Je coûte 11'500 francs à ma caisse maladie par an. Je ne paie donc pas assez de primes maladie. Comment est-ce possible? Selon les statistique de la santé en Suisse, les assurés de plus de 60 paient moins que ce qu'ils touchent.
Pour que le système reste en équilibre, il faut donc que les moins de 60 ans paient plus que ce qu'ils touchent. Le tableau fourni par l'OFS est éloquent d'une situation qu'on tait dans le débat sur la santė. Les chiffres sont impressionnant et lourd de conséquences.
La statistique dit aussi que la dépense moyenne par habitant a passé de quelque 6000 francs par habitant en 2000 à 8500 francs par habitant en 2012: + 50% en 12 ans. Ça ne peut évidemment pas durer.
J'ai commencé à écrire ce billet en septembre 2015 et l'ai abandonné faute de temps. Sans doute que les derniers chiffres ont augmenté de plusieurs pour cent.
La vision du Temps Présent diffusé ce 21 septembre m'a décidé à reprendre ce sujet. Je ne peux que recommander la visualisation du reportage de Steven Artels et Isabelle Ducret *. De l'excellente télévision sur un sujet tabou: quel poids faut-il donner aux coûts dans les choix thérapeutiques et principalement durant la dernière année de vie, dont le coût est en moyenne supérieur aux coûts de toutes les années de vie antérieure?
Parler du coût de la santé paraît scandaleux, indigne même. La vie n'a pas de prix, n'est-ce pas. Ailleurs il en va tout autrement. La question fait débat depuis plus longtemps que chez nous. Même la riche Suisse ne peut échapper à ce questionnement. Quelle part du PIB voulons-nous, devons-nous consacrer aux traitements des maladies, des dégénérescences, des handicaps de la vie et de l'âge? Selon l'OCDE, la Suisse consacre 12,1% de son PIB à son système médical et infirmier (2015), nous sommes deuxième, loin il est vrai des Etats-Unis. (Le tableau qu'on peut agrandir en cliquant dessus montre quelques indicateurs de santé entre des pays européens et les coûts par habitants. Le système suisse n'est de loin pas le plus efficace)
Le débat resurgit à chaque annonce des primes maladie (en 2016 par exemple Felder dans la NZZ). Nous n’échapperons sans doute pas au rationnement des soins, ce qui touchera forcément plus les "morts moins un an" que les autres. Dans l'émission, l'encore ancien président de la commission de la Santé, Ignazio Cassis, tient des propos des plus éclairants à ce propos.
"Temps Présent" démontre clairement que la question hante le corps médical et les responsables du système de santé, avec les derniers traitements contre le cancer: plus de 120'000 francs pour vivre 15 mois de plus. Qui paie? Nous tous avec nos primes maladie et les impôts qui couvrent environ la moitié des budgets des hôpitaux (et la totalité de la formation des médecins et des personnels soignants). ça ne peut évidemment pas durer ainsi.
Le jeu de cartes du CHUV, au travers duquel les patients en fin de vie mais encore en pleine possession de leurs moyens disent ce qu'ils veulent ou ne veulent pas, offre une piste intéressante. Manifestement encore trop peu utilisée.
* il y a tant d'événements à Genève ces jours que j'ai même pas remarqué qu'un débat public avait lieu ce soir aux HUG.
Ci-dessous deux graphiques pour illustrer un aspect du système de santé et qui répond à la question qui paie (au final c'est toujours nous, via différents canaux et pondérations)?
Commentaires
Oui, un remarquable Temps Présent le vendredi 21 septembre 2017 sous le titre courageux : « Combien pour une année de vie en plus ? »
Ce reportage très documenté de Steven Artels et Isabelle Ducret sur RTS UN, s'il contribue à lever un tabou sur les coûts exorbitants de...la MEDECINE et de BIGPHARMA pour les vieux patients, notamment ceux en fin de vie, pèche pourtant pour deux raisons :
Le présentatateur, les reporters et la commentatrice persistent à adopter la novlangue fallacieuse, digne de Georges Orwell dans « 1984 » : l'un parle avec assurance du « coût de la santé », l'autre de « la facture de la santé », le troisième des « milliards investis dans la santé » ! Hi ! Hi !
