
Son interview publié ce jour dans Le Temps est pathétique. On y voit un homme blessé qui ne comprend pas sa faute, qui continue de la minimiser, qui croit qu'on peut l'absoudre parce qu'il serait indispensable à la République. Quelle morgue, quelle orgueil!
La Suisse a inventé la concordance, la collégialité et s'en porte plutôt bien, elle n'a que faire des hommes providentiels ou qui se croient tels.
Si Pierre Maudet veut rendre service à la République, il n'a qu'une chose à faire: démissionner et vite. L'affaire n'a que trop duré. Il est jeune, compétent, il a tout le temps de se refaire une honorabilité.
Commentaires
Excellente analyse de l'article du Temps qui a effectivement révélé le côté suffisant et orgueilleux de Maudet qui ne se prend pas pour la queue de la poire et croit encore (on feint de le croire) à sa supériorité et à son rôle prépondérant dans la politique genevoise.Avec tous appel à la démission pour sauver encore un brin de dignité si ce n'est pas déjà trop tard....
Il n’est plus jeune et il fait vieux, il n’est pas compétent et il est cramé partout.
Le plus dur c’est pas la chute mais l’atterrissage.
J adhère au commentaire de Mme Dre Béatrice Deslarzes,
Si M.Maudet a résisté jusqu à maintenant pour donner ou se faire donner sa démission en le reportant à la mi 2019 (comme par ailleurs M. Barrazone qui ne briguera plus, dit-il, un nouveau mandat mi-2019) ce n est, peut être , que pour perdurer le suspense et surtout, re-peut-être, pour toucher une "rente" de 90.000 F.S. annuelle (à vie?!) à laquelle il n a pas droit qu à la mi 2019, me semble-t-il. Me trompé-je' ?
Bien à Vous.
Charles 05