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L’Eglise catholique de Genève travaille-t-elle contre l’oecuménisme?

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Truong Desthieux Joye.JPGDans certain pays, on redécoupe les circonscriptions électorales pour conserver le pouvoir. Quel pouvoir l’Eglise catholique romaine de Genève veut-elle conserver en redécoupant ses unités pastorales? Le vicaire épiscopal Pascal Desthieux n'a pas vraiment répondu en ce vendredi de Carêmes. Il est vrai que le pouvoir de l'Eglise - et pas seulement du culte catholique - s'est réduit comme peau de chagrin dans la Rome protestante et presque partout en Europe. 

Il est loin le temps où manquer la messe du dimanche était un péché mortel. Et je ne vous parle pas des péchés de la chair dont il fallait se confesser régulièrement pour conserver une petite chance d'être sauver de l'enfer (à ce propos je ne peux que vous recommander l'émission de France Culture consacrée au quatrième tome de L'histoire de la sexualité).

Bref, revenons à l'ordinaire de cette matinée en l'église de Veyrier. Devant une petite cinquantaine d'adeptes, presque tous à la retraite, le peut-être futur évêque de Genève a donc ouvert un temps de consultation, dont l'issue, en septembre 2019, sera la fusion des paroisses de Veyrier, Troinex et Compesières avec celles de Carouge et des Acacias. Côté ville de Genève, sera créée l'unité pastorale de Plainpalais, qui réunira les paroisses de Saint François de sales, du Sacré Coeur et de Sainte-Clotilde

ça bougera aussi ailleurs, a dit Pascal Desthieux qui n'a distribué aucune carte ni aucun document à l'issue de sa présentation. Mais plusieurs paroissiens ont aussitôt constaté que la géographie catholique ne coïncidait toujours pas avec le découpage des régions protestantes et que le dialogue œcuménique ne s'en trouvera pas facilité. L'initiative est venu l'UP Cardinal Journet, a indiqué, le premier des curés genevois.

Le précédent découpage avait rattaché les deux paroisses urbaines de Sainte-Clotilde (Jonction) et du Sacré-Coeur (Place Neuve) à Carouge. Un coup de force, une erreur historique, tout comme le fut la décision malheureuse de rattacher Compesières à Troinex-Veyrier alors que, jusqu'en 1955, Compesières et Plan-les-Ouates ne formait qu'une paroisse depuis la nuit des temps.

La date de 2019 coïncide avec la quinzième année d'animation de l'abbé Robert Truong dans l'unité pastorale Salève. Il y est depuis 2004, l'année du lancement de Facebook... L'an prochain, il se verra confié d'autres tâches. Le futur curé de l'unité pastorale Carouge-Salève n'est pas encore connu, a assuré Pascal Desthieux. Le vicaire de l'évêque Charles Morerod s'est voulu rassurant. Il a garanti la conservation des anciennes paroisses et leur autonomie financière. Les conseils de paroisse peuvent donc dormir tranquille. Point de bourse commune dans le royaume genevois de Dieu. Hélas.

La plupart des fidèles ont accueilli la nouvelle avec respect et ce brin d'obéissance qui fait la force des catholiques. Point de démocratie dans la gouvernance catholique, même si chaque humain est également enfant de Dieu.

Quelques autres ont dit redouter qu'une trop grande unité pastorale ne dilue davantage encore les quelques chrétiens pratiquants dans un grand tout administratif. L'esprit de clocher n'est pas mort. 

J'ai, pour ma part, considéré que ces redécoupages étaient au fond sans grand intérêt, qu'ils répondent sans doute à la diminution constante du nombre des prêtres valides et qu'il serait bien plus important à mes yeux de travailler sur d'autres fronts.

Puisque les chrétiens sont devenus minoritaires et souvent perdus sous leurs clochers (devenus trop nombreux et trop coûteux à entretenir et à chauffer), il faut les connecter en permanence entre eux pour diffuser l'information, la Bonne Nouvelle, échanger des réflexions, prier, organiser des entraides, créer des occasions de rencontre et d'action impromptues...

Le catholique 2.0 doit apprendre à se débrouiller sans prêtre

Deux propositions à ce stade:

1) Ni les paroisses ni les UP n'ont la bonne dimension pour partager l'Evangile et recharger les batteries. Il faut encourager des regroupements de toute petite dimension, celle de l'immeuble, du pâté de maisons, du village, de la rue, du clos, et aussi celle des amitiés, des intérêts partagés, des actions communes par-delà les frontières paroissiales et administratives. Tout en organisant autant de fois dans l'année que possible de grands rassemblements, qui permettront de sentir la ferveur de la foule dans les plus grandes églises du canton (avec des covoiturages permettant à tous d'y participer)

2) Rares sont les catholiques à pratiquer à Genève. Leur absence, leur invisibilité ne signifie pas pourtant qu'ils sont indifférents ou désintéressés. Il faut donc les aider à être présents et actifs via les réseaux sociaux et leur apprendre à relayer eux-mêmes les informations, les activités, leur vécu, leurs questions, leurs coups de coeur à tout moment, en tout lieu. Leur apprendre à créer et à animer des groupes de diverses dimensions, qui peuvent être éphémères, le temps d'un projet, ou durables, en utilisant les courriels, WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, etc. L'avantage de ces outils tient au fait que chacun peut publier librement sur sa page, tandis qu'un site internet classique n'est alimenté que par quelques ayants-droit. Le catholique 2.0 doit apprendre à se débrouiller sans prêtre.

Je me réjouis de lire vos commentaires.

La première image ci-dessus (cliquer pour l'agrandir) montre le vicaire épiscopal Pascal Desthieux avec à sa droite le curé Robert Truong et à sa gauche l'abbé Joye. Les cartes ci-dessous que l'on peut aussi agrandir en un clic représente l'actuel découpage des unités pastorales catholiques et les régions de l'église protestante.

geographie catho protestant.jpg

Et pour ceux qui veulent écouter l'émission de France culture, c'est ici 

 

 

Commentaires

  • "Rares sont les catholiques à pratiquer à Genève."
    Certaines paroisses sont très actives. Je prends tous les WE des africains et des philippins dans mon taxi pour les emmener à la messe. Des femmes et des enfants surtout. Je ne sais pas où sont les mecs...

  • Votre titre un tantinet provocateur touche à un sujet fondamental : la distinction entre la vie spirituelle et la vie religieuse. La tendance des grandes religions est de se croire uniques : Pour l'Islam, les autres sont des mécréants; quant aux Juifs ils se considèrent comme le Peuple Elu et parmi les Chrétiens, l'Eglise catholique s'est toujours prise pour l'Unique Eglise Chrétienne d'où le fait, si mes infos sont à jour, qu'elle ne fait pas partie du Conseil Oecuménique des églises. A mentionner aussi que chacune a développé ses dogmes et ses rites.
    C'est une forme d'individualisme avant la période actuelle où l'individualité s'affirme fortement, surtout en Occident.
    Cela va de pair avec une vie spirituelle plus individuelle, quitte à ce que des aspirants à la relation transcendantale se rejoignent d'une façon plus informelle, même s'il y a des groupes communautaires qui valent bien les paroisses! Est-ce que ce renouveau spirituel arrivera à créer un oecuménisme spontané?

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