Comment se fait-il que des spécialistes qui ont dù plancher durant des mois sur ce sujet, n'ont-ils pas repéré dans ces litotes grossièrement fallacieuses la présence d'un tel mensonge langagier, propagé avec succès depuis des lustres par ceux qui font métier et en bandes organisées ?
La SANTE ne coûte rien que l'on sache !
Si la médecine est à la fois un art et une science, elle n'en demeure pas moins aussi et surtout un juteux business qui fournit non seulement des emplois mais aussi des profits ! Nul ne saurait s'en plaindre mais il importait, à mon sens, que cela fût dit.
Le reportage, s'il a pleurniché sur le prix exorbitant de certains médicaments nouveaux, probablement non remboursé à l'avenir par la Lamal pour les seniors, il a opposé un silence assourdissant sur les profits immenses des sociétés pharmaceutiques ainsi que sur les honoraires astronomiques de nos médecins vedettes du moment. Pas un mot non plus sur les dividendes versés aux actionnaires par Roche, Novartis et les autres !
Comme notre éminent confrère, Jean-François MABUT, nous aurions souhaité aussi participer au débat organisé par les HUG sur ce documentaire, mais nous en avons été empêché : je suis devenu à septante-six ans, « nolens volens », un « proche aidant » au chevet de mon épouse. Une activité harassante à plein temps !
Frappé par un carcinome du pancréas il y a une année, elle a écouté en ma compagnie l'offre combien séduisante d'un super-chirurgien d'une clinique privée HIRSLANDEN lui « vendant » une opération probablement aussi salvatrice que celle alléguée d'une autre septuagénaire, nonobstant les risques opératoires et les aléas thérapeutiques...
L'entretien a duré une heure et quart sous forme de pédagogie anatomique et physiologique parfaite.
J'ai émis l'opinion que s'il s'agissait de ma personne, j'accepterais une telle intervention « puisque la société nous offre cette possibilité » après avoir été convaincu par cette blouse blanche aussi élégante que persuasive.
Ma femme, beaucoup plus réservée, a hésité. Au bout de deux semaines, je l'ai encouragée à prendre librement sa décision avant qu'il ne soit trop tard.
Elle a accepté !
Quelques jours après ladite opération, ma femme a été renvoyée à domicile, infectée à la clinique par le bacille « Clostridium difficile » , avec ce bon conseil en prime: « Mangez de tout et faites de l'exercice ! » (sic).
Le séjour en convalescence pour récupérer serait-il possible ?
« Non ! Les assurances n'acceptent plus cela en aucun cas ! »
Amaigrie, squelettique et souffrant le martyre, mon épouse à regretté sa décision à plusieurs reprises depuis lors.
Nourrie par perfusion durant des mois, elle a dû être ré-hospitalisée (aux HUG) pour parfaire l'opus opératoire commis chez HIRSLANDEN pour des cautérisations complémentaires... C'était donc l'équivalent d' une symphonie inachevée dans le registre d'une nouvelle spécialité : le chirurgie mutilatoire.
J'ai reçu reçu un torrent de factures d'honoraires, de soins complémentaires et de médicaments réglées rubis sur l'ongle .
Actuellement, son cas relève des soins palliatifs et nous ne nous faisons aucune illusion, elle et moi, sur la suite des événements.
Les vieux malades ? Une excellente affaire !
Hospitalisée à domicile, elle attend maintenant ses médicaments opiacés en gémissant dans la pièce voisine.
jaw
Jaw@ Merci pour ce témoignage et bon courage.
Vraiment désolée pour vous et votre femme JAW!
Incroyable qu'une chose pareille puisse arriver en Suisse!? Je suis consternée!
"Quelques jours après ladite opération, ma femme a été renvoyée à domicile, infectée à la clinique par le bacille « Clostridium difficile » , avec ce bon conseil en prime: « Mangez de tout et faites de l'exercice ! » (sic). "
Vous n'avez pas porté plainte!?
"« Non ! Les assurances n'acceptent plus cela en aucun cas ! »
Nous nous sommes fait avoir en acceptant la LAMAL! Merci Ruth Dreifuss!
Le même spectre MENSONGER de l'assurance vieillesse MENACEE qu'on nous ressert pour la votation du 24 septembre! TROIS FOIS NON!
En ce moment, je me plains surtout de l'inéluctable...
La majorité du peuple a voté non Pour la caisse unique
Cette majorité là s'est fais baisé par les caisses
Maladie.Alors cette majorité dois remercier
Les caisses