Tout le monde est content à Piogre. Enfin presque.
Le grand vieux parti qui a fait la République tout seul avant de convoler tardivement avec le grand parti protestant, où se croisent les humanistes et les affairistes, a faire élire son étalon, le grand Pierre, du premier coup à la Tour Baudet.
Son copain Hodgers, jeune homme bien sous tous rapports, est réélu avec un score canon, alors que, dans la verdatrie locale, qui a ravivé ses couleurs au gré de l'humeur végan, bio, spéciste du temps présent et de la peur de l'enfer climatique promis, le copain Antonio donc était contesté pour mettre en oeuvre un Plan directeur cantonal, un PDc pas de son cru mais qui menace quelques villas et leur jardinet de l'urbs en croissance continue...
Le PDC, le parti proche de François -un pape écolo et si mal s'en servir... - gagne un strapontin après s'être fait une peur bleue dans une opération de green washing antiglyphosate, engagée à la hussarde quelques semaines avant le scrutin, ce qui vaut sans doute au parti orange d'avoir dans sa députation la plus forte concentration de paysans non bio, plus proches de Parmelin que de Cretlgny (enfin on verra à l'usage).
Les partisans vrais de Parmelin, eux, qui ont débarqué avec leurs toupins à Uni Mail hier en fin de journée, éveillant le temps d'un instant la curiosité de quelques journalistes en mal de sons et d'images originaux, les vrais Parmelin donc ont bu la tasse et failli même disparaître du théâtre parlementaire du bout du lac. Mais où était Céline?
La gauche de la gauche, à qui on promettait ce funeste destin, mais qui, elle, sait parfaitement survivre dans la rue et la manifestation, a bien résisté à ses propres dissidents qui ont disparu corps et bien. Malheureusement Vanek s'est fait réélire mais pas Batou.
Parmi les autres disparus qu'on ne regrettera pas, il y a le fort en gueule Eric qui a mis tous les moyens pour canarder ses premières amours et y a parfaitement réussi. Passer de 20 députés à 11, c'est une sacré dégelée que le mouvement Vigilance avait connue en son temps. Rien de nouveau donc à Piogre.
D'où la question: quelle danse va danser Poggia?
L'artiste a fréquenté les libéraux puis les démocrates-chrétiens avant de se faire élire sous les couleurs jaunes et rouge du MCG. A quel camp appartient le gaillard? S'est-il désolidarisé du projet du gouvernement de renflouer une bonne fois pour toute (?) la caisse de pension des fonctionnaires? Ses camarades de parti ont choisi de soutenir le contre-projet de la gauche qui ne coûtera pas moins cher aux contribuables (peut-être même plus) mais qui préservent quelques acquis aux agents, devenus au fil des ans de très fidèles électeurs d'une gauche qui a perdu son âme en les soutenant si généreusement. Un lobby trop puissant est un lobby à combattre.
Le report du débat sur la CPEG prévu le 26 avril, dernier acte de l’actuel parlement, sera symbolique.
Réponse ce midi.
Si Barthassat est sacrifié ou, ce qui vaudrait mieux dans ce cas, se sacrifie - il faut bien reconnaître que l'arithmétique politique ne peut guère accorder deux sièges au PDC (12 députés) et deux sièges au PLR (28 députés) - et si le MCG, réduit et libéré, veut survivre et manger tout cru l'UDC la prochaine fois, il peut y parvenir en participant à la création d'une grande Entente PLR-PDC-MCG.
A moins que le grand Pierre nous concocte une autre cuisine avec son copain Antonio.
MISE A JOUR à 12 h.
Mais voilà qu'on apprend sur le coup de midi le retrait d'Alexandre de Senarclens. Qualifié de passe lacet par les méchantes langues qui ne manquent pas à Piogre, le président du PLR et candidat chouchou de la rive gauche a en effet réalisé un piteux score, à plus de 4000 voix derrière Luc Barthassat. Luc peut respirer. Il sera sans doute réélu le 6 mai à moins que les électeurs PLR lui préfèrent Mauro.
PS: Qu'attend notre chancelière pour inscrire la politique genevoise au patrimoine mondial de l'Unesco. Sur un mouchoir de poche, Genève conserve fidèlement tous les courants politiques du continent. Manque peut-être le fascisme.